Affaires
Rachid Idrissi Kaitouni : «Le renforcement du rôle de l’ANRE est en phase avec les transformations que connaît le secteur énergétique»
La nomination d’un nouveau patron de l’ANRE, dont le spectre couvrira désormais tout le domaine énergétique, augure d’une transformation de fond pour le secteur. Réaction à chaud du président de la Fédération de l’énergie, affiliée à la CGEM.
La Vie éco : Comment votre Fédération a-t-elle accueilli l’annonce de transformation de l’ANRE avec l’élargissement de ses attributions, ainsi que la nomination à sa tête d’un nouveau responsable ?
Rachid Idrissi Kaitouni : Sous la conduite éclairée de SM le Roi Mohammed VI, notre pays a connu une véritable mutation énergétique, à coup de réformes de fond et de projets d’envergure. Le secteur est effectivement arrivé à une phase de maturité qui nous impose de nous doter d’une institution de régulation qui couvre l’ensemble des filières, que ce soit l’électricité, le gaz naturel ou l’hydrogène. Mais aussi et surtout, toute la chaine de valeur, allant de la production à la distribution en passant par le stockage et le transport. Les orientations royales données en sens, lors du dernier Conseil des ministres, amorcent ce nouveau cap stratégique en posant les jalons d’une gouvernance énergétique exemplaire. L’Agence nationale de régulation de l’électricité va en fait pouvoir capitaliser sur son expérience pour étendre justement son spectre à tout le secteur. Cette régulation intégrée permettra, entre autres, d’optimiser la complémentarité entre différents systèmes et, de facto, accélérer la transition énergétique. Quant à la nomination d’une compétence reconnue, en la personne de Zouheir Chorfi, à la tête de ce «nouveau régulateur», je pense qu’elle va donner l’élan nécessaire à cette institution pour réussir sa transformation.
Quelles sont les attentes de votre Fédération quant à cette nouvelle Autorité ? Comment voyez-vous son futur rôle ?
La future Agence nationale de régulation de l’énergie (comprenez l’ANRE dans sa nouvelle mouture) est censée être le gendarme du secteur, comme c’est le cas de l’ANRT dans le domaine des télécoms. Elle devra d’abord assurer un cadre réglementaire propice au développement de ce domaine, en s’inspirant des meilleures pratiques à l’international et en tenant compte des spécificités locales. Il faut savoir que le Maroc est déjà le seul pays du continent à être connecté au réseau européen et il a vocation à devenir un hub énergétique régional et mondial à travers des projets titanesques et un modèle de développement qui combine souveraineté, durabilité et attractivité économique. L’accompagnement de cette vision royale de positionner notre pays en corridor énergétique central, reliant l’Europe, l’Afrique et le bassin atlantique passe par une régulation intégrée et exemplaire du secteur, condition sine qua non pour attirer plus d’investissements, privés comme publics, dans ce secteur très capitalistique et valoriser au mieux nos atouts dans ce domaine.
Quelles sont les prochaines étapes de cette transformation de l’ANRE ? Le processus devrait-il prendre beaucoup de temps ?
La prochaine étape sera sans doute la promulgation d’une nouvelle loi, ou encore l’amendement de la loi 48-15 relative à la régulation du secteur électrique, pour justement élargir les attributions de l’ANRE. C’est l’occasion d’enrichir l’arsenal législatif du domaine énergétique, de manière à être plus en phase avec les mutations observées ces dernières années. La Fédération de l’énergie est bien évidemment prête à se mobiliser pour accompagner les pouvoirs publics dans l’ensemble de ce processus de transformation. S’agissant du temps que cela va prendre, la question est à poser au gouvernement et aux parlementaires qui connaissent mieux leurs calendrier et programme législatifs. Mais vu la célérité et l’efficacité dont fait preuve la majorité gouvernementale actuelle, on peut lui faire confiance pour mener à bien ce projet dans les meilleurs délais.