Affaires
Protection de l’environnement : un millier d’entreprises de zones industrielles mutualisent leurs besoins et expériences
La coopération allemande offre son appui technique. Huit associations ou sociétés de gestion de zones industrielles au Maroc ont déjà rejoint le collectif. Plusieurs projets sont en réflexion.
De la rencontre entre les associations de zones industrielles (ZI) et le Programme de gestion et de protection de l’environnement (PGPE) de Mohammédia, chapeauté par la coopération technique allemande (GIZ), est né le concept inédit de collectif des zones industrielles pour l’environnement (CoZInE). L’aventure a démarré précisément le 25 juin 2011, date à laquelle l’idée fut largement diffusée aux éventuels partenaires institutionnels, tels que les ministères concernés, les Centres régionaux d’investissement (CRI) ou encore la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). L’objectif d’un tel collectif est multiple. «Le CoZInE a été mis en place pour permettre la mutualisation et l’optimisation des besoins des zones industrielles en matière d’environnement. Il s’agit par exemple de promouvoir l’efficacité des ressources pour que ces industriels n’utilisent que ce dont ils ont besoin pour fabriquer ce qu’ils produisent», résume Abdelaziz Mrani, conseiller technique senior pour le PGPE. «Le CoZInE permet surtout le partage d’expériences entre les différentes associations de ZI et sociétés de gestion.
Auparavant, chacun travaillait de son côté sans se préoccuper de réaliser un benchmarking rapide entre les différentes ZI. Nous avons pourtant tous les mêmes problématiques. Aujourd’hui, avec le CoZInE, nous partageons nos expériences, nos réussites comme nos erreurs», précise pour sa part Siham El Khaddar, DG de l’Association des opérateurs économiques des ZI de Sidi Bernoussi (IZDIHAR), et également animatrice du CoZInE. Mais ce collectif va plus loin. Il permet également de mieux comprendre les problématiques environnementales des ZI et de pouvoir ainsi proposer des solutions pour les concepteurs de futures ZI. «Nous pouvons ainsi prévoir toutes les infrastructures nécessaires pour éviter tous types de pollutions dans les futures ZI. Ce sont d’ailleurs les aménageurs de ZI que nous ciblons en particulier désormais», indique Abdelaziz Mrani. «Nous avons le grand avantage de la proximité. Le CoZInE permet par ailleurs de renforcer les capacités des associations de ZI et d’en faire des interlocuteurs forts et uniques avec les institutions», confirme Siham El Khaddar.
Aujourd’hui, 8 associations ou sociétés de gestion de ZI ont rejoint le collectif. IZDIHAR (500 industriels) a ainsi montré la voie à l’Association des opérateurs économiques de Ben M’sik Sidi Othmane (Assobso), la Société de gestion du parc industriel de Bouskoura (Sogepib, 100 industriels), l’Association de la ZI de Mohammédia (AZIM, 100 industriels), l’Association des industriels de la ZI d’El Jadida (AZIJ), l’Association de la ZI de Sahel, l’Association de la ZI d’Aït Melloul (300 industriels) ou encore l’Association du parc industriel Mejjat de Meknès (API2M, 200 industriels).
Valorisation des boues à Berréchid
Au total, plus d’un millier d’industriels sont désormais liés au CoZInE via leurs associations ou sociétés de gestion de ZI. La liste pourrait d’ailleurs bien s’allonger car d’autres associations de ZI ont d’ores et déjà manifesté leur intérêt pour rejoindre le mouvement. Cinq autres ont donné leur accord oral. Plus d’un an après le démarrage du concept, la formule semble donc fonctionner. «L’intérêt des associations des industriels est réel. A chaque réunion, nous arrivons à mobiliser tout le monde. Certains membres, voire futurs membres, se sont même proposés d’organiser des ateliers à leurs frais pour sensibiliser les opérateurs économiques de leur ZI sur les problématiques environnementales», s’enthousiasme Siham El Khaddar.
La fédération des efforts et des initiatives des différentes ZI du Maroc permet ainsi de déboucher sur de nouvelles idées. Aujourd’hui, IZDIHAR réfléchit à la faisabilité d’un projet de gestion de déchets industriels banals. S’il aboutit, il permettrait d’intégrer les chiffonniers informels. De la même façon, la ZI de Berréchid planche actuellement sur la façon de traiter les boues issues du traitement des eaux usées. Une étude est ainsi en cours pour identifier la ou les solutions idéales pour valoriser ces boues. Certaines pourraient par exemple venir alimenter les fours des cimenteries.
Un kit de formation traitant des aspects institutionnels, des instruments de financement et des solutions technologiques existantes est également en cours de préparation. La force du CoZInE réside aussi dans sa capacité à mobiliser des financements auprès des bailleurs de fonds nationaux ou internationaux traditionnels. A noter par ailleurs que le CoZInE ne dispose pas de ressources financières.
«La GIZ accompagnera le concept jusqu’à ce que les industriels se l’approprient», conclut Abdelaziz Mrani. Inutile de dire que les industriels ont de plus en plus intérêt à se mobiliser pour l’environnement s’ils ne veulent pas tomber sous le coup de sanctions de plus en plus lourdes édictées par la loi marocaine.