Affaires
Tourisme : Marrakech plie mais ne rompt pas
Selon les hôteliers et le CRT, il n’y a pas eu de départs précipités parmi les touristes. Pas d’annulations des vols et des groupes programmés le week-end après l’attentat. Un plan de communication de crise déjà prêt et sera lancé incessamment.
«On ne peut certes pas tuer Marrakech en tant que destination touristique, mais on peut lui faire mal comme ce fut le cas jeudi 28 avril 2011». C’est ainsi qu’un hôtelier de la cité ocre résume la situation avant d’ajouter que de toute façon «la ville se relèvera rapidement», au regard de la formidable réaction qui s’est manifestée dans les heures qui ont suivi l’attentat. D’abord au niveau local où les professionnels, marocains et étrangers, les autorités locales et la population ont, une fois le choc passé, réinvesti la place Jamaâ Elfna et les lieux publics en réservant aux touristes et aux journalistes étrangers un accueil de circonstance.
Ensuite au niveau de la tutelle, car dès la soirée du jeudi le ministre, Yassir Zenagui, qui était en voyage pour assister au Salon de Dubaï, a rebroussé chemin pour atterrir à Marrakech et tenir en compagnie du DG de l’Office du tourisme, Hamid Addou et de la secrétaire générale du ministère, Hind Chkili, tard dans la soirée, une réunion de crise avec les professionnels, les autorités locales et les élus pour former une cellule opérationnelle dès le lendemain matin (voir encadré). Car, à y voir de plus près, cet attentat froidement calculé et préparé qui a visé le Maroc, a pris comme cible la première destination touristique du pays, et pour qu’il n’y ait pas de confusion dans les esprits, on a frappé le cœur folklorique de cette destination, à l’intérieur du café Argana où tout touriste se pose au moins une fois durant son séjour.
De l’avis général, l’attentat, même avec un lourd bilan en vies humaines et en blessés, n’a pas atteint son objectif immédiat puisque de sources concordantes il n’y a pas eu de départs précipités des touristes, ou si peu, et les réservations ont été globalement honorées. Mieux : les envoyés spéciaux de la multitude de radios et de chaînes de télévision étrangères qui ont élu domicile à la place Jamaâ Elfna ont été reçus avec courtoisie et ont pu constater sur place que les touristes continuaient de fréquenter la place.
Stratégie : remplir le terrain et se rendre aux salons à l’étranger
Par ailleurs, il n’ y a pas eu d’annulations de vols sur Marrakech, et la couverture des chaînes étrangères, notamment françaises, a été, selon l’expression de Hamid Addou, le DG de l’ONMT, «très objective ». Et, on a pu le constater aussi sur les chaînes françaises, beaucoup de personnalités ont eu des réactions très mesurées face à cette tragédie. Et jusqu’au CETO (association des tours opérateurs français) dont le porte-parole a affirmé que tous les voyagistes français ont maintenu le voyage de leur clientèle au Maroc.
Maintenant, il ne faut pas non plus se leurrer, «les prochains mois seront difficiles et dans le meilleur des cas les arrivées de touristes resteront stables», déclare le DG de l’ONMT qui précise qu’«une campagne de promotion adaptée est prête et peut être déclenchée dans les 48 heures». Pour l’heure, précise M. Addou, les délégations de l’ONMT dans les marchés émetteurs «font du monotorig au quotidien» pour apprécier les tendances.
D’une manière générale, les professionnels du secteur du tourisme, tout en ne niant pas l’impact que va avoir cet attentat sur l’activité, restent très pudiques par rapport à leur business, estimant pour la plupart qu’il faut d’abord s’occuper des victimes et de leurs familles.
Mais l’on comprend bien que la stratégie à venir consistera à rassurer les partenaires étrangers car, comme le souligne Khalid Tijani du Conseil régional du tourisme de Marrakech, «ces TO sont aussi touchés que nous et ils font leur business avec notre pays».
D’autres proposent que les professionnels marocains soient présents plus en force dans toutes les manifestations qui auront lieu prochainement à l’étranger pour montrer que «nous sommes solidaires et que l’attentat qui a frappé Marrakech peut avoir lieu n’importe où et n’importe quand», commente l’un d’entre eux.
Il y a un signe qui incite néanmoins à l’optimisme et qui nous est révélé justement par le DG de FRAM Maroc, Jean Jacques Bouchet. «Nous avons reçu environ 1 500 personnes à Marrakech le week-end qui a suivi l’attentat et ces clients ne sont pas restés cantonnés dans leur hôtel comme on pouvait le craindre», tient-il à souligner. Seules 35 personnes ne se sont pas présentées à l’aéroport le jour du départ. Et ceux qui étaient à Marrakech seront les meilleurs ambassadeurs de la destination, puisqu’ils auront passé de bonnes vacances comme prévu.