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Affaires

Tamesna, ville fantôme ? Les chiffres et la réalité constatée de visu

Les premiers habitants vivent dans les 2 492 logements déjà  livrés, 16 865 autres sont en cours de construction.
Eclairage public, sécurité, ramassage des ordures…, les services publics se mettent en place.
Un projet pilote de tri sélectif des déchets ménagers est en cours de réalisation.

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Depuis le lancement des travaux en 2005, Tamesna attise aussi bien les convoitises que les interrogations. Où en est cette ville ? Est-elle habitée ? Ces derniers temps, des articles parus dans la presse ont carrément parlé d’une «ville fantôme» en raison de son éloignement. Qu’en est-il réellement ? Visite sur place.
Lundi 12 avril. Sur la route qui mène à cette ville nouvelle en cours d’édification dans les environs de Rabat (8 km à l’est de Témara), ce sont d’abord les bruits des engins de BTP que le visiteur entend avant de voir un gigantesque chantier au beau milieu de la campagne. Oui, Tamesna est bien une ville en pleine campagne puisque les quartiers excentrés de la ville ressemblent beaucoup plus à des pâturages. Mais les troupeaux de moutons sont de plus en plus repoussés par les immeubles qui émergent à grande vitesse. «Nous les repoussons chaque jour un peu plus vers la campagne. Nous ne voulons pas aller à la confrontation avec les bergers puisque l’urbanisation les oblige à quitter le périmètre urbain chaque jour un peu plus», explique le chef d’un des nombreux chantiers ouverts. Une fois à l’intérieur de la ville dont le premier noyau s’étalera sur 860 ha (sur un total de 4 000 ha), les premières impressions se dissipent pour laisser la place à la réalité : la vie de tous les jours existe bel et bien sur place. En témoigne, si besoin est, les habitants qui attendent tôt le matin, pour se rendre à leur travail, le bus qui la relie aux autres centres urbains qui l’entourent (Rabat, Temara ou Skhirat). En effet, depuis le 24 novembre 2009, la ville est desservie en bus par le nouveau délégataire Veolia avec 5 navettes quotidiennes et 43 passages entre 7 heures et 20 heures.

Agences bancaires, pharmacie, écoles et «mahlaba» déjà ouverts

Hormis les stations de bus (une dizaine pour l’instant), c’est au sein de la bâtisse qui abrite déjà 4 agences bancaires que l’on voit plusieurs personnes en files devant les bureaux d’Al Omrane Tamesna, société qui gère le projet, soit de futurs acquéreurs venus s’inscrire sur les listes d’attente pour les logements, soit encore des habitants venus  pour régler des problèmes relatifs à leur logement. «Les banques font partie des premiers occupants puisqu’elles étaient sollicitées pour monter des dossiers de crédits garantis par le Fogarim ou Damane Essakane», explique un banquier sur place.
Lamiaa Kadiri, DG d’Al Omrane Tamesna, explique que le nombre de logements en cours de construction dépasse de loin celui des logements déjà terminés et habités. «Au 1er avril, nous avons recensé 2 492 logements habités, dont 274 unités à faible valeur immobilière totale (NDLR, logements à 140 000 DH) et 5 102 unités achevées mais non encore habitées, dont 354 à faible VIT. Mieux, la ville compte actuellement 16 865 logements en cours de construction, dont 3 289 à faible VIT », tient à préciser Mme Kadiri. Selon elle, les 2 492 appartements sont occupés par 12 460 habitants, soit moins de 5% des 250 000 habitants attendus à Tamesna à la fin des constructions en 2020.
En attendant, les habitants de la ville disposent tous, contrairement à ce qui s’est dit çà et là, d’un abonnement d’eau et d’électricité et ont accès aux services urbains de première nécessité comme la sécurité (tournée de gendarmes, et gardiennage par une société privée), le ramassage quotidien des ordures ménagères et l’éclairage public et même des espaces verts. Ces services sont le fruit d’une convention de gestion partagée d’une durée de 5 ans qui lie la société Al Omrane Tamesna à la commune de Sidi Yahia de Zaër. «Cette commune qui est très pauvre ne pouvait pas assurer, à elle seule, la gestion des déchets ménagers, l’éclairage et les espaces verts. Actuellement, c’est Al Omrane Tamesna qui assure l’éclairage public et les espaces verts. Nous avons également financé l’achat des bennes à ordures pour que les agents communaux puissent collecter les déchets ménagers», souligne Mme Kadiri. Outre les banques, les premiers commerces ont récemment ouvert. «Il s’agit d’une pharmacie et d’une laiterie (mahlaba)», précise-t-elle. En fait, les chefs de famille devant se rendre à leur travail, situé en dehors de la ville, et les enfants étant à l’école, c’est ce qui donne l’impression de vide que l’on peut constater en visitant Tamesna le matin, à 10 h30. C’est la création de l’activité économique qui donnera vie à la ville. Dans la première phase du projet il est d’ailleurs prévu 30 ha dédiés aux activités économiques,  
Pour donner un aspect convivial à la nouvelle ville, Al Omrane Tamesna s’est engagé sur des projets sociaux tels que le «J d’Art» (littéralement «mur en arabe»), qui vise à associer les enfants de la ville à la mise en valeur de leur espace de vie notamment en réalisant des fresques sur les murs de leur quartier. «Pour cette activité, nous avons sollicité la collaboration de quelques artistes peintres marocains qui ont répondu présent. Les murs ont donc été préparés et le premier J d’Art est prévu dans les jours qui viennent», explique Mme Kadiri.
En collaboration avec la société Ecoval, Al Omrane a également lancé un projet pilote de tri sélectif des déchets. Ce projet consiste en la mise en place de poubelles spécifiques au niveau d’un quartier pilote. Une journée de ramassage des sacs en plastique au niveau de toute la ville nouvelle de Tamesna et du centre de Sidi Yahya de Zaër est prévue le 17 avril.