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Laâyoune-Sakia El Hamra : Dominée par le tourisme d’affaires, la région veut diversifier son offre
Des plages de sable fin, des déserts infinis, une histoire unique et des richesses naturelles indéniables… La région de Laâyoune-Sakia El Hamra dispose d’un gros potentiel touristique, mais semble délaissée par les professionnels.

La région de Laâyoune-Sakia El Hamra se projette dans l’avenir. Elle veut exploiter tous ses atouts pour développer le tourisme. Contrairement à sa voisine limitrophe du Sud, Dakhla-Oued Eddahab, où le tourisme est balnéaire et axé sur le kitesurf, Laâyoune-Sakia El Hamra veut se positionner sur quatre produits différents: le tourisme spirituel, balnéaire, de désert et de détente. «Nous avons quatre provinces dans la région qui offrent ces quatre produits diversifiés. La province de Laâyoune offre le dépaysement et le désert. Es-Smara présente des possibilités de tourisme spirituel grâce à son patrimoine de Zaouias. A Tarfaya, les touristes peuvent pratiquer de la planche à voile dans les lacs salés, du windsurf ou encore du parapente et du parachutisme grâce à la présence du vent des alizées. Boujdour, elle, est dotée de longues plages sur plusieurs kilomètres…», déclare Aicha El Alaoui, déléguée du tourisme de la région Laâyoune Sakia El Hamra. En 2017, la région a pu enregistrer 34 209 arrivées dans les hôtels classés dont 75% de résidents marocains. Ce qui correspond à 77509 nuitées au total (en hausse de 7%). La durée moyenne de séjour est de 2 nuits. Mais la délégation du tourisme de la région veut faire beaucoup mieux.
La capacité d’hébergement dont dispose la région est de 2256 lits, offerts par 47 établissements. La majorité des lits est localisée dans la province de Laâyoune (1647 lits). Mais dans le cadre du plan de développement intégré du tourisme rural et de nature, mis en œuvre avec le concours de la Société marocaine d’ingénierie touristique (SMIT), des projets dotés d’une enveloppe de 116 MDH sont en cours de réalisation dans la région. Sur ce montant, 84 MDH ont été apportés par les départements ministériels et 32 MDH par les collectivités territoriales. Ces projets seront réalisés tout au long de la période 2016 – 2025 avec des échéances différentes pour chacun d’entre eux, mais avec un même objectif : une diversification du produit touristique dominé pour l’instant par la composante business.
La plus grande partie de la capacité litière de la région est concentrée à Laâyoune
Disposant de la capacité litière la plus importante de la région, Laâyoune est une destination de tourisme d’affaires par excellence. «Au total, 80% de nos clients sont marocains et viennent à Laâyoune principalement de Casablanca dans le cadre de déplacements professionnels ou pour affaires. Le reste est constitué de visiteurs professionnels étrangers», indique un hôtelier. L’économie de la région est basée sur la pêche, le phosphate et l’énergie éolienne. Elle attire par conséquent des hommes d’affaires de diverses nationalités. Mais il existe également une proportion, bien que minime, de touristes de loisirs. Les plus téméraires d’entre eux viennent de la moitié nord du pays. Ils parcourent le pays pour atteindre généralement la ville de Dakhla. Ils font une halte d’une nuit à Laâyoune avant de poursuivre leur route. Durant la période de septembre à décembre où le climat est tempéré, les établissements hôteliers de la ville affichent des taux d’occupation élevés. «Dès le début du mois de Ramadan et jusqu’en été, les hôtels se vident pour reprendre leurs activités en septembre», poursuit ce professionnel de l’hôtellerie. La province de Laâyoune dispose du seul aéroport international de la région. Un vol quotidien la reliant à Casablanca est programmé par Royal Air Maroc. La compagnie espagnole Binter Canarias, qui a ouvert une représentation à Laâyoune, opère un vol quotidien vers Las Palmas. «Il est surtout fréquenté par les ressortissants marocains des Îles Canaries», déclare un hôtelier de Laâyoune. La ville sera également reliée à Tiznit par voie express. Les travaux ont commencé en décembre 2017 et se poursuivront jusqu’en juin 2022.
Boujdour, une destination de passage
Dans la province de Boujdour où la capacité litière est limitée à 267 lits, l’activité touristique est très peu développée. La ville est une destination de transit pour les touristes de loisirs qui se dirigent vers Dakhla. Bien qu’elle soit gâtée par la nature en termes d’étendues de plages, Boujdour reçoit peu de touristes à cause notamment de l’absence d’activités. Par conséquent, le tourisme de loisir y est embryonnaire. Le tourisme d’affaires n’a pas fait mieux malgré les divers projets économiques de la province. «L’annonce de la réalisation d’un parc éolien qui sera opérationnel en décembre 2018 (au sud de Boujdour) et d’une centrale photovoltaïque Noor-Boujdour (à 14 km à l’est de la ville) ont ravivé les espoirs des professionnels de l’hôtellerie quant à l’afflux important de visiteurs. Hélas, les retombées économiques de ces projets risquent d’être faibles. La plupart des hommes d’affaires et des expatriés préfèrent séjourner à Laâyoune et faire l’aller-retour dans la journée. Certains optent pour des appartements meublés ou choisissent de séjourner sur site», déplore un hôtelier de Boujdour.
A Tarfaya, la mémoire de Saint-Exupéry est commémorée chaque année
La province de Tarfaya (dotée de 324 lits classés) est connue pour être le lieu d’inspiration du célèbre pilote et écrivain français Antoine de Saint-Exupéry (auteur du Petit Prince) qui travaillait pour l’aéropostale français. Un musée dédié à sa mémoire a été inauguré en 2004. Chaque année, le Rallye aérien de l’aéropostale Toulouse/Saint-Louis (Sénégal) passe par Tarfaya. «Au mois d’octobre, les participants choisissent de faire escale pendant une nuit à Tarfaya. Mais nous accueillons également des touristes de passage vers Dakhla», confie un hôtelier installé dans la bourgade de quelques milliers d’habitants. En outre, la province reçoit encore des caravaniers grâce à sa plage bordée de silhouettes de bateaux échoués. Par contre, la plupart de ses campings ont été fermés, à en croire un professionnel du tourisme.
Es-Smara : éco-tourisme et balade dans le désert
Enfin, Es-Smara, dont nous ne disposons pas de statistiques sur la capacité litière, a rejoint la région Laâyoune-Sakia El Hamra lors du nouveau découpage administratif en 2015. Dotée d’atouts culturels et de sites naturels – désert, oasis et grottes-, elle offre la possibilité de réaliser des circuits touristiques sportifs tels que l’éco-tourisme et le tourisme saharien.
Très appréciés par les amoureux du désert et les archéologues, plusieurs gravures rupestres se trouvent à proximité d’Es-Smara. L’histoire de cette région est tout aussi riche. Elle recèle un gros potentiel de développement du tourisme religieux et spirituel grâce à la présence de plusieurs zaouïas telles que celle de Cheikh Sidi Ahmed Rgaibi située à 90 km à l’est d’Es-Smara, la zaouïa de Cheikh Sidi Ahmed Laroussi, la zaouïa de Cheikh Sidi Ahmed Oumoussa à environ 40 km à l’ouest d’Es-Smara et la zaouïa de Cheikh Maalainin à Es-Smara.
