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Salles de cinéma : le prix du ticket augmente alors que l’affluence ne cesse de baisser

Les augmentations vont de 16 à  20% selon les salles suite à  l’instauration de la TVA dans le secteur. Selon la profession, la moitié des 40 salles en activité est condamnée par la hausse des charges et la baisse de la fréquentation.

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Megarama Casa 2013 01 16

Quelques mois après son entrée en vigueur, l’instauration de la TVA dans le secteur cinématographique a fini par tirer les prix du ticket à la hausse. Scénario redouté et qui va à l’encontre de l’esprit derrière l’instauration de cette taxe. Ainsi, la salle ABC, à titre d’exemple, a porté le prix du ticket de 30 DH à 35 DH, soit une majoration de 16%. Le même prix est pratiqué au Ritz alors que le Mégarama vient d’adopter une nouvelle grille tarifaire sur laquelle il indique clairement l’inclusion d’une TVA de 20%. Le prix d’une séance avant 17 h est passé de 40 DH à 50 DH, tandis que pour les séances à partir de 18h, le client débourse 60 DH au lieu de 50 DH. «Cette hausse des prix est tout sauf une bonne chose pour les salles de cinéma qui souffrent déjà d’une baisse cinglante de l’affluence», s’inquiète Hassan Belkady, propriétaire et gérant du cinéma ABC. Les chiffres avancés par la Chambre marocaine des salles de cinéma (CMSC) sont édifiants. Les 40 salles encore ouvertes n’enregistrent plus qu’une moyenne de 2 millions d’entrées par an contre une cinquantaine de millions dans les années 80. Sans parler du chiffre d’affaires qui, selon le gérant d’ABC, a chuté de 33% pour atteindre les 80 MDH en 2010.

Secrétaire général de l’association des salles de cinéma depuis trois ans, Hassan Belkady a milité aux côtés d’autres exploitants pour baisser les taxes liées au spectacle cinématographique. En effet, «les salles de cinéma  étaient les seules entités au Maroc à payer différentes taxes parafiscales au profit du Centre cinématographique marocain (CCM), de l’Entraide nationale, du Fonds de soutien du Maroc au peuple palestinien ainsi que les droits d’auteur». Cela représentait entre 12 et 14% des recettes brutes hebdomadaires des salles les plus fréquentées, sachant que le taux de ces taxes (de 1 à 6%) est fonction du chiffre d’affaires.

Le piratage, une autre source de problèmes

A ces taxes parafiscales venaient s’ajouter la patente, l’IS et les autres taxes auxquelles sont assujetties les sociétés normales. Les gérants de salles de cinéma se sont alors tournés vers l’Etat pour réduire ces charges dans un contexte de crise lié à la propagation du phénomène de piratage. «L’idée était de supprimer les taxes parafiscales pour instaurer une TVA culturelle comme en France, entre 5 et 7% récupérable». Après plusieurs réunions, l’application d’une TVA a été retenue mais pas au taux réduit qu’espéraient les gérants et propriétaires de salles. «Dans un premier temps, aucun prix n’a été augmenté mais après les premiers décaissements les gérants se sont vu obligés de répercuter cette hausse de taxes sur le prix du ticket», explique M. Belkady. D’autant plus qu’après l’entrée en vigueur des décrets abrogeant les précédentes taxes parafiscales le 16 mai 2012, les exploitants n’avaient pas encore épuré leurs dettes. Plusieurs salles n’ont pas pu donc payer à temps et d’autres ne pourront pas payer du tout et pourraient entrer dans un cercle vicieux dû aux majorations de retard de paiement. Si les choses se maintiennent, sur la quarantaine de salles toujours ouvertes au Maroc, uniquement une vingtaine qui travaille pourra survivre. L’autre moitié, surendettée, est vouée à une fermeture certaine.

 

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