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Thé et café : les prix au Maroc ont pris 30 à 40% en un an !
La hausse des prix du thé est totalement répercutée sur le consommateur. Les importateurs de café diffèrent le réajustement à l’après-Ramadan. Des droits de douane de 35% rendent la facture salée.

Le marché mondial du thé et du café est en ébullition. Depuis plusieurs mois, les cours de ces deux denrées ne cessent de monter, à l’instar de la quasi-totalité des denrées agricoles. Entre août 2010 et juin 2011, le prix du thé a augmenté de 30 à 40%, totalement répercuté par les importateurs de thé sur le prix de cession aux revendeurs. Les prix sont compris entre 20 DH le kilo (entrée de gamme) et 130 DH (haut de gamme issu de mélange de diverses variétés). Et la hausse est loin de s’arrêter, malgré une récolte exceptionnelle prévue en Chine, et ce, pour deux raisons, selon un important opérateur. Primo, la main-d’œuvre est devenue rare en Chine à cause d’un important exode rural des jeunes. Ce faisant, le salaire minimum a triplé depuis 2005 (600 à 2 000 yuans). Secundo, le marché domestique chinois, suite à une amélioration du pouvoir d’achat, est très demandeur et les pouvoirs publics dudit pays entendent assurer un approvisionnement régulier. Le Maroc importe 55 000 à 60 000 tonnes par an de l’Empire du milieu. Ce qui représente 99% des besoins du marché local qui compte environ 400 marques et une centaine d’importateurs.
Comme pour le thé, le cours mondial du café a subi, depuis octobre 2010, une appréciation de 30% pour se stabiliser actuellement à 2 420 dollars la tonne.
Aucune culture locale à protéger
Trois raisons majeures expliquent cette évolution. D’abord, le café est devenu une matière refuge et fait donc l’objet de fortes spéculations. Ensuite, les aléas climatiques, notamment le gel au Brésil qui produit le tiers de la production mondiale, ont entraîné la réduction de l’offre. Il y a enfin l’augmentation de la consommation asiatique.
Les importateurs de café n’ont pas immédiatement répercuté la hausse sur le consommateur. «Nous devrions revoir nos prix mais, en raison de la conjoncture, notamment Ramadan, nous allons reporter la hausse au mois de septembre prochain», confie un importateur. Aujourd’hui, le prix du produit frais utilisé dans les cafés varie de 60 à 120 DH le kilo, le torréfié est vendu entre 120 et 300 DH et le café à usage domestique entre 40 et 130 DH. Le marché est estimé à 25 000 tonnes, dont 50% sont commercialisés en vrac à un prix allant de 30 à 50 DH le kilo. La consommation moyenne nationale est de 800 g par habitant et par an. Les niveaux de prix appliqués, aussi bien du café que du thé, ne s’expliquent pas seulement par l’envolée des cours mondiaux. Les importations sont soumises à un taux de 35 % qui, aux yeux des professionnels, est injustifié puisqu’il n’y a pas de culture locale à protéger.
