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Affaires

Royal Air Maroc : le pourquoi d’une réorganisation

Rigueur dans la gestion et transparence en interne sont les raisons invoquées.
Les filiales auront moins de liberté pour les décisions stratégiques.
Le changement s’accompagne d’une totale refonte de la stratégie
commerciale.

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La nomination de Driss Benhima à  la tête de Royal Air Maroc (RAM), en février dernier, n’avait pas laissé indifférents les observateurs. Beaucoup s’attendaient d’ailleurs à  ce que le nouveau patron imprime rapidement ses marques. Cela n’a pas tardé à  venir, surtout avec la récente réorganisation. Certes, la réorganisation avait déjà  été lancée avec la création d’une direction de la stratégie et quelques retouches, même légères, de l’organigramme. Mais, le plus gros a été gardé, en fait, pour la rentrée. En effet, le mouvement a touché deux grosses pointures, et non des moindres, Ahmed Ammor, patron de la direction financière, et Abderrahman Saddok, celui de la direction de l’exploitation. La nomination respectivement des deux responsables à  la tête des filiales industrielles du groupe, Snecma et Matis, a été diversement interprétée. Elle s’inscrit pourtant, selon une source à  la RAM, dans la logique de la nouvelle organisation de la compagnie, qui vise deux objectifs.

Primo, il s’agit de revoir la politique commerciale de la RAM et de ses filiales, en plaçant le service client au centre des préoccupations. Il reviendra ainsi à  Hassan Hihi, Dga nouvellement chargé du développement, de penser et de concevoir avec ses équipes cette politique commerciale, et à  Abderrafii Zouiten, Dga commercial, rappelé de Paris, de mettre en Å“uvre cette politique. Non pas que la RAM n’avait pas de politique commerciale, mais parce que «l’entreprise la plus glamour du Maroc», pour reprendre l’expression de l’un de ses cadres, avait beaucoup d’amis à  l’extérieur, avec lesquels elle était, d’une manière ou d’une autre, généreuse, parfois plus qu’il n’en fallait.

L’autre objectif majeur de la nouvelle stratégie est de faire en sorte que les différentes entités de la RAM réapprennent à  travailler ensemble.

Davantage de communication entre les directions
C’est qu’au niveau interne les directions ne communiquaient pas entre elles et ne rendaient compte à  personne, ou très peu. Déléguer, dit-on aujourd’hui, c’est bien, mais jusqu’à  un certain niveau, et avec un contrôle interne plus rigoureux et un décloisonnement des départements. Sur ce sujet, un nouveau manuel d’organisation et de procédures est pratiquement finalisé. A titre d’exemple, pour ce qui est de la communication interne, ce manuel donne une large place à  la circulation de l’information de manière transversale. Ce qui revient à  l’instauration d’une plus grande transparence dans la gestion à  tous les étages de la hiérarchie.

L’autre volet sérieusement pris en main par la nouvelle présidence est celui des filiales. Ces dernières, qui jouissaient d’une grande autonomie de gestion, à  tel point que même certaines décisions stratégiques étaient prises sans réelle consultation, seront désormais mieux contrôlées par la maison mère.

Du reste, de nombreuses opérations seront réalisées en synergie entre toutes les filiales du groupe : contrats d’assurances, handling, achats, et surtout sécurisation juridique des décisions prises.
Des décisions qui montrent la volonté manifeste de la nouvelle équipe de remettre de l’ordre, et de manière plus prononcée, même si, pendant les premiers mois qui ont suivi sa nomination, Driss Benhima n’avait pas tenu à  faire dans le spectaculaire. On se rappelle ainsi que le conflit, qui durait depuis des mois, avec les techniciens grévistes, a été résolu en douce. Il y a eu, ensuite, la signature, non moins discrète, avec la Fédération nationale des agences de voyages, d’une convention mettant fin à  une autre guerre des tranchées déclenchée depuis la suppression par la RAM de la commission sur les billets qu’elle versait aux agences, et son remplacement par le «nouveau modèle économique», c’est-à -dire l’instauration d’un service facturé au client. Mais, apparemment, le temps est venu de mettre en place de plus grandes manÅ“uvres.