Affaires
Retraites au Maroc: Ce qu’en dit Ahmed Reda Chami
CDG Prévoyance a organisé ce lundi 24 juin à Rabat son forum dédié à la prévoyance et la retraite. Parmi les intervenants : Ahmed Reda Chami, président du Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE).

Ce lundi 24 juin à Rabat, CDG Prévoyance a organisé une nouvelle édition de son forum dédié à la prévoyance et la retraite, sous le thème : « notre rapport à notre retraite et à nos ainés ». Plusieurs responsables ont été présents, lors de cette événement, dont Ahmed Reda Chami, président du CESE, qui a pointé, chiffres à l’appui, certains dysfonctionnements du système de la retraite au Maroc.
« La retraite est un sujet important, on n’en a pas assez conscience”, a précisé Ahmed Reda Chami au début de son intervention. Selon lui, « l’une des recommandations qu’il faut prendre compte est le volet de la communication ».
Etat des lieux
Ahmed Reda Chami commence par mettre en lumière le contexte : “notre pays est en plein processus de transition démographique et dispose d’une fenêtre d’opportunités d’une vingtaine d’années où le nombre d’actifs sera élevé. Cette aubaine démographique offre un potentiel de croissance économique inestimable”. Mais pour pouvoir en profiter, selon le président du CESE, il faut renforcer le poids des actifs et adopter des politiques appropriés”.
Or, la Maroc “n’arrive toujours pas à exploiter” le dividende démographique. Pour preuve, les taux d’activité des personnes en âge de travailler : “Ce taux d’activité est insuffisant, et il est parmi les plus bas au niveau mondial. Le taux d’emploi est à 41,16%. Cela veut dire que seulement 41% de la population en âge de travailler contribuent », a développé Ahmed Reda Chami.
Ce dernier ajoute que le Maroc est “appelé à redoubler les efforts pour profiter de la fenêtre temporelle relative au dividende démographique qui devrait, selon toutes les prévisions, rester ouverte jusqu’à 2038”. Entre temps, le président du CESE a appelé à “accorder une place importante au renforcement des capacités et de l’employabilité, en particulier des jeunes”.
Les effets de l’actuelle transition démographique
Selon le président du CESE, “la transition démographique va engendrer une hausse de la part des personnes âgées dépendantes par rapport à la population totale”. En clair, le vieillissement de la population. Ce phénomène, ajoute Ahmed Reda Chami, “va réduire le facteur travail et va pénaliser en effet la croissance économique”.
De plus, “cette évolution va impacter négativement la viabilité du système de la protection sociale, en particulier les caisses de retraites ainsi que la couverture médicale”. Et ce, d’autant plus que “le système de protection actuel ne couvre que de façon très limitée la population âgée et fait déjà l’objet de dysfonctionnements qui menacent sa pérennité”, insiste Ahmed Reda Chami.
Citant un rapport de l’ACAPS de l’année 2017, Ahmed Reda Chami a mis la lumière sur un déséquilibre qui selon lui, “devrait inquiéter”. En effet, “à peine 24,5% des personnes âgées de plus de 60 ans disposent d’une couverture retraite. Soit un effectif de 868 000 personnes pour une population totale de près de 3,5 millions de personnes”, a-t-il précisé.
50% des retraités touchent une pension inférieure à 1534,5 DH
Selon lui, “les montants des pensions allouées sont souvent inférieurs au SMIG”. Il a également ajouté que “la moitié des retraités de la CNSS touchent une pension mensuelle inférieure à 1534,5 DH”.
A cela s’ajoute le déséquilibre financier dont souffrent les organismes de gestion des retraites. “Plusieurs organismes font face à de lourds enjeux d’équilibre financier pour avoir cumulé des engagements actuariels importants”. Une situation qu’il explique, entre autres, par “l’amélioration de l’espérance de vie, la baisse de la fécondité, l’entrée de plus en plus tardive dans la vie active”…
Face à cette situation problématique, Ahmed Reda Chami a également cité les réformes “visant la généralisation progressive de la couverture du système de retraite”. Tout en appelant à ce que ces réformes “soient complétées, il a précisé que ce chantier “a permis : la revalorisation de 50% de la pension minimale de retraite pour la CIMR et la RCAR; une réforme paramétrique des régimes de pensions civiles; le relèvement progressif de l’âge de départ à la retraite à 63 ans; la mise en place en cours d’un régime de retraite au profit des travailleurs indépendants et des non-salariés exerçant des activités libérales”.
