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The Green Souk, dernier maillon d’une chaîne qui promeut l’agro-écologie [vidéo]

Ce projet est monté par une biologiste italienne qui vit au Maroc depuis plus de 30 ans. Fruits, légumes frais, huile d’olive et miel sont fournis par de petits producteurs. L’initiatrice soutient également un projet pilote au village de Ighrem, situé près de Tiznit.

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The Green SOUK

The Green Souk est, comme il plaît à sa propriétaire Cristina De Perfetti de le qualifier, un «petit souk paysan». Mais pour son entourage et la clientèle que nous avons pu y rencontrer, il symbolise une échappatoire dans une ville où l’offre de produits issus de l’agriculture biologique se développe lentement. Au bout de trente ans passés au Maroc, cette Italienne d’origine, biologiste de formation, a choisi d’ouvrir son échoppe dans un quartier chic de Casablanca. Sur ses étals, on trouve des fruits et légumes frais, aux côtés de bouteilles d’huile d’olive, de miel et autres produits de terroir. Elle y a également dressé une table et des chaises, sur lesquels les clients peuvent déguster des gâteaux accompagnés d’un jus ou d’un thé à la menthe.

La particularité de cette boutique est qu’elle est la dernière chaîne d’un maillon qui promeut l’agriculture biologique, mais aussi l’agro-écologie. En créant cet espace, elle déclare vouloir donner une opportunité aux petits producteurs qui abhorrent l’usage des phytosanitaires. Souvent isolés du réseau de distribution, ces derniers peinent à écouler leurs produits, et leur savoir-faire et pratiques traditionnelles peu valorisés.

Contre la pression de la rentabilité immédiate

Cristina a d’abord pensé à acheter un petit terrain pour cultiver sa production, mais elle a abandonné l’idée. «Je me suis rendu compte qu’il y avait beaucoup de petits paysans aux connaissances et à l’expertise que je n’aurais jamais, et qui ont juste besoin de quelqu’un pour les aider à écouler leurs produits», relate-t-elle. Ainsi, elle a proposé l’idée à son réseau, composé d’agriculteurs, de coopératives et d’associations avec lesquels elle a tissé une relation amicale au fil du temps, des randonnées et des excursions.

Elle n’a pas eu beaucoup de difficultés à convaincre Abdallah, une figure connue de l’agriculture biologique à Dar Bouazza, pour devenir son principal pourvoyeur. Le quarantenaire a loué un terrain en 2006 dans cette périphérie casablancaise pour exercer sa «passion», s’en targue-t-il. Il adopte des systèmes de culture agro-écologiques, à l’image des cultures associées, qui contribuent à la lutte contre certains ravageurs, à la prévention des maladies végétales et à la réduction des mauvaises herbes. «Je me suis vu proposé plusieurs offres alléchantes pour gérer de grandes fermes, mais je ne troquerai jamais ce que je fais pour autre chose», dit-il en regrettant que les petits agriculteurs de Dar Bouazza aient jeté l’éponge. «On était 50 à livrer des paniers bio à Casablanca. Maintenant, on n’est plus que deux. Les petits agriculteurs ne sont plus aussi patients, ils veulent une rentabilité instantanée. Plusieurs d’entre eux ont opté pour l’usage intensif des phytosanitaires, délaissé leurs terres ou ont carrément changé de métier. Pour ma part, je prépare déjà ma relève. J’ai appris à mon fils les techniques de l’agriculture biologique. A 21 ans, il adore ce métier, et ça me rend fier».

Une écologiste entêtée

Cristina se félicite d’avoir un tel partenaire qui partage ses valeurs. Elle se décrit comme une écologiste entêtée. Quelques décades plutôt, elle avait créé une ferme de production de compost avec les lombrics en Italie, puis une ligne d’habits pour le Yoga en coton bio. Au Maroc, elle s’est inscrite dans le soutien d’un projet pilote au village de Ighrem, situé près de Tiznit. En collaboration avec une coopérative locale, «Al Amal», elle a aidé à la réintroduction de la culture des légumes, abandonnée depuis des années par manque de débouchés commerciaux. L’opération s’est basée sur l’usage de semences bio et/ou locales, et la formation des agriculteurs aux techniques de l’agro-écologie.

«Consommer «bio» n’est pas une mode, mais c’est la seule alternative que l’on a. Sinon, comme espèce humaine, on va bientôt disparaître. Quand je dis «bio», ce n’est pas simplement le fait de s’abstenir d’utiliser des substances chimiques, mais c’est vraiment de changer l’état d’esprit et de penser le développement en termes de durabilité. En tant que consommateurs, nous avons la possibilité de faire des petits choix. Si nous les adoptons tous ensemble, nous pourront créer un grand mouvement, et peut-être changer le trend mondial actuel». A bon entendeur…