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Affaires

Tabac : les ventes en progression de 4,5% sur une année, en dépit d’un contexte difficile

• Cette hausse cache une réalité : c’est la baisse de la part de l’informel qui a été répercutée sur le volume global légal.
• La contrebande est passée de près de 6% en 2019 à 1,37%, l’année suivante.

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Ce sont 759 millions de paquets de cigarettes qui ont été vendus légalement au Maroc, en 2020. Il s’agit d’une hausse de 4,5% par rapport à 2019. «Il n’y a pas de quoi se réjouir en fait. Le marché est tendanciellement baissier ces 10 dernières années. Il ne s’agit donc pas forcément d’une hausse des ventes en 2020, mais plutôt d’une récupération du manque à gagner, qui était accaparé par le secteur informel», explique une source autorisée. En effet, avec la fermeture des frontières terrestres et maritimes, la contrebande a nettement fléchi, puisque ceux qui la pratiquent ne trouvent plus de moyen pour s’approvisionner. «Alors qu’elle représentait près de 6% du total des ventes en 2019, elle s’est réduite comme peau de chagrin l’année suivante pour n’accaparer que 1,37%», ajoute notre source. Notons qu’en 2012 le taux de pénétration du secteur informel avait atteint 20%. S’il y a une conclusion à tirer, c’est que, hormis cet élément qui reste favorable, l’année aurait été baissière pour le secteur. Plusieurs raisons auraient expliqué cette baisse dont les différentes restrictions de déplacement entre villes, la fermeture des frontières entre pays qui ont empêché l’entrée des touristes, l’obligation d’arrêter l’activité des hôtels, restaurants, bars et cafés… Ce qui aurait eu pour effet de réduire la consommation des cigarettes. L’on peut dire alors que le tabac reste un secteur résilient aux chocs conjoncturels. En nombre de cigarettes, les ventes ont été d’environ 15,2 milliards de tiges. Sans conteste, les trois marques qui drainent le gros des écoulements restent Marlboro, Marquise et Winston des trois opérateurs : la SMT (Société marocaine du tabac), Philip Morris International et Japanese Tobacco International (JTI).
Si le volume des ventes a augmenté, il en est autrement pour la taxe intérieure de la consommation (TIC) liée au tabac. Elle ressort en effet en baisse de 2,7% à 11 milliards de DH. De même, la valeur ajoutée du secteur, combinée à celle du secteur alimentaire, est en baisse de 2,4% au 3e trimestre, après une baisse de 1,5% au 2e trimestre et une hausse de 6,1% sur les trois premiers mois de l’année dernière. Malgré ce léger recul, la TIC continue de représenter une part prépondérante dans les recettes douanières, estimées à 10,8%. Dans les recettes ordinaires, elle a un poids de 4,8% après 4,4%. Des augmentations continues, et presque chaque année, ont touché le secteur du tabac au Maroc ; la dernière en date est celle appliquée à partir de janvier. L’objectif premier de l’Etat étant de réduire la consommation, à travers le renchérissement des taxes/droits d’importation, mais aussi d’assurer des rentrées fiscales. En vrai, «l’Etat ne fait que cadrer la demande, puisque la consommation reste la même, explique cet expert du secteur. Les fumeurs, soit ils supportent le prix final qui subit la répercussion de la taxe, soit ils se dirigent vers une marque inférieure, à prix moins élevé», dit-il. Il faut ajouter à cela que la cigarette électronique compte plusieurs reconvertis qui ont délaissé la cigarette ordinaire. L’orientation vers ce produit alternatif devra s’accélérer les prochaines années et devra donc constituer une manne non négligeable à l’Etat, en matière de rentrées fiscales.