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Affaires

RAM rationalise ses charges pour faire face à  la hausse du coût du pétrole

Avec un baril à  125 dollars, la compagnie supportera en 2012 un coût additionnel de 40 MDH par rapport à  sa prévision initiale de 110 dollars. Renouvellement des avions, rationalisation de leur exploitation, répercussion du surcoût sur le prix du ticket, les pistes de la compagnie pour faire face à  la surchauffe.

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RAM royal air Maroc 2012 04 03

Les temps sont durs pour les compagnies aériennes. Selon l’Association internationale des transports aériens (IATA), si le prix du baril de pétrole qui se situe actuellement autour de 125 dollars parvient à 150 dollars, plusieurs compagnies dans le monde pourraient faire faillite. Cette association s’attend aujourd’hui à un prix moyen pour 2012 de 115 dollars, ce qui la pousse à réviser à la baisse ses prévisions pour ce qui est des bénéfices des compagnies aériennes, qui atteindraient 3 milliards de dollars au lieu de 3,5 milliards prévus en décembre dernier. Mais, avec l’hypothèse de 150 dollars, les pertes pour toute la profession seraient de 5 milliards de dollars, et, si toutes les régions du monde sont touchées dans le cas d’un tel scénario, c’est l’Europe et sa région qui souffriraient le plus.
Ceci n’est pas de bon augure pour la compagnie nationale Royal Air Maroc (RAM) qui fait l’objet aujourd’hui d’un plan de redressement. Selon une source à la compagnie, les dépenses en carburant ont atteint 4,2 milliards de DH en 2011, soit 33% des dépenses totales et un milliard de dirhams de plus qu’en 2010. On précise que pour une compagnie aérienne classique, le  poste carburant représente jusqu’à 40% des charges, voire plus encore pour les compagnies low cost, sachant que celles-ci ont moins de charges hors carburant.

Une «surcharge carburant» de 40 DH par vol aller simple

Selon Abderrafia Zouitene, directeur général exécutif à la RAM, une augmentation de 1 dollar du prix du baril représente pour les compagnies aériennes une dépense supplémentaire de 40 milliards de dollars par an. Que doit faire la RAM face à cette flambée du prix du pétrole ?
D’abord, précise M. Zouitene, une telle perspective donne plus de sens aux mesures prises dans le cadre du contrat programme signé avec l’Etat. Pour l’exercice 2012, RAM avait déjà un peu anticipé la hausse en retenant l’hypothèse d’un baril à 110 dollars alors que le cours sur le marché était de 103 dollars. Il n’empêche qu’au cours actuel de 125 dollars, c’est un coût additionnel de 40 MDH qu’il faudra compenser d’ici à octobre 2012, mois qui marque la fin d’une année d’activité.
Aussi, toutes les ficelles sont bonnes pour réduire les coûts. Outre le fait que la RAM s’est séparée dans le cadre de sa restructuration de quelque 1 500 employés, la compagnie a mis aussi au sol 10 appareils anciens qui consomment plus de carburant (des Boeing 737 400 et 500) pour garder une flotte de 44 appareils, inclus les avions de RAM Express qui assurent les lignes intérieures. La flotte maintenue a été rajeunie grâce au remplacement de 9 appareils par d’autres de nouvelle génération, moins gourmands. RAM a en effet reçu 4 avions nouveaux conformément à son plan d’investissement et a eu recours aussi à la location de 5 autres.
Par ailleurs, et toujours dans le but d’économiser la consommation de carburant, la compagnie s’est attaquée à la charge des avions et à leur temps de vol en passant par des techniques d’approche au moment des atterrissages ou des décollages pour limiter cette consommation.
La compagnie a recours aussi au procédé dit «surcharge carburant» qui consiste à répercuter la hausse du prix du carburant sur celui du billet. La hausse passe inaperçue à côté des fluctuations que connaît le prix du ticket en fonction de la demande. Elle s’est matérialisée pour la RAM par un relèvement de l’ordre de 40 DH pour chaque vol aller simple. De même, la compagnie a également procédé à des augmentations de tarifs pour les bagages en excédent.
Enfin, le recours à Internet permet de faire des économies et, aujourd’hui, la RAM génère 22% de son chiffre d’affaires par ce biais, ce qui représente une prouesse, étant donné le recours limité à la carte de paiement par les Marocains. A titre de comparaison, selon la RAM, 24% du chiffre d’affaires d’Air France se fait par ce canal.