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Redouane Najm-eddine : «Les Banques de détail et les Caisses d’épargne seront essentielles pour juguler les effets négatifs de cette crise»

Le monde traverse une crise sanitaire unique dans l’Histoire de l’Humanité, sans que nul ne puisse présager ni de sa durée,
ni de son ampleur. Il est important de souligner les efforts entrepris par les gouvernements de pays qui sont à des stades plus avancés de l’épidémie et qui ont mobilisé leur population et fait preuve de prises d’initiatives et d’innovations dans plusieurs domaines.

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Redouane Najm eddine Président du Directoire dAl Barid Bank Maroc et Président du Groupe Régional Afrique de WSBI

La Covid-19 a frappé brutalement tous les continents, toutes les populations, et toutes les couches sociales. Au 8 juillet, il y avait près de 12 millions de cas de maladie signalés dans le monde et environ 509 000 cas confirmés dans les 52 pays africains et selon les experts du domaine, ces chiffres pourraient augmenter considérablement lors d’une éventuelle deuxième vague de la pandémie.
Certes, le continent africain semble moins affecté en terme de décompte des victimes de la Covid-19, cependant les répercussions économiques et sociales de cette crise sanitaire mondiale affecteront fortement la capacité de réponse et la résilience des Etats africains. En effet, les mesures de confinement ont engendré un ensemble d’effets négatifs tels que la chute des prix des matières premières, la baisse des activités de productions et de service, ainsi que la réduction des investissements, des transferts transfrontaliers et des recettes fiscales. Les conséquences de la Covid-19 pourraient provoquer une contraction du Produit intérieur brut africain de l’ordre de 22,1 à 88 milliards de dollars, soit 0,7 à 2,8 points de pourcentage en 2020. Néanmoins, les Etats africains sont amenés à prendre des mesures anticipatives et courageuses afin d’endiguer la propagation de cette pandémie et de contenir son impact économique et social. Ils doivent agir sitôt par l’adoption, d’une part, de consignes sanitaires strictes pour préserver la santé de leurs citoyens (fermeture des frontières et des lieux publics, confinement et couvre-feu, port de masques obligatoire,…), et, d’autre part, de mesures sociales et économiques pour soutenir les populations les plus fragiles et les secteurs vulnérables (mise en place de filets sociaux, moratoire de remboursement des crédits, suspension des charges sociales, mise en place de lignes de crédits ).
A ce titre, il est important de souligner les efforts entrepris par les gouvernements de pays qui sont à des stades plus avancés de l’épidémie et qui ont mobilisé leur population et fait preuve de prises d’initiatives et d’innovations dans plusieurs domaines. A ces efforts nationaux s’ajoutent les initiatives mises en place par les principaux bailleurs de fonds internationaux et régionaux (Banque Mondiale, FMI, BAD…) pour fournir aux Etats africains un soutien budgétaire d’urgence, rapide, rentable et ciblé grâce à des processus d’approbation accélérés pour les interventions dans les domaines prioritaires.
Par ailleurs, et afin de limiter l’impact de cette crise sur le système bancaire (baisse drastique de l’activité et des revenus, défauts de paiement et dégradation du portefeuille), l’intervention des Banques centrales est plus que nécessaire, pour décréter les mesures et dispositions monétaires et prudentielles idoines telles que révision du Taux directeur, nouvelles lignes de liquidités, instruments de refinancement, exigences en matière de liquidités, de fonds propres, de provisionnement des créances …
De leur côté, les banques de détail et les caisses d’épargnes sont conscientes du rôle qu’elles doivent jouer pour amenuiser autant que possible les effets de cette crise sur les populations et notamment les plus vulnérables ; elles ont tous les atouts pour continuer à soutenir l’économie réelle, à protéger leurs clients (particuliers, indépendants, TPE et PME) dans cette période critique et pour confirmer, si besoin est, leur engagement social et inclusif : (i) connaissance et proximité avec l’ensemble du tissu social, (ii) accessibilité de leurs produits, (iii) capillarité de leurs réseaux, (iv) mobilisation de leurs ressources humaines. En poursuivant leurs efforts d’éducation financière et digitale de la population et de soutien financier de leurs clients en difficulté, nous restons convaincus du rôle prépondérant et crucial des banques de détail et caisses d’épargnes, pour contribuer grandement à la sortie de cette crise et à la relance de l’économie de leurs pays.
Enfin, nous sommes convaincus que la sortie de la crise et la relance économique ne seront possibles qu’à travers la solidarité et la communion des efforts des Etats comme des individus.