Affaires
Retournement de conjoncture pour le textile marocain ?
Des mois d’octobre et novembre catastrophiques pour le textile. A fin novembre, les exportations cumulées restent en hausse de 5.4%, mais on est loin des 17% de fin juin. Les marchés européens souffrent d’une atonie de la consommation.
Cela peut être considéré comme une bonne nouvelle pour les industriels du textile : sur les onze premiers mois, les exportations de textiles ont atteint 26,9 milliards de DH, en progression de 5,4 %, d’après les statistiques de l’Office des changes. Pourtant, la profession est loin de verser dans l’euphorie car le secteur enregistrait une progression de 17% en juin, fait remarquer un industriel. «Cette petite hausse confirme que la Zone euro, sur laquelle nous opérons, va très mal. Et de ce fait, nous devons rester vigilants», commente-t-il. Cet opérateur ne manque pas de noter que la croissance à fin novembre ne leur fait pas oublier les deux baisses de 11,5 % et de 11,6% concédées respectivement en octobre et novembre 2011 par rapport aux mêmes mois de 2010.
Des industriels disent travailler à perte pour maintenir leur compétitivité
D’après les estimations d’un responsable de l’Association marocaine des industries du textile et de l’habillement (AMITH), le secteur terminera l’exercice sur un chiffre d’affaires de 29 milliards de DH, soit un peu mieux qu’en 2010 bouclée avec 28,3 milliards de DH. Pour le moment, les deux grandes branches évoluent presque au même rythme. La confection a réalisé un chiffre d’affaires à l’export de l’ordre de 17 milliards de DH, marquant une hausse de 5% en comparaison avec les 11 premiers mois de 2011, alors que la bonneterie a progressé de 6,8% à 6,7 milliards. L’Amith souligne que la confection a beaucoup plus pâti du comportement des marchés étrangers, notamment ceux de l’Union européenne. En plus de la baisse de la consommation, cette branche a également souffert du prolongement de la saison estivale qui a retardé la mise en boutique des collections d’automne et d’hiver. Par contre, la bonneterie s’en est un peu mieux tirée du fait que c’est une filière intégrée.
En dépit de la conjoncture économique et des aléas climatiques, les entreprises ont pu quand même livrer leurs commandes dans les délais. Mais, aujourd’hui, elles disent manquer de visibilité et la plupart d’entre elles travaillent à perte. D’après une analyse des prix effectuée sur une longue durée sur les marchés européens, le prix moyen au kilo produit est passé de 21 à 22 euros entre 2010 et 2011. Seulement, cette augmentation ne compense pas les hausses enregistrées sur les coûts des intrants et du transport. Pour préserver leur compétitivité, les opérateurs se sont gardé de les répercuter sur leurs donneurs d’ordre. Du coup, la solution a été de maintenir les prix ou même de les revoir à la baisse pour protéger leurs marchés.
