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Protection contre les importations de PVC : l’Etat ouvre une enquête suite à  la requête de la SNEP

La filiale du groupe Chaà¢bi estime que ses ventes ont baissé de 17% en volume et de 38% en valeur au cours du premier trimestre 2009, par rapport à  la même période de 2008.
La baisse des prix et des droits d’importation a dopé les importations.

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Comme nous l’avions annoncé dans notre édition du 31 juillet dernier, la Société nationale d’électrolyse et de pétrochimie (SNEP), filiale d’Ynna, groupe fondé par l’industriel Miloud Chaâbi, a déposé une requête auprès du ministère du commerce extérieur pour l’instauration de mesures de sauvegarde sur les importations de polychlorure de vinyle (PVC). Le département d’Abdellatif Maazouz vient récemment de donner son accord pour l’ouverture d’une enquête. La Commission consultative des importations, relevant de ce ministère, se penchera ainsi sur ce dossier pour décider si, oui ou non, des mesures de sauvegarde sont justifiées.
L’enjeu est, il faut le dire, très important. La matière sur laquelle portent la requête et l’enquête concerne le PVC mélangé ou non à d’autres substances. Autrement dit, servant à fabriquer une très large gamme de produits comme des tubes d’évacuation des eaux usées domestiques, des raccords, des gaines de câbles, des profilés pour fenêtres, des volets roulants, des joints, des emballage technique, des flacons et même des chaussures… C’est dire !
Le ministère du commerce extérieur a jugé que «les éléments exposés par la SNEP justifient l’ouverture d’une enquête de sauvegarde». La filiale du groupe Chaabi se dit, en fait, lésée par les importations massives de PVC. Selon la SNEP, celles-ci ont connu, durant le premier trimestre de 2009, «une augmentation de 434% par rapport à la même période de l’année 2008 (et) elles ont de ce fait atteint 78% des importations totales de PVC enregistrées au cours de l’année 2008».

La SNEP ou les importateurs, l’enquête doit trancher
L’accroissement des importations est dû, entre autres, «à la crise économique internationale qui a été la cause de la baisse de la demande mondiale en PVC, notamment dans les pays européens et aux Etats-Unis», explique la SNEP. Conjugué à la chute des cours des produits pétroliers, ce recul de la demande a entraîné le fléchissement des prix du PVC à l’échelle mondiale favorisant les importations.
A cela s’ajoute la baisse, décidée par les pouvoirs publics marocains, des droits à l’importation sur ce produit qui sont passés à 10% à partir de 2009 au lieu de 17,5% et même 25% (deux baisses) en 2008. Une baisse qui intervenait suite aux demandes pressantes des industriels nationaux de la plasturgie qui n’ont cessé de dénoncer la situation de monopole dont jouissait la SNEP qui leur imposait, selon eux, les prix qu’elle voulait.
Pourtant, selon la filiale du groupe Chaabi, cette hausse des importations «a causé un dommage grave à la branche de production nationale». Allusion à ses propres activités puisqu’elle est effectivement l’unique opérateur sur ce segment industriel, qui a vu ses ventes de PVC baisser «de 17% en volume et de 38% en valeur au cours du premier trimestre 2009, comparativement à la même période de l’année 2008», précise la même source. Et la SNEP de conclure qu’il y a eu «un détournement des commandes de ses clients en faveur des importations».
Reste maintenant à savoir si la Commission consultative des importations va lui donner raison. Avant de statuer, elle suivra une procédure précise.
D’abord, elle «adressera des questionnaires aux producteurs nationaux de produits similaires ou potentiellement concurrents directs, aux importateurs connus du produit concerné ainsi qu’aux exportateurs et/ou producteurs du produit concerné, par l’intermédiaire de leurs représentations diplomatiques à Rabat», explique Saïd Maghraoui-Hassani, chef de la division des importations au ministère du commerce extérieur.
La commission recueillera ensuite les informations et le point de vue de toutes les parties intéressées qui veulent s’exprimer sur ce dossier. «Une audition publique peut être organisée à laquelle les parties intéressées peuvent participer, pour autant qu’elles en fassent la demande», ajoute-t-il.
Ce n’est que sur la base des résultats de cette enquête que les pouvoirs publics décideront s’ils instaureront des mesures de sauvegarde sur les importations de PVC. Affaire à suivre…