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Quand le tramway enfonce les prix de l’immobilier résidentiel !
La demande de biens situés en face des lignes de tramway en net recul à Casablanca et Rabat. Les acheteurs fuient les nuisances sonores et la rareté des places de stationnement. Promoteurs et propriétaires d’appartements se trouvent obligés de revoir leurs prix à la baisse.
Des propriétaires et promoteurs de biens immobiliers situés en face des lignes du tramway se sentent piégés! Ce moyen de transport a «détruit» de la valeur sur son passage. Pourtant, il est censé revivifier les quartiers et redessiner l’espace urbain. Objectif qu’il a atteint dans plusieurs zones mal desservies en transports en commun et souffrant d’un déficit d’aménagement. Mais, apparemment, dans d’autres, le tramway a eu plutôt un effet négatif. Si certains commerçants ont été les premiers à sentir l’impact du passage du tramway sur leur business (voir encadré), des détenteurs d’actifs immobiliers à usage résidentiel ont fini par constater une baisse de la valeur de leurs biens.
Au départ, la proximité d’une ligne de tramway était un critère d’achat d’un logement compte tenu du gain de temps et d’argent. A leur tour, les promoteurs se sont rués sur les terrains pour construire des immeubles à usage d’habitation ou professionnel.
Effectivement, les prix avaient légèrement augmenté car la demande avait bien suivi. Cela s’est vérifié notamment à Rabat, première ville à avoir constitué un réseau du tramway.
Sauf que cette situation n’a pas duré. Plusieurs habitants et acheteurs potentiels ont déchanté à cause des nuisances sonores, de la rareté des places de stationnement… Du coup, propriétaires désirant déménager et promoteurs ont eu du mal à trouver des acheteurs. «Le centre-ville de Rabat est devenu une zone quasiment sinistrée», se désole un notaire. Certes, les promoteurs peinent à vendre en raison d’une conjoncture globalement morose, mais le tramway n’a pas arrangé les choses ; même après une correction des prix. «Si les appartements ont vu leurs prix reculer de 20% en moyenne depuis quelques années, ceux qui se positionnent sur le tracé du tramway ont, eux, reculé de 5% de plus», martèle un promoteur à Rabat.
A Casablanca, les immeubles neufs situés sur les bd. Abdelmoumen et Anoual enregistrent des taux de commercialisation très bas, malgré des prix attractifs. «Même les villas situées sur l’avenue Sidi Abderrahmane, jusqu’au croisement avec la route d’Azemmour, ont fait les frais de cette situation. Les prix ont chuté de 30%», explique notre source. Affichés initialement à 20 000 DH/m2, des appartements sont proposés à moins de 15 000 DH.
Les biens situés dans les avenues parallèles plus demandés
Les lots de terrain ne font pas l’exception. «Leurs propriétaires ont du mal à convaincre les promoteurs, malgré des remises intéressantes», assure Moncef Lahlou, directeur général de Capital Foncier.
«Par contre, les immeubles ou villas situés en 2e ligne ou dans les ruelles à proximité du tramway sont plus demandés», tempère M.Lahlou.
Un promoteur immobilier relativise, de son côté, l’impact négatif du tramway à Rabat. Plusieurs personnes travaillant à Rabat et habitant Salé (ou inversement) cherchent à acquérir un bien à proximité du tramway. Du coup, la demande dans certains quartiers se fait sentir, sans que les prix ne repartent à la hausse. «A Salé, le neuf se négocie toujours entre 10000 et 11 000 DH/m2 et la seconde main à 9 000 DH/m2 en moyenne», précise ce promoteur.
Dans les deux villes, des professionnels considèrent que le peu de transactions concernant des biens à proximité des voies du tramway s’explique davantage par les arbitrages de certains acquéreurs à pouvoir d’achat moyen, qui souhaitent tirer profit d’une baisse des prix et d’un logement de standing.
[tabs][tab title = »Plusieurs commerçants ont mis la clé sous la porte« ]Le passage du tramway a bridé la demande sur les locaux commerciaux. «Les transactions sur l’immobilier commercial sont très rares sur les axes concernés, que ce soit pour les boutiques, les cafés…», souligne un notaire à Casablanca. Plusieurs commerces ont mis la clé sous la porte, compte tenu de la baisse de la fréquentation. Les propriétaires d’immeubles à usage de bureaux, eux, se trouvent obligés d’acheter des places de parking supplémentaires pour faciliter le stationnement au personnel ou à leurs clients. «C’est le cas d’un client qui a acquis un bureau de 400 m2 sur le bd. Abdelmoumen et qui a dû, en plus, acheter 8 places de parking», illustre le notaire.[/tab][/tabs]