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Regain d’intérêt des banques pour le Fogarim

Le nombre de bénéficiaires et le volume de crédits augmentent de 11% au premier trimestre. Le retour des banques s’explique par l’actuel contexte de surliquidité qui pousse à ne négliger aucune niche pour placer des crédits.

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Credits immobiliers

Après un passage à vide en 2015, le fonds Damane Assakane par lequel l’Etat garantit les prêts immobiliers reprend du tonus. Un milliard de DH de crédits garantis ont été mobilisés au premier trimestre de 2016, ce qui marque une progression de 9% par rapport à la même période de l’année passée. Le nombre de bénéficiaires progresse au même rythme, à 5 361 emprunteurs. C’est le produit Fogarim dédié à la garantie des prêts au logement en faveur des populations à revenu modeste ou non régulier qui alimente le plus la croissance. Il enregistre une hausse de 11% en nombre de bénéficiaires (3 861) et en volume de crédit (633 MDH). Le Fogaloge destiné à la classe moyenne affiche pour sa part une progression de 5%.

L’année passée, Damane Assakane avait terminé sur une baisse d’activité et du nombre de bénéficiaires de 15%, à 3,79 milliards de DH de financements mobilisés pour le compte de plus de 20 000 ménages. Il faut toutefois relativiser cette décrue en précisant que 2014 a été une année exceptionnelle avec une hausse de volume de 23%, niveau jamais atteint par le fonds depuis son entrée en service en 2004. Hormis cet effet de base défavorable, le management de la Caisse centrale de garantie (CCG) qui gère le fonds impute la baisse d’activité de 2015 principalement à la faiblesse de la demande solvable. Est-ce à dire que la donne a changé en 2016 ?

Les banques ont la possibilité de faire garantir un portefeuille de crédits dans son ensemble

Pour le management de la CCG, l’embellie constatée depuis le début de l’année marque simplement un retour à la normale. «Au delà des considérations conjoncturelles ou de marché qui peuvent affecter les réalisations annuelles, les ingrédients sont réunis (stabilité des conditions de crédit, disponibilité de l’offre en logements sociaux…) pour que l’activité du fonds Damane Assakane maintienne le trend haussier affiché sur les 5 dernières années», explique-t-on auprès de l’organisme.

Côté banques, on avoue plus directement que les financements adossés à Damane Assakane, notamment les solutions Fogarim, regagnent d’intérêt dans l’actuel contexte de surliquidité bancaire qui pousse à ne négliger aucune niche pour placer des produits. Notons d’ailleurs que les établissements ne parviennent toujours pas à redresser la barre s’agissant de distribution de crédits, ceux-ci ayant vu leur encours baisser encore de 2% sur les 4 premiers mois de l’année, à près de 770 milliards de DH.

Un signal fort de ce regain d’intérêt pour les financements adossés à la garantie Damane Assakane est le retour d’Attijariwafa bank sur la solution Fogarim ces derniers mois, l’établissement s’étant un temps désengagé du mécanisme. Les banques semblent à ce point motivées qu’elles concèdent même des baisses de taux sur les crédits Fogarim, ce qui était encore inimaginable il y a quelques temps, au vu du profil de risque des bénéficiaires. Le taux d’intérêt moyen des crédits garantis au titre du Fogarim a connu une légère baisse sur le premier trimestre 2016, après la stabilité autour de 6,35% constatée sur les six derniers exercices, fait-on savoir auprès de la CCG.

La caisse y a également mis du sien pour favoriser le recours à ce mécanisme. La dernière vague d’améliorations mise en œuvre tout juste le début de l’année passée a étendu le mécanisme au programme de l’Habitat menaçant ruine (HMR). De même, la CCG a introduit pour les établissements bancaires, la possibilité de faire garantir un portefeuille de crédits dans son ensemble au lieu de garantir des prêts individuels, comme cela se fait en règle générale. S’ajoute à tout cela la pleine dématérialisation du processus de mise en jeu de la garantie. Cet aspect a été historiquement le plus critiqué par les banques en raison des lourdeurs qu’elles subissent pour se faire indemniser en cas de défaillance d’un emprunteur. Le taux de satisfaction des mises en jeu de garantie qui ne dépassait pas encore 20% en 2011 est monté à plus de 90% par la suite et approche à présent les 100%.