Affaires
Sensible remontée du prix de l’or après le creux de fin 2013
Le gramme est négocié à 330 DH dans les bijouteries contre 270 DH en décembre 2013. Les revendeurs peuvent réaliser une plus-value qui peut être de 100% sur les bijoux achetés avant 2010. Les clients sont devenus très sensibles aux fluctuations des cours sur le marché mondial.

Les femmes sont très attentives à la variation du cours de l’or. Ce constat des bijoutiers est largement vérifié sur le marché. Dans plusieurs bijouteries de Casablanca, on signale que les clientes viennent surtout vendre leurs bijoux depuis que les prix se sont mis à remonter au début de janvier. «Elles sont plusieurs à justifier leur souhait de vendre par l’augmentation du prix qui avait baissé en décembre et pour payer les frais du haj», indique Abdelilah Alami, orfèvre au quartier du Maârif. Et il n’est pas le seul, puisque d’autres de ses confrères, dans les kissariates de Derb Soltane et Hay Mohammadi, déclarent aussi avoir beaucoup racheté des bijoux durant ces deux derrières semaines. Et si les raisons avancées, auxquelles on peut ajouter les frais de scolarité pour les enfants à l’étranger et l’achat de biens immobiliers, ne peuvent être démenties, les bijoutiers considèrent que la véritable motivation de ces clientes, qui ont investi dans l’or avant 2012-2013, est la réalisation d’une plus-value intéressante. Celle-ci peut aller jusqu’à 100% si, expliquent les orfèvres, les bijoux ont été achetés avant les années 2010 et 2011. Date de l’envolée du prix de l’or.
Aujourd’hui, le prix du gramme, à l’achat, est de l’ordre de 330 DH, enregistrant une hausse d’environ 60 DH par rapport à fin décembre. Au niveau international, le cours de l’or est passé de 1 198 dollars l’once (31,10 g) à environ 1 260 dollars. Les bijoutiers locaux s’alignent sur le marché international, même si leur approvisionnement est essentiellement assuré grâce au recyclage de bijoux. L’importation d’or est en effet très fortement contrôlée au Maroc, le ministère des finances n’accorde que des autorisations spéciales.
Celles qui revendent leurs bijoux acquis avant la flambée des années 2010-2011 font toujours de belles affaires quand bien même le prix est en dessous du pic de 450 à 500 DH le gramme enregistré en juin 2013. Notons cependant qu’à la revente, le bijoutier applique une décote de près de 30% lorsque les bijoux sont destinés à la refonte. S’ils sont revendus en l’état, la décote ne sera plus que de 10 à 15% en fonction de la conjoncture.
Dans les bijouteries de luxe, les prix sont fixés à la pièce
Dans les grandes adresses d’orfèvrerie de luxe, le prix est exprimé à la pièce. Et le marchandage n’est pas une pratique courante. Pour les clientes fidèles de ces enseignes, «une petite gentillesse» est faite par la maison sur certains bijoux, notamment des parures. Pour les autres bagues, colliers ou boucles d’oreilles, des opérations promotionnelles sont organisées -toujours au profit des clientes de la maison- à l’occasion d’événements spécifiques (fêtes des mères ou encore la St Valentin). Autre différence avec les kissariates : la reprise des bijoux ne se fait pas automatiquement, elle n’est accordée qu’aux «bonnes clientes de la maison». Et pour pouvoir jouir de ce titre, les clientes doivent effectuer au moins quatre à cinq achats par an, soit à l’occasion de chaque lancement de modèle. Les bijouteries de luxe signalent que leurs clientes achètent régulièrement, donc sur toute l’année, pour ne rater aucun modèle de telle ou telle collection. Sans compter qu’elles achètent parfois pour des cadeaux de naissance, d’anniversaire, de mariage et parfois même pour récompenser un proche qui vient d’obtenir un diplôme d’études.
Dans les kissariates, les bijoutiers signalent que leurs ventes sont cycliques. D’habitude, elles se tassent durant les premiers mois de l’année, c’est-à-dire en hiver. Ce n’est qu’à partir des mois de mai et juin qu’il y a une relance, notamment à l’occasion des mariages et de l’arrivée des Marocains résidents à l’étranger. Mais, depuis 2012, les bijoutiers ont noté un changement: l’achat se fait beaucoup plus en fonction des fluctuations du prix de l’or. «Lorsqu’il y a une hausse du prix, les clientes viennent pour revendre leurs bijoux achetés il y a quelques années. Ces transactions portent surtout sur les parures, les ceintures et autres gros bracelets et gourmettes. Ce qui leur permet de réaliser des plus-values intéressantes», souligne Najib Serghnini, un bijoutier de Lhafari à Casablanca. On constate, in fine, que de la kissariat à la bijouterie de luxe, les motivations de la clientèle changent. Si, dans le premier cas, les achats de bijoux, effectués en fonction des fluctuations du prix, sont des placements en vue d’une plus-value, dans l’orfèvrerie de luxe, les achats se font indépendamment du comportement du marché et juste pour être en phase avec les tendances de mode.
