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Qualité de l’air à  Casablanca : pas si mauvais qu’on le croit mais grand danger sur AIN SEBAA

La pollution due au soufre y atteint des niveaux inquiétants en raison de la présence d’industries pétrochimiques.

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CASABLANCA qualite air 2011 01 11

Ce n’est pas une légende. La zone industrielle d’Aïn Sebaâ à Casablanca est l’un des endroits les plus pollués du Maroc. Au-delà de cette triste première place, la pollution de l’air de la zone y atteint de tels niveaux qu’un réel risque existe pour ses habitants. Et cela ne s’améliore toujours pas. Suite aux informations recueillies auprès de la direction de la météorologie nationale, la station de mesure de la qualité de l’air installée au club ONCF d’Aïn Sebaâ enregistre régulièrement des dépassements des seuils nationaux d’information et d’alerte. Le bulletin hebdomadaire de la direction de la météorologie nationale de la semaine du 2 au 8 août dernier relève que ce fut précisément le cas les mercredi 4, jeudi 5 et vendredi 6. Sur l’ensemble de la semaine, la concentration horaire maximale de dioxyde de soufre (SO2) a été de 851 microgrammes/m3 alors que le seuil d’information fixé au Maroc est de 350 microgrammes/m3 et que le seuil d’alerte est fixé à 550 microgrammes/m3. Responsable de troubles respiratoires, le SO2 se retrouve principalement dans les zones industrielles, puisqu’il provient de combustibles fossiles contenant du soufre (fuel, charbon). Nul doute que la proximité de l’usine de la Samir n’est pas étrangère à cette situation.

Forte concentration de dioxyde de soufre durant la semaine du 22 au 28 novembre

Idem pour les données concernant les particules en suspension ou poussières dont le périmètre est inférieur à 10 micromètres (PM10). La concentration journalière maximale de ce polluant observée à la station d’Aïn Sebaâ durant la première semaine d’août est de 172 microgrammes/m3 quand le seuil d’information est fixé à 150 microgrammes/m3. A noter que ces particules en suspension sont responsables de troubles respiratoires, de cancers et de mutations génétiques. L’indice de qualité de l’air, prévision calculée à partir des sous-indices de 4 polluants (dioxyde de soufre, oxydes d’azote, ozone et particules en suspension) a également été, selon l’appellation utilisée, d’une qualité médiocre à très mauvaise durant cette même semaine, enregistrant des pics les jeudi et vendredi. Même constatation si l’on observe le bulletin hebdomadaire de la dernière semaine de novembre 2010. Ainsi, du 22 au 28 novembre, la station de mesure d’Aïn Sebaâ fait à nouveau état d’inquiétants dépassements en ce qui concerne la concentration horaire de SO2. La maximale durant cette semaine a, en effet, été de 892 microgrammes/m3, encore une fois largement au-delà des seuils d’information et d’alerte.
Depuis que la qualité de l’air est mesurée, les mêmes constats sont chaque fois faits. Et rien n’y fait. La station d’Aïn Sebaâ enregistre toujours des niveaux inquiétants de concentration de polluants, et particulièrement de SO2. Le plus surprenant, et malgré les idées reçues, les stations de mesure de la qualité de l’air à Casablanca enregistrent des données tout à fait correctes au regard des seuils d’information et d’alerte fixés, aussi bien du point de vue niveau national qu’international, par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Ainsi, les 4 autres stations situées dans le quartier des Hôpitaux (CHU), au niveau de la place Mohammed V (wilaya), à Derb Soltane (Al Jahid) et à Sidi Othmane enregistrent de bien meilleurs indices de la qualité de l’air. Si l’on prend l’ensemble de l’année 2009, les indices ont été qualifiés de bons à très bons durant 56% à 65% du temps sur les stations CHU et wilaya.
La station Al Jahid a marqué environ 50% du temps un air d’une qualité moyenne à médiocre, principalement à cause des niveaux de pollution atteints par l’ozone et les poussières. Sans surprise, la station d’Aïn-Sebaâ a enregistré 37% du temps un air d’une qualité mauvaise à très mauvaise, toujours due à la pollution soufrée. Toujours en 2009, les normes annuelles pour la protection des écosystèmes, de la végétation et de la santé ont été dépassées dans la totalité des stations de mesure de la qualité de l’air de la région du Grand Casablanca, à l’exception de la station CHU où la norme annuelle pour la protection de la santé n’a pas été dépassée en 2009.