Affaires
Textile : l’annulation des commandes d’été chiffonne les professionnels
• Les industriels n’ont plus aucune visibilité.
• L’aggravation de la situation sanitaire en Europe compromet toutes les prévisions d’exportation.
• Selon l’Association marocaine des industries textile et de l’habillement, le secteur pourrait compter de nombreuses fermetures.
• Les PME sont les plus menacées…

Si le secteur textile a, depuis mars 2020, fait preuve de résilience et s’est fortement mobilisé pour gérer la crise, le reconfinement décidé par plusieurs pays européens apporte le coup de grâce. «L’industrie textile connaît aujourd’hui la pire crise de son histoire. L’activité est en baisse et les opérateurs n’ont aucune visibilité sur les mois à venir», indique Fatima Zahra Alaoui, directeur général de l’Association marocaine des industries textile et de l’habillement (Amith). En effet, les récentes statistiques de l’Office des changes démontrent que la baisse enregistrée en janvier dernier s’est poursuivie en février. Se situant à 16,2% en janvier, le repli des exportations s’est aggravé, un mois plus tard, pour atteindre 17,5%. Cela s’explique essentiellement par la régression de 18% de la filière confection. Globalement, la baisse cumulée depuis novembre 2020 à février 2021 se situe entre 20 et 25%, selon l’Amith. On retiendra par ailleurs que la part du secteur dans les exportations globales a perdu 1,8 point par rapport à la même période de l’année dernière, passant ainsi de 12,1% à 10,3%.
Des chiffres qui inquiètent sérieusement les opérateurs qui «n’ont plus aucune visibilité après l’annulation des commandes d’été suite aux nouvelles mesures restrictives de protection contre la Covid-19 décidées récemment par plusieurs pays européens face à l’évolution de la situation pandémique», explique la DG de l’association. En effet, la fermeture des restaurants et des lieux de loisirs, ainsi que le télétravail décidés dans ces pays vont avoir un impact direct sur les ventes d’habillement. Ce qui explique l’annulation des commandes de la saison été 2021 par les donneurs d’ordre européens, notamment français et espagnols. Ces deux derniers marchés absorbent 65% des exportations marocaines de textile et d’habillement. Le marché espagnol arrive en tête avec 50 à 55% des exportations marocaines et la France en seconde position avec une part de 15%.
Des discussions sont en cours avec les pouvoirs publics pour des pistes de sortie de crise
La perturbation des réseaux de distribution dans ces deux marchés se traduira, dans les prochaines semaines, par un arrêt d’activité des usines de sous-traitance au Maroc. «Grâce à d’énormes efforts, les industriels ont, certes pu, au cours de l’année dernière, préserver les emplois et continuer à tourner à 50% de leur capacité de production, mais actuellement cela semble impossible. Le secteur connaîtra certainement des fermetures d’usines car il ne faut pas oublier que 60% des unités du secteur sont des petites et moyennes entreprises qui réalisent un chiffre d’affaires moyen, variant entre 20 et 30 millions de dirhams», souligne Mme. Alaoui.
Face à cette situation, qu’ils qualifient de catastrophique, les professionnels, gardant espoir, prospectent quand même de nouvelles opportunités commerciales sur d’autres marchés que ceux européens. Bien sûr, il ne s’agit pas là d’une entreprise aisée, étant donné qu’il faut du temps pour se positionner sur de nouveaux débouchés comme par exemple les USA où les procédures de référencement et de certification nécessitent beaucoup de temps. Les industriels ciblent ainsi des marchés européens hors ceux traditionnels et l’Afrique. Par ailleurs, l’association discute, actuellement, avec les pouvoirs publics des pistes devant aider à surmonter la grave crise qui a sérieusement impacté le textile et l’habillement.
