Affaires
Signature imminente d’un contrat-programme autoroutier
Le montant des investissements prévus sur la période 2004-2008 est
de 11 milliards de DH.
L’Etat s’est engagé à apporter 1,6 milliard de DH en
quatre tranches.
Autoroutes du Maroc (ADM) va très certainement accélérer ses réalisations. L’Etat, principal actionnaire, qui détient 80 % du capital, est décidé à doter la société des moyens nécessaires. Un contrat-programme étalé sur la période 2004-2008 sera signé entre les deux parties dans les prochains jours. La contribution financière de l’Etat se fera sous la forme d’une augmentation de capital. A Rabat, il est indiqué que ADM recevra, en quatre tranches, un montant global de 1,6 milliard de DH. Déjà, une enveloppe de 320 MDH a été budgétisée au titre de la Loi de finances 2004. Il semble que les autres actionnaires, dont des offices publics comme l’Office national de l’eau potable (ONEP) et la Caisse de dépôt et de gestion (CDG), ne soient pas disposés à participer à la recapitalisation. Toutefois, on indique au ministère de l’Equipement que le contrat-programme permettra d’améliorer la structure financière toujours bancale de la société et de lui donner la possibilité de financer partiellement en fonds propres les chantiers de construction en cours. Autre argument à la base du contrat-programme : la contribution du budget de l’Etat est nécessaire pour encourager les sources de financement traditionnelles, comme le Fonds arabe de développement économique et social (Fades) ou le Fonds koweïtien, à renouveler leur confiance dans la société.
ADM devra construire 100 km par an.
En effet, au vu des besoins conséquents de financement, le recours à l’endettement s’avère inévitable. D’ailleurs, en plus du renouvellement des dettes bancaires locales et internationales, il est prévu de lever un montant de 2 milliards de dirhams sur le marché obligataire au cours de la période du contrat-programme.
Bref, ces apports internes ou externes sont les bienvenus parce que ADM a, en effet, bien du mal à tenir le coup. Les premiers bénéfices de son histoire (179 MDH), réalisés en 2002, ne peuvent en aucune manière cacher sa fragilité. D’ailleurs, ils n’ont été rendus possibles que par le jeu comptable d’une reprise financière de 500 MDH. Plombés par le cumul des déficits antérieurs (près de 1 milliard de DH), les capitaux propres restaient toujours, avec 1,4 milliard de DH, inférieurs aux trois quarts du capital initial porté lors de la dernière recapitalisation opérée en 2002, à 2,22 milliards de DH.
Désormais, ADM aura les moyens d’accélérer la cadence. En fait, elle est tenue par le contrat-programme, qui prévoit un investissement de 11 milliards de DH sur la période indiquée, de réaliser 100 km par an au lieu de 30 ou 40 jusqu’alors. C’est ainsi qu’aux chantiers déjà lancés l’année dernière, notamment les trois tronçons (en simultané) de la voie Settat-Marrakech pour près de 3 milliards de DH, Tétouan-Fnideq et Tnine Chtouka-El Jadida, s’en ajouteront d’autres durant l’année en cours. C’est le cas de la desserte du port Tanger-Med (62 km), revêtant un intérêt stratégique pour les pouvoirs publics qui ont exigé que ce tronçon soit achevé avant l’inauguration dudit port.
Pour autant, il ne suffit pas de construire. L’enjeu majeur pour ADM est d’arriver à augmenter le taux de fréquentation de ses chaussées avec, à la clé, une forte progression de son chiffre d’affaires. Et ce ne sont pas les 23% de croissance brute affichée en 2003 qui permettront un retour rapide à l’équilibre car, vu l’ouverture régulière de nouveaux tronçons, c’est la croissance dite organique, c’est-à-dire hors changement de périmètre (hors réalisations en cours d’exercice), qui rend le mieux compte de l’évolution de l’activité.
Cette dernière est d’ailleurs aujourd’hui malmenée sur certains axes comme Casablanca-Rabat, qui en représente plus du tiers et qui, pour la première fois, a réalisé un recul du trafic moyen journalier en avril et mai 2003 (-2,5 %) par rapport à la même période de l’année précédente.
La concurrence de l’ONCF, qui opère une mue louable, n’est manifestement pas étrangère à cette inflexion.
Au bâtisseur des «voies qui nous rapprochent», de savoir réussir son chantier le plus crucial : assurer sa pérennité et rassurer ses actionnaires et créanciers.
