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Reportage. Le Maroc lorgne les IDE allemands en énergies renouvelables

Une délégation marocaine de haut niveau a participé, les 9 et 10 avril, au Dialogue de Berlin sur la transition énergétique (BETD). Elle a profité de l’occasion pour rencontrer les investisseurs allemands dans le secteur de l’énergie. Les atouts principaux du Royaume ont été présentés: stabilité politique et économique, proximité de l’Europe, ouverture commerciale sur le monde et ancrage africain.

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Allemagne Energies Renouvelables

Un joli bâtiment situé au centre ville de Berlin, capitale de l’Allemagne et ville hôte du Dialogue de Berlin sur la transition énergétique (BETD). Au troisième étage où se trouve le centre d’affaires Design Offices, la délégation marocaine participant au BETD 2019 – présidée par Aziz Rebbah – est au complet. Mission: vendre le Maroc en tant que destination des investissements allemands dans les énergies renouvelables, à l’occasion d’une session gouvernement-secteur privé (B2G), organisée lundi 8 avril, dans le sillage du partenariat énergétique maroco-allemand (PAREMA) (voir encadré).

«J’ai préparé mon discours en arabe, mais je vais finalement m’exprimer en français. C’est pour vous dire que nous sommes un pays très ouvert», a lancé, tout de go, Aziz Rebbah, après l’ouverture de la session, à 16h20 tapantes, après les allocutions prononcées par Tibor Fischer, président de la division énergie renouvelable de – la très stratégique – Agence de l’énergie allemande (DENA), et Khalid Lahsaini, chargé d’affaires à l’ambassade du Royaume en Allemagne.
Avant M. Rebbah, le diplomate marocain a donné le ton avec des messages politiques forts à l’adresse des officiels et des investisseurs allemands dans un langage très direct. «Nous avons acheté plusieurs banques en Afrique. Nous sommes également présents en force dans d’autres secteurs sur le continent. Notre politique en Afrique est en phase avec celle de l’Allemagne. Mieux encore, investir au Maroc, c’est avoir l’opportunité de s’ouvrir sur plusieurs marchés africains à la fois, en l’occurrence dans l’Afrique de l’Ouest», a déclaré, sur un ton confiant, Khalid Lahsaini.

Les investisseurs allemands exhortés à s’intéresser au recyclage

Stabilité politique et économique, proximité de l’Europe et profondeur de la coopération avec l’Union Européenne, ouverture commerciale sur le monde, ancrage africain… Autant d’éléments classiques revenus dans l’argumentaire de l’ambassade marocaine. Pour sa part, le ministre a ajouté à son argumentaire d’autres points afin de rassurer les investisseurs allemands parmi lesquels certains pourraient encore se contenter de clichés. «Au-delà de la stabilité économique et politique, le Maroc est fort d’un bon climat des affaires, qui est en constante amélioration. Plus encore, les contrats sont irréversibles, même si l’on change les lois et les législations et malgré le changement des gouvernements», a indiqué le ministre, qui est également maire de la ville de Kénitra.
En plus du secteur de l’énergies et des mines, Aziz Rebbah a appelé les investisseurs allemands à s’intéresser au recyclage ; un marché qui, selon lui, brasse 60 milliards de dollars et emploie 270000 personnes en Allemagne.

Pour conclure sur une note encore plus diplomatique, il a indiqué que l’Allemagne et le Maroc partagent la même tradition bien ancrée de la durabilité, illustrant son propos par la politique des barrages datant des années 70 et la création du premier centre de développement des énergies renouvelables en 1982.

L’efficacité énergétique, créneau prometteur

Prenant la parole juste après le ministre, Ahmed Baroudi, patron de la Société d’investissements énergétiques (SIE), a, de son coté, mis en avant les nombreuses opportunités à saisir dans le secteur de l’efficacité énergétique. «La SIE est en cours de transformation depuis 2018 pour devenir une société étatique de services énergétiques (Superesco) dans le but de piloter la mise en oeuvre de l’exemplarité de l’Etat, en menant des projets concrets dans les bâtiments publics, mais aussi dans le privé», a-t-il rappelé. Un nouveau positionnement, qui s’explique par la volonté ferme du Maroc de faire avancer le chantier de l’efficacité énergétique à même d’atteindre son objectif d’économie d’énergie fixé à 20% à l’horizon 2020. Conscient du fait que les investisseurs ont horreur d’annonces importantes sans échéancier, Baroudi a indiqué à l’assistance que la mise en place de projets concrets sera ficelé, une fois que le plan d’action et les solutions de financement seront finalisés entre le troisième trimestre de 2019 et le premier trimestre de 2020.

Fait rassurant pour les investisseurs allemands, deux partenaires clés de la SIE dans son nouveau positionnement ne sont autres que la banque allemande KfW et le fournisseur de services énergétiques dans la capitale, BEA.

Dans le même secteur prometteur, Radouan Yessouf, représentant de l’Agence marocaine de l’efficacité énergétique (AMEE), a partagé avec l’assistance des éléments pertinents sur les opportunités dans ce marché encore balbutiant. A commencer par les taux de pénétration de la climatisation et du chauffage, qui devront évoluer de manière spectaculaire, pour atteindre respectivement 90% et 52%. Pareil pour l’éclairage, dont le parc aussi bien urbain que rural nécessite un renouvellement pour économiser l’énergie. Equipements électriques et électroniques d’économie d’énergie, chauffe-eau et capteurs solaires, audit énergétique, matériaux d’isolation, équipements de haute performance énergétique… sont autant de créneaux pouvant offrir des opportunité d’affaires aux investisseurs dans ce marché naissant de l’efficacité énergétique.

Étaient également présents à la rencontre, Hanae Rharnite de Masen, Samir Rachidi de l’Iresen, Mohammed Zahidi de l’ONEE qui, eux aussi, ont donné une idée sur l’évolution de leurs établissements respectifs dans le sillage du nouveau modèle énergétique du Royaume. Un modèle apprécié, si l’on se fie aux discussions en aparté qu’a eue La Vie éco avec des investisseurs et officiels allemands dont certains MRE. Soutien spécifique aux PME et poursuite de la libéralisation du marché électrique, notamment la moyenne et la basse tension, sont les deux principales attentes du secteur privé allemand vis à vis du département dirigé par M.Rebbah. Des revendications qui font écho à ceux des professionnels marocains.

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[tab title= »PAREMA, outil de coopération entre deux pays engagés à fond dans la transition énergétique » id= » »]PAREMA est la plateforme centrale pour le dialogue politique institutionnalisé sur la politique énergétique entre les deux pays. Il vise à aller de l’avant dans la transition énergétique, notamment en soutenant les efforts du Maroc dans ce domaine. Les thèmes clés du PAREMA sont le développement des sources de production d’énergie, notamment les énergies renouvelables, les interconnexions électriques et l’extension du réseau, la stabilité du réseau et l’intégration des marchés de l’électricité, l’implication et la coopération des acteurs économiques et l’amélioration de l’efficacité énergétique.[/tab]
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