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Tourisme : Le plaidoyer de la CNT pour relancer le secteur
• La situation s’est révélée néfaste, suite à la crise sanitaire, pour les différentes branches du secteur du tourisme
• Pour une nouvelle relance, la CNT propose dix mesures qu’il faut déjà commencer à mettre en place.

C’est l’un des secteurs, sinon le principal à pâtir de la situation épidémiologique non seulement au Maroc, mais également dans le monde entier. Il va sans dire que face à l’apparition récente du variant Omicron, les autorités ont été amenées à prendre des mesures de restrictions, là encore, comme partout dans le monde. Au Maroc, donc, ces nouvelles mesures de restrictions de voyages sont une nouvelle difficulté qui met gravement en péril les entreprises du secteur du tourisme. Dans ce contexte exceptionnel où l’activité des entreprises est déjà fortement dégradée, la Confédération nationale du tourisme (CNT) appelle à la mise en place d’un nouveau pacte public-privé. Lequel pacte inclut des mesures fortes et responsables pour «assurer la sauvegarde des entreprises, éviter la destruction massive d’emplois et se préparer efficacement à la relance», souligne-t-on auprès de la CNT.
D’après cette dernière, l’évolution de la situation sur ces 21 derniers mois «témoigne de la nécessité de prendre en considération la pandémie comme un facteur structurel pour repenser le secteur du tourisme». Pour cela, les professionnels du secteur se disent convaincus que «ce chemin pour réinventer en profondeur le secteur passe d’abord par la mise en place de mesures volontaristes pour assurer la résilience et la relance de l’écosystème».
Dans ce contexte, la CNT souhaite instaurer avec les pouvoirs publics un «principe citoyen pour l’application des mesures de soutien qui consiste à assujettir le démarrage des remboursements à l’ouverture du ciel et à la levée de l’état d’urgence». Ceci devrait permettre aux opérateurs de satisfaire leurs engagements sociaux, fiscaux et financiers aussitôt que les conditions sanitaires et sécuritaires le permettent.
D’après la CNT, un changement de paradigme est donc nécessaire pour «donner toute sa valeur et tout son sens à la vaccination et ses effets positifs avec des règles de mobilité et d’accès au Royaume alignées sur les meilleures pratiques internationales, ce qui permettrait d’accélérer les conditions de la relance et de retour à une activité normale».
La confédération propose en ce sens des mesures qui, d’après elle, s’inscrivent dans la continuité des dispositions prévues par le contrat programme conclu en date du 3 août 2020. Un document que la CNT propose, d’ailleurs, au regard du contexte actuel, d’amender. Entre autres changements proposés, il y a lieu de citer le prolongement du dispositif de versement de l’indemnité forfaitaire par la CNSS et la révision des échéanciers pour les paiements des charges sociales reportées et dues sur 2020 et 2021, pour un démarrage des remboursements dès la levée des restrictions de voyages. La CNT revendique également un moratoire fiscal au titre de 2020 et 2021, pour les taxes locales, notamment la taxe professionnelle, pour un démarrage des remboursements 6 mois à compter de la levée des restrictions de voyages avec étalement sur 48 mois, sans frais ni pénalités. La confédération propose, en outre, un reprofilage des crédits Daman Oxygène et dette bancaire Long Terme avec le GPBM avec report des échéanciers des crédits leasing, crédits à la consommation pour les entreprises du secteur, ainsi que leurs salariés et aussi un démarrage des remboursements 12 mois à compter de la levée des restrictions de voyages, sans frais ni pénalités.
Les professionnels appellent, de même, à une accélération de la mise en place du Fonds tourisme adossé au Fonds Mohammed VI pour l’injection de Fonds propres ou de quasi-Fonds propres dans le bilan d’entreprises du secteur. Ce soutien financier alternatif et durable permettrait de renégocier les dettes des entreprises, de réduire le risque d’insolvabilité et d’accompagner les initiatives de rénovation et/ou d’investissement.
Entre autres mesures proposées par la CNT, la stimulation de la demande interne via l’incitation au voyage par la mise en place de chèques vacances défiscalisés et la régionalisation du calendrier des vacances scolaires et la promotion, l’appui et l’incitation au développement d’une offre d’animation diversifiée et d’expériences familles de qualité adaptée au pouvoir d’achat des citoyens marocains.
La CNT propose cinq autres mesures, dont la première consiste en la mise en place de financement au niveau régional, pour renforcer la compétitivité des acteurs, favoriser l’émergence de nouveaux écosystèmes et promouvoir la création d’emplois en zones rurales à travers l’éco-tourisme, le tourisme sportif, culturel… De même, afin de favoriser le développement de cette offre, il sera essentiel d’apporter un accompagnement technique et financier pour la transformation digitale de ces acteurs et d’élaborer une offre de formation spécifique en faveur de leur professionnalisation.
La deuxième proposition est la mise en place d’un plan offensif pour rétablir la confiance avec les compagnies aériennes, consolider les relations avec les tour-opérateurs afin de reconstruire et diversifier les autoroutes aériennes nationales et internationales, en partenariat avec les compagnies aériennes et maritimes.
Quant à la troisième proposition, elle consiste en la fiscalité afin de préserver la compétitivité de l’industrie touristique marocaine et soutenir le secteur informel dans la transition vers le respect des réglementations, des normes et l’amélioration de la qualité de l’emploi.
La CNT propose également de procéder à une amélioration des outils de mesure, de suivi et de pilotage à travers la refonte de l’Observatoire national du tourisme et la réalisation d’une plateforme de veille sur la compétitivité, la durabilité et les initiatives innovantes et responsables dans les pays concurrents et au Maroc. Quant à la dernière mesure proposée par la confédération, sur un total de dix propositions, elle consiste en la mise en place d’un dispositif de gouvernance de crise sous la forme d’une task force public-privé dédiée incluant les professionnels du secteur et les différents partenaires institutionnels pour agir ensemble afin de voir nos professionnels retravailler au mieux et au plus vite.
