Affaires
Région de Casablanca : à peine un milliard de DH d’investissements publics en dix ans !
730 millions de DH correspondent à des projets achevés et 267 millions concernent des projets en cours. Les infrastructures et le social représentent environ 80% du total. L’industrie et le tourisme très marginalisés avec des investissements publics de 20 millions de DH à peine.

La région de Casablanca confirme un paradoxe propre aux finances locales : alors que les excédents s’entassent, l’investissement reste structurellement relégué au second plan. Selon la Trésorerie générale du Royaume, les collectivités se sont limitées à investir 10 milliards de DH en 2012 sachant que leurs excédents s’élèvent à 27 milliards. Ne dérogeant guère à la tendance, la métropole a consacré à peine 120 millions de DH pour l’investissement sur des disponibilités de l’ordre de 1 milliard au titre de l’année précédente.
A y regarder de plus près, ce constat peut être élargi aux exercices antérieurs au cours desquels la région n’a pas fait mieux. En effet, en l’espace de dix ans, les investissements définitivement achevés et mis en activité s’établissent à peine à 730 millions de DH pour un total programmé de 1,5 milliard à fin 2012, selon les chiffres du Conseil de la région. Tandis que les projets en cours se montent à 267 millions de DH, alors que ceux en instance en raison de blocages administratifs ou techniques sont de l’ordre de 95 millions.
Heureusement, sur l’ensemble des investissements achevés, les infrastructures comptent pour 394 millions de DH, soit environ 53% du total. En nombre, les projets d’infrastructures représentent 180 sur les 311 projets réalisés au cours de la dernière décennie. Il s’agit principalement de chantiers relatifs à la création et l’aménagement de routes régionales, à l’instar de l’aménagement de l’intersection de l’autoroute d’El Jadida et Dar Bouazza pour 110 millions de DH, du dédoublement et de l’aménagement des voies Casa-Azemmour et Casa-Médiouna qui ont coûté 45 millions de DH, et la route provinciale de Sidi Hejjaj et Tit-Mellil pour 11 millions de DH. Il s’agit également des participations de la région dans le capital des sociétés adjudicataires de grands marchés à l’instar de Casa Transport dont la participation s’élève à 15 millions de DH et Casa Aménagement avec 5 millions de DH ; en plus de dotations complémentaires pour les offices publics siégeant sur le territoire de la région pour les investissements qu’ils réalisent, essentiellement l’ONCF pour la création de gares et l’ONEE pour l’adduction d’eau potable.
Par ailleurs, le domaine social a bénéficié d’une trentaine d’investissements achevés pour des dotations d’un total de 190 millions de DH, soit 25% de l’ensemble réalisé depuis 2003. Les projets sociaux ont concerné la construction et l’aménagement de maisons de jeunesse, de maisons de jeunes filles pour aider à leur scolarisation, d’espaces associatifs et de marchés municipaux dans les zones rurales jouxtant la ville.
Défaut de contrôle, de planification et de gestion efficace des projets
Carrément à l’opposé, les investissements publics en matière d’infrastructures touristiques et industrielles ont été littéralement marginalisés, ne confortant aucunement le positionnement de la région en tant que hub industriel et nouvelle destination pour le tourisme d’affaires. En l’espace de dix ans, les deux secteurs ont été le parent pauvre de la politique d’investissement de la région à travers quatre projets totalisant pas plus de 20 millions de DH, soit 2,5% du total, alors que l’enveloppe consacrée, par exemple, aux études représente 5% du budget de l’investissement sur la dernière décennie. Ce désintérêt des pouvoirs publics vient aggraver la posture des infrastructures industrielles de la région, censées constituer un facteur d’attrait pour l’investissement privé.
Ceci étant, et mis à part ce déséquilibre en matière d’allocation du budget selon la priorité des secteurs, les observateurs s’accordent à dire que l’effort d’investissement reste très timide lorsqu’on le rapporte à la durée, aux disponibilités de la région (qui dépasse le montant des investissements réalisés en dix ans), au volume annuel de ses recettes et surtout à ses besoins de plus en plus importants occasionnés par une urbanisation qui ne cesse d’évoluer. «La raison n’est pas du tout à rechercher du côté des procédures, mais c’est plutôt du ressort des volontés politiques», affirme un spécialiste de la chose locale. Et d’ajouter : «A la différence des administrations et organismes centraux, la procédure pour engager une dépense d’investissement au niveau des communes et collectivités est de loin moins contraignante. Du fait de leur autonomie financière et de leur statut de plus en plus mis en avant par la régionalisation avancée, elles disposent de ressources mobilisables avant le début d’année, et il leur suffit de programmer, selon le calendrier des rentrées prévisionnelles, les projets à financer pour que l’administration centrale débloque les budgets correspondants».
C’est dire que la configuration actuelle des finances locales traduit clairement que les collectivités ont dépassé les soucis liés au manque de ressources et à la difficulté de les mobiliser. Selon les spécialistes du développement territorial, elles se trouvent depuis un certain temps confrontées surtout à des problèmes majeurs au niveau de la planification et du contrôle, de la gestion de projet, du respect des délais, et de la maîtrise d’ouvrages relative à des projets structurants.
