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Tourisme : crise dans les pays émetteurs et Ramadan estival compromettent la haute saison

Les nationaux qui étaient censés limiter la casse sont pris en tenailles entre les contraintes du calendrier des vacances et leur budget. Les hôtels bien situés à  Marrakech et Agadir affichent des taux de remplissage corrects, mais tous les autres souffrent de la faiblesse de la demande.

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MRE transit Maroc 2012 07 12

Les hôteliers marocains qui ont souffert durant toute l’année d’une conjoncture difficile et qui espéraient une petite embellie durant les 3 premières semaines de ce mois de juillet sont toujours dans l’expectative. Malgré la grande braderie des prix à laquelle on assiste depuis plusieurs mois, leur situation ne s’est pas améliorée.

De plus, les signes qui arrivent des pays émetteurs ne sont pas pour rassurer : crises dans de nombreux pays, des TO en difficultés, une plus forte concurrence de pays touristiques émergents, notamment ceux de l’Est, et, surtout, une certaine retenue des touristes, comme en témoigne un récent sondage réalisé en France durant la deuxième quinzaine du mois de juin d’où il ressort que 56% des Français ne veulent pas aller à l’étranger. Les Marocains résidents à l’étranger arrivent aussi au compte-gouttes pour diverses raisons, dont la première est qu’ils sont les premiers à être touchés par la crise économique, et particulièrement ceux qui vivent en Espagne, mais également parce qu’ils attendent l’arrivée de Ramadan pour allier tourisme et visite familiale. Il reste les nationaux résidents qui, sans avoir la vocation de bien remplir les établissements d’hébergement classés, permettent généralement d’amortir les chocs, mais là encore, rien n’est moins sûr. Les Marocains sont pour ainsi dire coincés par l’échéance de Ramadan (20 juillet), et, au meilleur des cas, ils vont prendre une petite semaine avant le mois sacré qu’ils tiennent à passer chez eux. Ou alors, ils partiront après Ramadan si leur budget le permet, sachant qu’ils seront pris en tenailles entre l’Aïd et la rentrée scolaire.

Un tour d’horizon chez les hôteliers de différentes destinations permet de faire un peu l’état des lieux. A commencer par la première destination touristique nationale qu’est Marrakech. La ville ocre continue d’être un cas particulier dans le paysage touristique national. Certains hôtels du centre-ville arrivent à atteindre des taux d’occupation intéressants, mais ce sont toujours les mêmes, c’est-à-dire ceux qui sont adossés à de grands groupes avec une logistique commerciale agressive. Mais la majorité des hôteliers de Marrakech continue de souffrir d’une demande faible. Pourtant, les offres «all inclusive», dans les clubs et même dans les hôtels, sont de plus en plus nombreuses à des prix qu’on ne pouvait même pas imaginer il y a quelques années. Plusieurs hôtels dont des enseignes de renom n’ont pas hésité à baisser leurs prix et à les coupler avec des bons plans dont des gratuités pour les enfants et, phénomène nouveau, à placer leurs  annonces dans des sites web qui vendent tout et rien. Cela donne des nuits dans un trois étoiles à moins de 200 DH, dans un quatre étoiles autour de 300 DH et des séjours all inclusive à partir de 500 DH par personne avec le premier enfant gratuit.

Le passage des MRE par le port Tanger Med a réduit la demande sur Tanger

Agadir, la destination balnéaire par excellence, commercialise aussi ses séjours à des prix imbattables, et le «all inclusive», produit que les nationaux apprécient de plus en plus, y prend davantage de place. Mais dans la capitale du Souss, également, le schéma reste inchangé : les hôtels en front de mer et les clubs de vacances réalisent des taux d’occupation assez bons mais, pour le reste, la situation est qualifiée d’alarmante par certains hôteliers, sachant que beaucoup d’hôtels ont un besoin pressant d’être rénovés.

Même à Tanger qui avait réussi à redresser un peu la situation ces derniers mois, on sent une certaine nervosité chez les hôteliers qui, l’été arrivant, se rappellent des bons vieux jours où l’opération transit des MRE leur permettait de faire tourner la barque. Or, avec le passage obligé par le port Tanger Med des MRE et aussi des nationaux qui vont passer leurs vacances en Espagne, la ville du détroit ne capte plus autant les nuitées de passages, car les vacanciers n’ont pas envie de perdre une nuit à Tanger quand ils peuvent prendre directement l’autoroute de contournement de la ville dans un sens comme dans l’autre. Quant aux nationaux de l’intérieur du pays qui ont l’habitude de prendre leurs vacances dans le Nord, ils ne vont généralement pas dans les hôtels, fait remarquer Mustapha Boucetta, le président du CRT de la ville, mais dans des appartements comme c’est le cas d’ailleurs dans d’autres villes balnéaires. El Jadida et d’autres villes côtières prisées par les Marocains sont dans cette configuration dans la mesure où le choix de louer un appartement est devenu une tradition. Reste le cas de figure de Saïdia, car la station, saisonnière par excellence, ne peut pas se permettre de brader les prix pour rattraper un peu le manque à gagner, mais offre néanmoins des prix intéressants. Enfin, la station Mazagan, qui reste discrète sur son taux de remplissage, doit en principe tirer son épingle du jeu, car son gestionnaire investit directement dans la promotion dans les marchés émetteurs pour rentabiliser son investissement. Dans cette conjoncture, certains hôteliers se mettent déjà à rêver d’un sursaut au dernier trimestre pour sauver l’année.