Affaires
Retraite anticipée CNSS, la formule ne prend pas : 903 dossiers traités en cinq ans
Lors du lancement de la formule, la caisse tablait sur un potentiel de 30 000 départs.
La moitié des demandes provient des salariés même de la CNSS.
Les patrons préfèrent négocier directement un arrangement de départ avec leurs salariés.
Mise en place en 2005, annoncée en grande pompe, la formule de retraite anticipée imaginée par la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) n’a finalement pas attiré grand monde. Les récentes statistiques de la caisse révèlent que seulement 903 dossiers ont été traités sur une période de cinq ans sur un potentiel de 30 000 postulants initialement visés par la caisse. Ces dossiers émanent de 80 entreprises opérant dans divers secteurs d’activité avec en tête le bâtiment et travaux publics (107 dossiers), la céramique (81), le maritime (61) et l’agroalimentaire (50). Les autres demandes proviennent de divers secteurs, entre autres l’hôtellerie, le commerce, la confection, l’agriculture, les assurances, l’enseignement et la médecine.
Mais il importe de souligner que 401 dossiers, soit 44,4% du total, concernent les employés de la caisse. Cet engouement est dû au fait que la caisse venait de mettre en place un plan de départ volontaire. Par conséquent, les employés intéressés âgés de 55 ans et plus pouvant à la fois bénéficier d’un capital dans le cadre du départ volontaire et de l’indemnisation au titre de la retraite anticipée ont sauté sur l’occasion.
La prime due à la CNSS jugée trop élevée
Instituée il y a cinq ans, cette possibilité de départ anticipé à la retraite a donc peu séduit, alors même que les employés partants avaient la possibilité de bénéficier de leur pension de retraite dès 55 ans. Autre avantage et non des moindres, elle s’inscrit dans le cadre de la politique de restructuration et de mise à niveau des entreprises dans la mesure où elle permet de libérer des postes d’emploi et donc de rajeunir les ressources humaines. Le problème se situe en fait dans le coût du désengagement que doit payer l’entreprise. Plusieurs patrons interrogés par La Vie éco considèrent que cette mesure «n’est pas une bonne affaire pour les employeurs». Certains d’entre eux affirment qu’«il est préférable de continuer à payer un salaire pendant une année ou deux avant la retraite, même si la personne ne fait plus grand-chose, plutôt que de payer la prime due à la CNSS !». En effet, une source proche du dossier explique que «dans plusieurs cas, et après avoir demandé une estimation de la prime à payer, l’employeur préfère opter pour un arrangement, un départ négocié, lui coûtant moins cher que la retraite anticipée». Et d’ajouter que «parfois ce sont les assurés eux-mêmes qui acceptent la moitié de la prime qui devait être versée à la caisse pour pouvoir quitter leur emploi». A la CNSS où l’on reconnaît que la retraite anticipée n’est pas une réussite, mais rien n’est pour l’instant prévu pour rendre le dispositif plus efficace. Du côté des entreprises, on appelle clairement à une révision des conditions financières.
