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SIAM 2017 : La durabilité devient le fil conducteur de la stratégie agricole
Le développement des plantations fruitières, l’utilisation des énergies renouvelables, la conservation des sols, la promotion d’une agriculture biologique…, autant d’actions mises en œuvre en vue d’orienter le secteur agricole vers une production durable.
Le secteur agricole est confronté à de nombreux problèmes dont notamment les changements climatiques, l’augmentation des coûts des intrants, la multiplication des problèmes de bio-résistance et la difficulté de mettre en place de nouvelles molécules. Dans ce contexte assez contraignant, les exploitants, grands et petits, doivent s’adapter en empruntant de nouvelles voies d’optimisation de la production, qui allient aussi bien préservation de l’environnement, gestion des ressources et production durable. Cette vision est d’autant plus importante que l’agriculture devra répondre aux besoins des populations en terme de sécurité alimentaire et de réduction de la pauvreté. Le Maroc, conscient de ces enjeux de taille, a déjà mis en place, dans le cadre du Plan Maroc Vert, un ensemble de mesures qui visent à pérenniser le développement de l’agriculture marocaine et à sauvegarder les ressources naturelles. L’objectif étant de permettre la séquestration du carbone à un niveau de 117 millions de tonnes-équivalent CO2, contre seulement 62 millions sans PMV.
Cette séquestration du carbone est permise notamment à travers la prise en compte de certaines mesures d’atténuation des effets du changement climatique, à l’instar notamment de la plantation annuelle moyenne de 12 millions d’arbres fruitiers dans le cadre essentiellement du programme de reconversion de 1 million ha de céréaliculture en arboriculture fruitière dans les zones à vocation non céréalière. Dans ce cadre, le PMV joue un rôle primordial dans la biodiversité nationale et surtout au niveau des zones oasiennes et de l’arganier. Il est important de rappeler l’adoption d’une stratégie de développement intégrée des zones oasiennes et de l’arganier, visant la réhabilitation de 200 000 ha de forêts d’arganier et de 48 000 ha de palmeraie et l’extension de 17 000 ha de nouvelles palmeraies. En plus de cela, un programme de développement des parcours et de régulation des flux de transhumance a été mis en place. Parmi ses ambitions, la création, la mise en repos et la plantation d’arbustes fourragers sur plus de 650 000 ha, ainsi que le développement de l’hydraulique pastorale.
La gestion des terres agricoles dans une perspective durable est également à l’ordre du jour. Cette mesure est appliquée grâce à la rationalisation de l’usage des engrais, pesticides et des amendements organiques, biofertilisants, biostimulants et biopesticides…, au semis direct, à la conservation des sols soumis à érosion et à la plantation des bassins versants… Cela est, bien évidemment, cadré par une réglementation particulière, à savoir la loi 42-95 sur le contrôle et l’organisation du commerce des produits pesticides à usage agricole. Il faut noter que le ministère œuvre, en outre, à promouvoir une agriculture biologique et raisonnée. Plusieurs efforts ont été déployés à ce niveau, notamment la publication de la loi sur l’agriculture biologique et de ses textes d’application, ainsi que le développement du label Bio Maroc. Pour rappel, la loi définit les aspects se rapportant aux règles de production, de préparation et de commercialisation des produits agricoles et aquatiques issus du mode de production biologique et au système de contrôle et de certification de ces produits biologiques.
A côté, d’autres actions sont mises en œuvre telles que la limitation de l’usage de l’énergie polluante à travers la promotion du recours à l’énergie solaire pour le pompage de l’eau d’irrigation à la place du gasoil et l’encouragement au rajeunissement du parc du machinisme agricole via la subvention par le FDA (Fonds de développement agricole), et la gestion des déchets agricoles via notamment l’obligation de la réalisation d’un plan de gestion environnemental pour les unités de valorisation et l’encouragement de la mise en place des unités de valorisation «vertes».
Afin d’assurer la durabilité, certaines technologies peuvent être adoptées comme le couplage des systèmes d’irrigation économes en eau et les énergies renouvelables, la gestion des déchets agricoles et leur valorisation, l’extension de l’utilisation de la lutte biologique, des amendements organiques, des biofertilisants, des biostimulants et des biopesticides et le recyclage des déchets des animaux en compost et biogaz, ainsi que les déchets plastiques utilisés en agriculture (tuyaux d’irrigation, plastique des serres…).
L’agriculture solidaire est tout aussi concernée par la durabilité
En plus des actions du PMV concernant le pilier I, le ministère de l’agriculture a accordé une attention particulière au pilier II, et ce, à travers la mise en œuvre de projets techniquement faisables, économiquement viables et socialement appropriés et un accompagnement de proximité des agriculteurs au niveau des zones fragiles (montagnes, oasis, plaines et plateaux semi-arides) qui rassemblent la grande majorité des exploitations du pays. Pour atteindre cet objectif, le PMV a prévu la concrétisation de 545 projets territorialisés à l’horizon 2020 avec un investissement global d’environ 20 milliards de DH sur 10 ans au profit de plus 855 000 agriculteurs bénéficiaires. Ces projets sont de trois types essentiellement : des projets de reconversion des cultures pratiquées vers des cultures répondant à la vocation des terres et à plus haute valeur ajoutée, des projets d’intensification concernant la réalisation d’opérations d’intensification en vue d’améliorer la productivité des productions agricoles existantes, ou encore des projets di diversification des activités et des productions agricoles en ciblant les produits de terroir. Ainsi, les principales filières auxquelles ces projets sont destinés sont l’olivier, le palmier dattier, l’amandier, le lait et les viandes rouges et ce, sans oublier les produits du terroir dans les zones montagneuses, arides et oasiennes.
La réalisation des composantes du projet pilier II est assurée par des entreprises privées sur la base des appels d’offres et prise en charge par l’Etat qui, lui, réalise des opérations clés en main de plantations concernant les arbres fruitiers, les arbustes fourragers et les plantes aromatiques et médicinales pérennes durant les 2 premières années du projet, se charge de l’acquisition et l’installation des unités de valorisation (trituration, séchage, concassage, distillation, conditionnement, unités d’entreposage frigorifique…) et des aménagements fonciers et hydro-agricoles.
Parallèlement, l’Etat mène des actions d’accompagnement en faveur des bénéficiaires du projet et offre son assistance technique. Pour leur part, ces derniers peuvent apporter leur participation à travers la mise à la disposition des terrains pour l’installation des unités de valorisation, la maintenance des équipements ainsi que le gardiennage. En tout cas, toutes ces mesures d’adaptation et d’atténuation adoptées sont confortées par le concours du GEF (Global Environment Facility), et ce, à travers l’octroi d’un don de 250 MDH pour la mise en œuvre des projets du pilier II.