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Suez Environnement expose son savoir-faire à Bordeaux
Très présent à Bordeaux, Suez Environnement y a développé des équipements adaptés aux contraintes de la Communauté urbaine. Bassins de stockage des eaux de pluie, dépollution, valorisation énergétique…, la ville est un exemple pour beaucoup de collectivités locales, en France comme ailleurs.
Au Maroc, le français Suez Environnement est comme un poisson dans l’eau. Entre déchets ménagers ou industriels, électricité, eau potable et assainissement liquide, la quasi-totalité des métiers du groupe est en effet représentée dans le Royaume. A Casablanca, Sita Blanca, anciennement dénommée Sita El Beida, et Lydec s’activent respectivement dans la gestion de la collecte des déchets ménagers et la distribution d’eau et d’électricité et l’assainissement liquide. Le groupe français est également chargé de la gestion des déchets à Safi, Tanger ou encore El Jadida. Depuis plusieurs décennies, il s’efforce de mettre tout son savoir-faire à la disposition des collectivités locales marocaines. En 2013, le groupe a généré 4% de son chiffre d’affaires global (15,1 milliards d’euros) au Maroc. Mais c’est bien sûr en France que Suez Environnement assure le plus gros de son activité (36% du CA), tout juste devant le reste de l’Europe (35%). Une grande partie de ce savoir-faire est mise en œuvre à Bordeaux, une ville où le groupe est bien implanté.
60 bassins de stockage limitent les dégâts en cas d’inondation
Dans le domaine de l’eau, plusieurs équipements font de la capitale de l’Aquitaine un cas d’école. L’entreprise y compte -incluant la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB) qui regroupe plus de 700 000 habitants- 150 contrats de gestion déléguée pour la gestion de l’eau. Soumise à un climat océanique avec des précipitations fréquentes tout au long de l’année, la ville a été plusieurs fois confrontée à d’importantes inondations, notamment en raison des orages d’été. C’est pour y remédier que les autorités locales ont lancé, dès 1982, un vaste programme baptisé Ramses (Régulation de l’assainissement par mesures et supervision des équipements et stations) comprenant bassins de stockage, dépollution par décantation et service de télécontrôle en continu. La phase II de ce programme court jusqu’en 2018.
Avec ses 60 bassins, Bordeaux dispose d’une capacité de stockage totale de 2 millions de m3. Le bassin de stockage et de dépollution des eaux pluviales «La Grenouillère», d’une capacité de 65 000 m3, est l’un des plus importants. Mis en service en 2002 avec un investissement de 11,7 millions d’euros, ce bassin permet de récupérer les eaux de pluie sur un périmètre de 170 ha. Une fois collectées, ces eaux sont ensuite dirigées vers la station d’épuration «Louis Fargue» opérationnelle depuis 1973. «On sature les stations d’épuration et ce qui reste est rejeté en milieu naturel», explique Michel Labordère, chef de groupe traitement de La Grenouillère. A plusieurs reprises, ce système de bassins de stockage a montré son efficacité. Aujourd’hui, de nouveaux bassins sont en cours d’étude.
A Louis Fargue, station réhabilitée entre 2001 et 2014, rien ne se perd ; tout se transforme, ou presque. Le sable issu du dessablage de l’eau est ainsi réutilisé comme remblais dans le BTP. Les boues permettent la production de biogaz, totalement réutilisé par cogénération et injecté sur le réseau électrique. La décantation provoque de la chaleur, elle-même récupérée pour chauffer les bâtiments et les boues déshydratées (environ 75 tonnes par semaine) sont acheminées vers une plateforme de récupération pour compostage. Grâce à cette valorisation énergétique, cette station devrait prochainement être certifiée ISO 50001.
Le site de Louis Fargue abrite également le cerveau du système Ramses. Développé quasiment en totalité par la filiale Ondeo Systems en 2002, pour 2 millions d’euros, ce système permet de surveiller 150 stations de pompage, 60 bassins de retenue et quelque 4 000 km de réseau. En 2013, deux systèmes de mesure et d’alerte ont été installés en milieu naturel. En 2015, Bordeaux-Guyenne lyonnaise des eaux espère en installer une dizaine d’autres. Ce système de télécontrôle est aussi développé à Marseille et Biarritz.
Lydec discute avec le centre de recherche Lyre pour la gestion des inondations
A propos des déchets, Sita, à travers sa filiale locale Astria, traite et valorise 300 000 tonnes produits chaque jour par la CUB et les entreprises environnantes. Depuis 1998, la CUB dispose même d’un centre de tri et d’une unité de valorisation énergétique. 98% de la population bordelaise étant équipés d’une poubelle dédiée au tri et d’une autre pour les déchets non valorisables. Tous les déchets sont acheminés sur le site de Bègles. Sur place, 60 employés du centre de tri sélectionnent les matières (plastique, verre, aluminium, etc.) et les mettent en balles qui seront revendues par SITA Trading, en France et en Espagne. L’unité de valorisation énergétique s’occupe quant à elle d’incinérer les autres déchets et les valorise en électricité. 90% de cette électricité, soit l’équivalent de la consommation de 70 000 habitants, sont reversés sur le réseau. Le reste est utilisé pour les besoins du complexe Astria. Bientôt un système permettra de récupérer les métaux précieux.
Tout ce travail s’appuie sur un système de R&D structuré. Depuis trois ans, Lyonnaise des Eaux a ouvert le centre de recherche Lyre sur le campus de Bordeaux I. Cette structure se concentre sur 3 axes : grands systèmes eau et assainissement ; acteurs et usagers de l’eau ; et grand cycle de l’eau. En partenariat avec d’autres structures, nationales comme internationales, Lyre s’est notamment penché sur la gestion durable des consommations d’eau dans l’habitat collectif ou sur la modélisation du vieillissement du patrimoine enterré. La Lydec de Casablanca est d’ailleurs en discussion pour collaborer avec Lyre sur la problématique de la gestion des eaux pluviales.
Enfin, Suez Environnement a également choisi la CUB pour y installer la première Maison pour rebondir en 2009. Issue du Fonds Suez Environnement Initiatives, cet organisme s’active sur l’insertion des personnes défavorisées. Depuis son démarrage, 65 embauchées par Suez Environnement, dont 35 en CDI. En 2013, 30 personnes ont également été accompagnées pour créer leur propre entreprise.