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Souveraineté alimentaire et sanitaire : Le Maroc assure

Plusieurs unités de production seront lancées dans le secteur de l’agroalimentaire et de l’industrie pharmaceutique. C’est un investissement de près de 1,7 milliard de DH qui pourrait générer un chiffre d’affaires de 2,9 MMDH.

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Le gouvernement, à travers le ministère de l’industrie et du commerce, fait d’une pierre deux coups. En signant une douzaine de conventions avec des opérateurs économiques de taille, il vise à la fois la constitution du stock stratégique dans plusieurs produits sensibles et le déploiement de son programme de substitution aux importations. La souveraineté alimentaire est érigée comme la priorité du gouvernement. Il n’y a aucun doute là-dessus. La nécessité de cette souveraineté et de la disposition de stock stratégique de matières de base est d’autant plus importante lors de périodes de turbulences de quelque nature que ce soit. D’ailleurs, la pandémie a démontré l’importance de cette indépendance vis-à-vis de l’étranger, l’impératif de se tourner vers les produits locaux et le devoir d’encourager les industriels marocains, mais aussi les consommateurs marocains à s’orienter vers les produits nationaux. Le Nouveau modèle de développement a également mis l’accent sur cette souveraineté et sur l’intérêt de l’assurer à travers l’agriculture et l’industrie agroalimentaire. Le développement de cette dernière repose sur le renforcement de sa compétitivité et de son positionnement aussi bien sur le marché local qu’à l’export. Il va sans dire également qu’en lançant, en novembre 2020, le programme de substitution aux importations, le Maroc ne comptait pas faire dans la demi-mesure. Il visait gros. L’objectif était, en effet, de développer une industrie marocaine dans des secteurs-clés. Un secteur secondaire capable de produire en valeur 34 MMDH en substitution aux importations, mais aussi de créer entre
50 000 à 100 000 emplois. Et tout en y étant, le Royaume pourra également réaliser 17 MMDH sur les marchés export. Ce qui revient à souligner que, d’un côté comme de l’autre, cette dynamique devra être soutenue à travers le renforcement de l’intégration des chaînes de valeur pour une meilleure valorisation et transformation des ressources locales. Rappelons que la CGEM révèle, dans son livre blanc, que l’agro-industrie représente 5% du PIB marocain, 25% du PIB industriel et 19% des emplois industriels du pays, soit l’équivalent de
162 000 emplois. L’industrie de transformation alimentaire, elle, génère un chiffre d’affaires annuel de plus de 160 milliards de DH.

Ainsi, visant l’un de ces objectifs ou les deux en même temps, 10 conventions d’investissements ont été signées, mercredi à Rabat, entre le ministère de l’industrie et différents opérateurs industriels. On reconnaîtra parmi les signataires au moins deux opérateurs économiques de taille. Le Groupe Cap Holding de la famille Alj, dont l’un des membres, Chakib, préside la CGEM, compte aujourd’hui 4 pôles et une vingtaine de filiales opérant dans différents secteurs, notamment le négoce de céréales, la minoterie industrielle, l’industrie de l’alimentation animale, l’industrie des sacs en polypropylène et polyéthylène, le stockage et la logistique. Le groupe compte mettre en place une unité industrielle de production de pâtes alimentaires et couscous et une autre de biscuiterie, boulangerie et pâtisserie industrielles. En se lançant dans ce dernier domaine il compte rejoindre des leaders nationaux comme le Groupe Zine et Anwar Invest. Ce dernier est d’ailleurs l’un des signataires de ces conventions avec le ministère. Mais cette fois, c’est un autre domaine qu’il vise, celui de la production du fromage fondu, entre autres produits laitiers. Il vient emboîter le pas à Copag qui vient tout juste d’inaugurer sa nouvelle unité de production de fromage, un secteur dominé jusqu’à il y a quelques années par les importations, ainsi que par des opérateurs étrangers. Deux aures projets seront lancés dans le secteur laitier portés par deux coopératives laitières, Colainord à Tétouan et Extralait à Kénitra. En gros, les conventions relatives au secteur agro-industriel portent sur la réalisation de 10 projets dans le secteur agroalimentaire. Ces derniers totalisent un montant de 1,2 milliard de DH et devraient générer plus de
1 500 emplois directs et 2 400 indirects. Ils sont répartis sur 5 régions, à savoir Casablanca-Settat, Rabat-Salé-Kénitra, l’Oriental, Fès-Meknès et Tanger-Tétouan-El Hoceima et rentrent dans le cadre du contrat-programme pour le développement des industries agroalimentaires. Plusieurs filières sont concernées, dont l’écrasement d’agrumes et production de jus ; la biscuiterie, chocolaterie et confiserie, les pâtes alimentaires et couscous, la transformation des fruits et légumes (concentré de tomates et confitures), ou encore l’industrie laitière (production de lait, de yaourts et de fromages fondus et frais).

A côté du volet alimentaire, le Maroc fait également de la souveraineté sanitaire un objectif national. Et c’est justement la pandémie et les pénuries en médicaments engendrées, pendant quelques temps, qui a permis au pays de prendre conscience de l’importance de continuer à développer l’industrie pharmaceutique locale dont la contribution au PIB reste encore assez timide avec 1,5% seulement. Du côté du PIB industriel, le secteur représente 5%, génère un chiffre d’affaires annuel de 16 milliards de DH et emploie 50 000 personnes. La Fédération marocaine de l’industrie et de l’innovation pharmaceutique (FMIIP) a pour objectif de doubler le chiffre d’affaires réalisé à l’horizon 2026, surtout que 50% des capacités de production restent encore inexploitées. A côté, l’association estime qu’en matière de substitution aux importations, le Maroc dispose d’un potentiel de 3 milliards de DH. Ainsi, dans le même contexte et toujours avec le ministère de l’industrie, 3 conventions d’investissements portant sur la mise en place de 3 projets ont été conclues, pour une enveloppe budgétaire de 531,4 MDH. Ce qui devra permettre la création de 580 emplois dont 280 directs. Là encore, un des opérateurs signataires des conventions se démarque.

Il s’agit de AMANYS PHARMA, anciennement Saham Pharma qui est l’un des principaux fournisseurs d’antibiotiques et de médicaments de spécialité au Maroc. Il compte lancer une unité pharmaceutique qui sera dédiée à la fabrication et le conditionnement exclusifs des médicaments génériques hospitaliers injectables. On retiendra également la présence d’un acteur historique du domaine, les Laboratoires Bottu, créé en 1953, aujourd’hui leader sur le marché de l’antalgie. Il projette des capacités de production des médicaments de premiers génériques destinés aux marchés local et export pour les classes thérapeutiques : cardiologie, endocrinologie, rhumatologie, gastro-entérologie et métabolisme. Situés principalement dans la région de Casablanca-Settat, ces projets portent sur la fabrication et le conditionnement exclusifs des médicaments injectables stériles en poches, la production des médicaments de premiers génériques destinés au marché local et à l’export et sur la fabrication des concentrés pour hémodialyse et la commercialisation des produits pharmaceutiques. Il est à noter que ces projets rentrent dans le cadre du contrat de performance de l’écosystème médicaments. L’objectif est, certes, de répondre à la demande croissante du marché national en médicaments, mais aussi d’augmenter la capacité nationale de fabrication de génériques à forte valeur ajoutée et de développer certaines formes galéniques telles que les injectables.