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Rabat-Salé-Kénitra : Handicap International au chevet des femmes vulnérables
Le projet est monté avec la région de Bruxelles-Capitale et le Réseau marocain de l’économie sociale et solidaire. Près de 200 femmes vulnérables seront accompagnées pendant 18 mois dans le cadre de l’économie sociale et solidaire. 52% des femmes de la région sont analphabètes.
Le Réseau marocain de l’économie sociale et solidaire (REMESS) a organisé, le 10 janvier, à Rabat, une rencontre d’échange sous le thème : «L’autonomisation des femmes vulnérables». Cette rencontre s’inscrit dans le cadre du projet «Les femmes: actrices de l’économie sociale et verte au Maroc». Mis en œuvre par Handicap International, en partenariat avec la région de Bruxelles-Capitale et le REMESS, le projet en question a pour objectif la diminution des inégalités liées au genre et aux effets négatifs des changements climatiques dans la région de Rabat-Salé-Kénitra, à travers l’autonomisation des femmes dans le domaine de l’économie sociale; et ce, grâce à la création d’activités génératrices de revenus (coopératives, auto-entreprenariat) et l’emploi salarié.
«Depuis 2005, nous travaillons dans plusieurs régions du Royaume, en partenariat avec des associations et la CGEM, à l’insertion professionnelle des handicapés, par le biais de l’auto-emploi et surtout le salariat, en ciblant principalement les jeunes jusqu’à l’âge de quarante ans», explique Amélie Prevalet, chef de mission et représentante de Handicap International au Maroc. Et d’ajouter : «Forts de cette expérience positive, et grâce au financement de la région de Bruxelles-Capitale, nous avons élargi notre action aux femmes vulnérables».
Imane El Brahmi, chef du projet à Handicap International, précise, quant à elle, que «la finalité est l’amélioration des conditions de vie et l’autonomie des femmes vulnérables de la région de Rabat-Salé-Kénitra, grâce à un accompagnement personnalisé qui permettra de les introduire dans des initiatives économiques, sociales, vertes, écologiques et durables».
Il faut savoir que 52% des femmes de la région sont analphabètes et seulement 33% d’entre-elles sont diplômées. Le taux d’activité des femmes en milieu urbain y est plus faible qu’en milieu rural et qu’au niveau national celles-ci ont accès à un nombre de métiers réduits. De par leur réseau faible, les femmes n’ont, en effet, qu’un accès très limité au salariat et sont plutôt sur des modes d’activité de survie. De même que, dans la région, 53% des femmes citadines qui travaillent ne disposent pas de couverture médicale. Enfin, l’accès à l’auto-entrepreneuriat féminin y est limité par le manque de financement. C’est ainsi qu’en 2012, seules 0,8% des femmes actives de la région étaient des auto-entrepreneurs.
Le projet, dont la durée a été fixée à dix-huit mois, prévoit l’accompagnement de près de 200 femmes vulnérables (victimes de violence, mères célibataires, immigrées, etc.) dans leur processus d’autonomisation, dans le cadre de l’économie sociale et solidaire et en particulier vers le secteur des métiers verts. L’accompagnement des femmes vulnérables se fera en huit étapes: la sensibilisation, l’écoute et l’orientation, la sélection, le suivi collectif et individuel, la création de business plan, le dépôt des dossiers, le suivi post-création et le diagnostic de la situation du projet.
Le projet comprend quatre actions : la mise en convergence des acteurs locaux dans le but de créer une dynamique de concertation régionale, qui contribue à l’insertion des femmes vulnérables ; l’identification des débouchés du secteur écologique, à travers une analyse des éco-filières porteuses d’opportunités professionnelles ; la formation et l’accompagnement des femmes identifiées ; et enfin, l’appui aux initiatives locales innovantes. Dans le cadre de ce processus, une plateforme d’échange, sous forme d’un ensemble de rencontres et de réunions entre les acteurs de l’insertion professionnelle des populations vulnérables, a été mise en place.
Abdellah Souhir, président du REMESS, estime, pour sa part, que «l’autonomisation des femmes vulnérables est une question qui doit retenir l’attention de tous et à laquelle il faut accorder une considération particulière, dans la mesure où elle est le centre de convergence des principes et des valeurs de l’économie sociale et solidaire».
A noter que, dans le cadre du projet, une étude a été réalisée pour identifier les filières et les éco-filières porteuses d’opportunités professionnelles et d’employabilité, pouvant avoir une vocation inclusive et écologique. L’étude a permis de déterminer plusieurs secteurs d’emploi potentiel, dont notamment la collecte et la revente de déchets ménagers et solides, l’éducation, l’accompagnement et le soin de personnes dépendantes, la transformation des plantes vertes aromatiques et médicinales, l’artisanat et le savoir-faire traditionnel, le tourisme, l’animation et le développement local.