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Affaires

Signe de difficultés pour les entreprises, les crédits de trésorerie ont crû de 20% en 2011

Les opérateurs économiques ont différé leurs investissements dans un contexte
de dégradation de leur situation de trésorerie. Pour les particuliers, les prêts
au logement et à  la consommation ont évolué de 10%. Les dépôts à  vue et les comptes sur carnet ont bien progressé, les DAT ont fait du surplace.

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Flouss Argent Banques 2012 02 07

L’activité du secteur bancaire s’est bien portée en 2011 malgré un contexte relativement difficile, marqué par l’aggravation du déficit de liquidité des banques, l’allongement des délais de paiement, la montée des risques d’impayés et un tassement dans la croissance des investissements. Elle a même progressé plus rapidement qu’en 2010, année au cours de laquelle la conjoncture économique était meilleure. A fin décembre, les chiffres de Bank Al-Maghrib montrent, en effet, que les crédits bancaires ont totalisé un encours de 686,4 milliards de DH, en hausse de 10,5% par rapport à fin 2010. Pendant cette année-là, l’encours n’avait crû que de 7,6%. Les dépôts bancaires ont, eux, totalisé 670 milliards de DH en 2011, en hausse de 6,1% en un an, sachant qu’en 2010 ils n’avaient augmenté que de près de 5%.
Plusieurs facteurs expliquent cette accélération. Au niveau du crédit, d’abord, la dégradation de la situation de trésorerie des entreprises en 2011 suite, entre autres, à l’allongement des délais de paiement a fait que l’encours des comptes débiteurs et crédits de trésorerie explose, marquant une progression de 20% contre 6% en 2010, pour un total de 171,4 milliards de DH. Les crédits immobiliers se sont également mieux comportés, avec une hausse de 10,1% (contre 8,7% en 2010) qui a porté l’encours à 207 milliards de DH. Cette performance résulte essentiellement de la bonne tenue des prêts à l’acquisition qui ont progressé de 10,7% (137 milliards de DH), quoique plusieurs banquiers attribuent cette hausse à l’augmentation de l’encours moyen par dossier et non pas à un nombre plus important de demandeurs de prêts. Les crédits aux promoteurs ont marqué, eux, une hausse moins importante (+6,7%, à 68,2 milliards de DH). Il s’agit malgré tout d’une nette amélioration par rapport à 2010, année pendant laquelle l’encours de ces crédits n’avait gagné qu’un léger 1%.

Le relèvement du plafond à 400 000 DH a dopé les comptes sur carnet

Les prêts à la consommation ont aussi évolué plus rapidement, avec 10,5% de croissance contre 8,1% en 2010, pour un encours qui totalise 35,8 milliards de DH. Les banques bénéficient de fait de meilleures conditions de refinancement qui leur permettent d’être plus compétitives face aux sociétés de crédit à la consommation.
Seuls les crédits à l’équipement ont décéléré par rapport à 2010, année au cours de laquelle ils avaient marqué une progression de 17%. A 142,2 milliards de DH à fin 2011, leur encours n’a évolué que de 5,1%, compte tenu d’une conjoncture économique et politique qui a poussé plusieurs opérateurs à différer leurs investissements.
Côté ressources, la stratégie des grandes banques de la place consistant à ouvrir massivement de nouvelles agences a fini par être payante (jusqu’à 100 nouvelles agences par an pour Attijariwafa bank et la Banque Populaire). Les dépôts à vue ont progressé de 8,5%, à 390,2 milliards de DH, contre 5% en 2010. A l’inverse, les dépôts à terme ont fait du surplace en 2011, à 150,6 milliards de DH, alors qu’ils avaient progressé de 3,7% une année plus tôt. Cette situation s’explique par le recul des DAT des sociétés financières (compagnies d’assurances et caisses de retraite notamment) et ceux des établissements publics. Par ailleurs, les comptes sur carnet, qui incluent depuis la création d’Al Barid Bank les livrets d’épargne nationale, ont augmenté de 9,4% sur une base comparable, à 102,8 milliards de DH, contre 7,3% en 2010. Cette situation s’explique, entre autres, par le relèvement du plafond des comptes sur carnet de 300 000 à 400 000 DH durant le troisième trimestre 2011.