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Seulement 45% de la population active a un niveau de diplomation en conformité avec la profession exercée !
Plus on se spécialise dans la formation professionnelle, plus on s’écarte des qualifications de la profession exercée. Plus de la moitié de la population active occupée ne détient aucun diplôme contre le tiers de la population en chômage. Les salariés du secteur public ont souvent plus de qualification que ce qu’exige leur poste.
C’est une étude riche en enseignements que celle dont les conclusions viennent d’être rendues publiques par le HCP. Selon l’institution, les difficultés d’insertion sur le marché du travail peuvent provenir d’une situation de déclassement entre les qualifications du diplôme et les compétences nécessaires au poste en question. Pour y voir plus clair, l’étude décortique la notion «d’adéquation» du plus haut diplôme obtenu avec la profession principale exercée, déclarée lors du recensement de la population de 2014. De là, elle a pu identifier les diplômes les plus soumis au déclassement, les professions exercées par leurs détenteurs et les activités économiques des établissements qui les emploient. Les experts du HCP rappellent, de prime abord, qu’une personne active est considérée comme «déclassée» lorsque son niveau de formation ou d’éducation est supérieur au niveau de qualification théoriquement requis pour la profession exercée. De la même façon, elle est considérée en «surclassement» si son diplôme est en-deçà des exigences, et «en adéquation» si le niveau du diplôme est en conformité avec le niveau de qualification exigé.
Le niveau d’adéquation baisse avec les diplômes d’enseignement général du niveau fondamental
«De ce fait, la connaissance des diplômés en situation de déclassement et de leur structure, d’une part, et la connaissance des facteurs qui aident à plus d’adéquation, d’autre part, sont d’une grande importance pour la compétitivité de l’économie nationale», commente le HCP.
Avant de s’attaquer au degré d’adéquation entre les diplômes et le travail exercé, l’étude vient confirmer un constat déjà connu : les actifs chômeurs sont relativement plus diplômés que les actifs occupés.
Plus de la moitié de la population active occupée (52,2%) ne détient aucun diplôme contre 34,2% pour la population au chômage. De plus, dans l’enseignement général et la formation professionnelle, les taux de chômage augmentent avec le diplôme. Par exemple, 21,3% des diplômés d’initiation professionnelle sont au chômage, 26,5% pour les diplômés de spécialisation professionnelle, et 28,4% pour les diplômés de qualification professionnelle.
Chez la population occupée, neuf sur dix sont en situation d’adéquation ou de surclassement. Dans le détail, 45,7% de la population active occupée est en situation d’adéquation, 46,7% en situation de surclassement 7,6% en situation de déclassement. Force est de relever qu’en écartant les détenteurs du certificat du primaire ou du diplôme d’initiation professionnelle, le taux de déclassement augmente à 26,4%. Chez les diplômés de l’enseignement général du niveau supérieur, ce taux passe à près de 30%. Le niveau d’adéquation baisse avec les diplômes de l’enseignement général du niveau fondamental. Par contre, au-delà du diplôme du premier cycle de l’enseignement supérieur (Deug), plus on pousse la spécialisation, plus l’adéquation est meilleure. Pour les diplômes de formation professionnelle, plus on pousse la spécialisation, plus on est soumis au déclassement. A noter que quel que soit le groupe de professions, le taux des déclassés parmi les diplômés de la formation professionnelle est supérieur à celui des diplômés de l’enseignement général.
Plus on vieillit, plus les compétences deviennent supérieures aux exigences du poste
Cela dit, la notion d’adéquation est aussi liée à l’âge. Plus on vieillit, plus les compétences deviennent supérieures aux exigences du poste. En effet, le surclassement (avoir moins de qualification que ce qu’exige le poste) croît avec l’âge des actifs occupés. Par contre, à moins de 30 ans, on a plus de probabilité de tomber sur un poste dont les prérequis sont en dessous du niveau du diplôme. Ceci peut expliquer les difficultés d’insertion des jeunes générations dans le marché de l’emploi. A en croire l’étude, ce sont les salariés qui sont les plus exposés au déclassement dans le secteur public (13,2%), plus que dans le secteur privé (9,6%). Ils sont suivis par les gérants d’affaires employant moins de cinq employés, avec 7% de déclassés. De façon générale, les professions qui favorisent l’adéquation sont celles qui requièrent un niveau de qualification élevé ou au contraire un bas niveau de qualification. Les professions de niveau intermédiaire par contre défavorisent l’adéquation.
Enfin, tous les secteurs d’activités économiques embauchent des diplômés en situation de déclassement. Le secteur des «autres services marchands» emploie 19,6% des déclassés. L’«administration publique-enseignement-santé humaine-action sociale» en emploie 17,8%, le secteur du «commerce et réparation d’automobiles et de motocycles» 17,3% et le secteur des «industries extractives et manufacturières» 14%.
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