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Triumph : 22 ans d’existence au Maroc et plus de 13 millions de pièces produites par an

Un poids lourd de la lingerie qui fabrique les marques Triumph, Sloggi et Hom pour le marché européen. L’usine de Fès va se consacrer totalement à  la production de petites séries.

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triumph 2012 01 23

Présente sur le marché de la lingerie depuis plus de 125 ans, Triumph est une marque d’origine allemande du groupe Triumph International, fondé en 1886 à Heubach qui est également propriétaire des marques Sloggi, Hom et Valisère. Alors qu’à ses débuts, la société n’employait que six salariés, elle réalise aujourd’hui un chiffre d’affaires supérieur à 2,3 milliards de francs suisses et emploie plus de 37 500 collaborateurs dans plusieurs unités de production un peu partout à travers le monde, dont une au Maroc.
Filiale à 100% du groupe Triumph International, l’unité de production du Maroc, installée à Fès, date de la fin des années 1980. Au départ, un des objectifs était aussi de faire connaître la marque au Maroc et d’en faire une tête de pont pour attaquer les marchés maghrébin et d’Afrique subsaharienne. Cependant, le fabricant allemand, déjà présent en Asie (Chine, Tawan, Inde), Amérique Latine (Brésil) et Europe Centrale et de l’Est, voulait principalement trouver d’autres zones de production plus accueillantes, précisément où les coûts sont moindres pour approvisionner ses différents marchés partout dans le monde.
Depuis, un long chemin a été fait. Les propriétaires n’ont pas hésité à investir pour renforcer les capacités dans le sillage de l’augmentation des commandes. Aujourd’hui, l’usine de Fès est composée de trois bâtiments contre un seul au départ et emploie 2 200 personnes. Elle dispose d’une capacité totale de production de 13 millions de pièces par an, utilisée à 100%, et réalise un chiffre d’affaires de 650 MDH. En plus de la lingerie féminine et masculine, le groupe fabrique des maillots de bain et des pyjamas. Triumph représente 60% de la production, les 40% sont partagés à part égale entre les marques Sloggi et Hom. 90% de la matière première proviennent d’Europe en admission temporaire. Ce choix est motivé par le souci d’utiliser des matériaux de haute facture, gage de crédibilité sur un marché mondial très concurrentiel. L’Asie en fournit 5% et le reste, constitué principalement de fil de couture, est directement acheté au Maroc.

Une croissance forte et régulière prévue dans les 5 prochaines années

Comme pour tout le secteur, l’entreprise n’a pas échappé à la crise qui a secoué le textile. Il a fallu, pour continuer de croître, planifier un changement stratégique vital qui consistait à réduire la production de grandes séries et se spécialiser dans la production de petites séries à forte valeur ajoutée. Cette décision s’est avérée primordiale car elle a permis, non seulement de résister à la crise, mais également d’acquérir de nouvelles parts de marché qui étaient d’habitude dévolues à la production asiatique.
Le succès a été tel que le groupe à décidé que l’unité de production de Fès soit consacrée totalement à la production des petites séries à forte valeur ajoutée, ce qui lui donnera la possibilité de continuer à grandir durant les 5 années qui viennent. La direction ne cache pas son optimisme compte tenu de l’envergure internationale de la marque. De plus, le marché mondial de la lingerie croîtra sur cette période, de près de 2,5% par an, soit une cadence plus soutenue que l’ensemble du secteur du textile, d’après une étude du cabinet français Xerfi Research. Avec une gamme très large, l’entreprise n’aura pas de mal à profiter de cette dynamique.
Sur le plan structurel, l’unité de production de Fès est confrontée aux mêmes problèmes que le reste de sa branche, notamment ceux relatifs à la disponibilité de la main-d’œuvre, étant donné la nature très spécifique et complexe des articles de lingerie produits. Contrairement aux unités standard de fabrication de pantalons, chemises ou autres, qui nécessitent des couturières de formation classique, les collections Triumph requièrent un savoir-faire rare sur le marché de l’emploi. C’est pour y remédier qu’en 2009 la direction a mis en place un centre de formation pour apprentissage (CFA) en partenariat avec différents organismes dont le ministère de l’emploi et de la formation professionnelle et l’Ecole supérieure des industries du textile et de l’habillement (ESITH). Grâce à ce centre, l’unité du groupe Triumph a pu développer et former ses propres couturières afin de ne plus avoir à dépendre des offres de formations externes. Mais s’il est vrai que le centre n’est pas encore arrivé au stade de pouvoir fonctionner en circuit fermé, il a quand même créé des occasions et a développé l’emploi pour des jeunes qui n’auraient pas pu y accéder autrement. Cette initiative, développée à plus grande échelle, permettra de diversifier les activités de formation afin de répondre aux besoins du secteur, surtout avec l’implication d’autres organismes publics tels la CNSS, la Direction générale des impôts, les douanes… Les liens ainsi tissés pourront faire du Maroc une zone de production importante avec une démarche agressive pour la conquête du marché africain, en profitant de la proximité européenne et des accords de libre-échange.