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Tourisme interne : Rabat-Salé-Kénitra, La région veut devenir une destination touristique majeure
Elle abrite deux villes riches en patrimoine historique et culturel, de grands projets structurants, un territoire rural aux paysages époustouflants… Jusque-là connue pour le tourisme d’affaires, la région veut devenir une destination pour le loisir.

La Région Rabat-Salé-Kénitra, qui abrite la capitale administrative du pays, se veut une destination touristique haut de gamme. Elle est aussi très riche de par son histoire, ses paysages naturels et ses patrimoines culturel et architectural. Longtemps cantonnée à une ville de tourisme d’affaires et d’activités officielles et gouvernementales, Rabat, qui regroupe 70% de la capacité litière totale de la région (6991 lits), veut aussi devenir une destination city break. L’objectif est de combler le déficit en termes de remplissage des hôtels le week-end et de hausser la performance du tourisme de loisirs jugé encore faible.
Cette ville lumière capitale de la culture (inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco) ambitionne de trouver sa place parmi les destinations de choix au Maroc. «Aujourd’hui, Rabat est classée 6e destination touristique marocaine au coude à coude avec Fès. Mais le visage de la ville se transforme. De grands projets structurants sont en cours de réalisation tels que Wessal Bouregreg doté d’une forte composante d’animation culturelle et de loisirs», déclare Nadia Benslimane, directrice du Conseil régional du tourisme (CRT) de Rabat- Salé- Kénitra.
Mais, pour l’instant, les performances touristiques ne sont pas reluisantes. Les établissements hôteliers de la ville affichent un taux d’occupation de 52% entre janvier et septembre 2017, en baisse d’un point par rapport à la même période de 2016. La durée moyenne de séjour a, elle aussi, fléchi, passant d’une moyenne de 2,1 nuitées à 2 nuitées. Pourtant, le nombre total de nuitées a progressé de 11% en comparaison avec la même période de 2016.
La baisse d’activité est expliquée, d’une part, par l’absence de formation du gouvernement durant les premiers mois de 2017. D’autre part, les arrivées n’ont pas été suffisantes pour absorber la capacité litière dont s’est doté Rabat.
La culture comme atout
Le management d’AccorHotels, qui gère jusque-là le premier parc hôtelier de la capitale (un établissement 5*, un 4*s et deux 3*), estime que le bilan de l’activité du groupe durant l’année 2017 est en demi-teinte. Pour rappel, AccorHotels a rouvert cette année l’Ibis Rabat dont la capacité litière est de 170 chambres. «Du coup, nous avons 41% de nuitées supplémentaires à commercialiser dans la ville», déclare Ismail Loubaris, directeur ventes, marketing et distribution chez AccorHotels Maroc. Outre l’enseigne française, Rabat attend l’arrivée de marques internationales de l’hôtellerie telles que Marriott (qui ouvre un hôtel d’une capacité de 186 chambres), Fairmont à la Marina Rabat-Salé (200 chambres) et Ritz Carlton (120 suites).
La croissance des arrivées et des nuitées demeure encore timide face à l’élan et au dynamisme du secteur de l’hôtellerie dans cette ville locomotive de la région. «Ces marques vont déployer des efforts de promotion qui doivent par ailleurs être accompagnés au niveau régional. L’objectif est de contribuer à l’essor tant attendu du tourisme de loisirs dans la ville», déclare M. Loubaris. La ville doit donc trouver de nouveaux relais de croissance pour booster son activité touristique de loisirs et prolonger la durée de séjour. Sa vocation culturelle lui permettra d’attirer plus de visiteurs. La présence de 7 musées, dont le dernier n’est autre que le Musée MohammedVI d’art moderne et contemporain ouvert en 2014, et de diverses galeries d’art permettra d’attirer une clientèle nationale et internationale en soif de culture. La Fondation nationale des musées du Maroc contribue à mettre l’accent sur cette vocation culturelle. «Grâce aux expositions d’artistes peintres internationaux tels que Picasso, Matisse et Dali…, le Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain est le porte-drapeau des musées nationaux. Ces expositions contribuent à donner une visibilité mondiale à Rabat au niveau culturel. Déjà plusieurs touristes internationaux visitent le Musée Mohammed VI», assure Mehdi Qotbi, président de la Fondation nationale des musées. La ville lumière verra également l’ouverture prochaine de son musée de l’histoire des civilisations et la rénovation du musée des Oudayas dédié au caftan. «Le musée d’archéologie et des sciences de la terre ouvrira ses portes prochainement. La fondation continuera, elle, à développer d’autres concepts de musées à Rabat», souligne M. Qotbi. Outre les musées, le futur grand théâtre de la ville situé près de la Tour Hassan, du Mausolée Mohammed V et du fleuve Bouregreg créera à son tour une réelle révolution culturelle et d’animation dans la ville.
Pour le moment, l’un des plus importants évènements culturels et musicaux de Rabat, en l’occurrence le Festival Mawazine Rythmes du Monde, est parmi les rares à attirer massivement les foules dans la capitale. «Des évènements tels que le Festival Mawazine contribuent à la notoriété de la ville et dynamisent fortement le nombre d’arrivées dans les hôtels ainsi que la consommation. Mais de telles manifestations d’envergure sont faibles sur l’année. Il y a encore un manque d’attractivité touristique à Rabat», remarque Ismail Loubaris. Sur toute l’année, la ville reçoit des touristes étrangers, notamment européens, chinois et autres asiatiques dans le cadre des circuits des villes impériales. Au programme figure la visite de monuments historiques tels que le Mausolée Mohammed V, la Tour Hassan ou encore la Qasbah des Oudayas. «Nous espérons avoir plus de promotion pour la ville de Rabat et sa région à l’international. Le partenariat que nous avons scellé avec l’ONMT est annuel et ne permet pas une visibilité à long terme. La promotion reste assez timide, alors que nous bénéficions de la capacité critique (plus de 5000 lits) pour la promotion de la région Rabat-Salé Kénitra», déplore la directrice du CRT de la région.
Développement d’un tourisme innovant et durable
Les villes de Rabat et Salé regorgent en effet d’atouts culturel, architectural et de monuments historiques. Mais, à en croire Mme Benslimane, le potentiel se trouve également dans le tourisme rural. «80% du territoire de la région est en zone rurale. Dans ce cadre, nous travaillons sur un projet de développement d’un tourisme innovant et durable», déclare Mme Benslimane. Dans le cadre du programme de développement régional (PDR) qui bénéficie de subventions de la région, des projets seront initiés pour le développement du tourisme rural.
«A Oulmès, flambeau du tourisme rural de la région, un club Biladi avec une offre d’hébergement et d’animation destinée aux nationaux sera créé. Un circuit d’interprétation du patrimoine naturel y sera intégré. En outre, des projets d’aménagement sont aussi prévus. Il s’agit entre autres de circuits de mobilité douce dans la région de Salé. Nous comptons également proposer la pratique de sports nautiques sur le littoral à la Plage des nations près de Boulknadel et une piste cyclable autour du lac Dayet Roumi. L’étude a été réalisée par la SMIT. On est en cours d’opérationalisation des projets», énumère la directrice générale du CRT. Autre site à fort potentiel, la station de Mehdia qui figure dans le plan Biladi (Vision 2020). En front de mer, elle bénéficie de sa proximité avec le lac Sidi Boughaba et la forêt de Maâmoura. La station devait accueillir 5580 lits répartis sur 131 bungalows, 144 appartements, un camping et 396 résidences immobilières. «Les premiers projets ont vu le jour. Aujourd’hui, 1792 lits sont prévus dans la nouvelle station de Biladi Mehdia (hors 742 emplacements du camping)», affirme le CRT de Rabat et région.
L’avenir touristique de Rabat-Salé-Kénitra semble tout tracé. Demeure une vision régionale claire pour le développement du tourisme.
