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Prix du ciment : 40% de coûts de production et de transport et… 60% de marges !
Les fabricants appliquent une marge de 29% et jusqu’à 30% vont à parts égales aux grossistes et aux détaillants. Les prix dépendent surtout du coût de l’énergie et des conditions commerciales dans le cas de vente à l’usine.
Outre le fait d’écarter l’éventualité d’une entente sur les prix entre les cimentiers, la dernière étude du Conseil de la concurrence sur le secteur du ciment a eu le mérite de lever le voile sur la structure des marges, supposées confortables, sur ce produit. Comme l’on pourrait s’en douter, la situation varie sensiblement selon qu’il s’agisse de vente à l’usine ou au détail. Dans le premier cas de figure, la marge commerciale dégagée par les cimentiers ressort en moyenne à 29%, comme l’estime le cabinet SIS consultants ayant réalisé l’étude pour le compte du Conseil de la concurrence. Pour un prix de vente sortie usine avoisinant actuellement 800 DH la tonne en moyenne, la marge brute est donc de près de 180 DH. Pour aller plus dans le détail, l’étude décortique le coût de production du ciment (avant frais de distribution et frais généraux). L’énergie, poste le plus lourd, représente le tiers de ce coût. Viennent ensuite les matières premières et consommables avec une part de 28% et la main-d’œuvre, l’entretien et les autres coûts qui représentent 27% du coût de production. Le reliquat (12%) est rattaché aux amortissements.
En somme, le prix dans le cas de la vente à l’usine dépend surtout du coût de l’énergie mais il peut également varier selon plusieurs facteurs, d’après le constat de SIS Consultants. En effet, le prix de vente à l’usine peut se négocier en fonction de la quantité achetée par le client, la catégorie de l’acheteur (grossiste, entreprise de construction, entreprise de fabrication de préfa…) ou encore l’ancienneté du client, à savoir que quelques producteurs de ciment pratiquent des prix préférentiels et même des facilités de paiement profitant aux clients fidèles.
Malgré des marges confortables, les prix ne cessent d’augmenter
Sur le marché du détail, en revanche, les prix suivent la seule loi de l’offre et de la demande, selon l’étude. Cet état de fait n’est pas sans faire varier considérablement les niveaux de marge d’un chaînon à l’autre du circuit de distribution, quoique «la concurrence rude au niveau du réseau de distribution joue en faveur d’une certaine régulation du marché», notent les spécialistes de SIS Consultants. L’on ne peut toutefois s’empêcher de constater que les marges pratiquées, pour régulées qu’elles soient, s’établissent à un niveau relativement élevé. En chiffres, les marges des grossistes représentent 10 à 15% du prix de vente sortie usine en plus de 10 à 15% de marge qu’appliquent les détaillants. A tout cela, il faut encore ajouter une charge de 5 à 10% du prix facturé par le fabricant couvrant le coût du transport. Au total, de la sortie usine au détaillant le prix du ciment peut s’apprécier de 40% pour passer de 800 DH à plus de 1 100 DH la tonne. En remontant jusqu’au fabricant, il ressort que le prix de vente du ciment rémunère pour près de 60% le producteur et les intermédiaires quand 40% seulement couvrent le coût de production et de transport.
En théorie, une structure de marge aussi avantageuse pour les producteurs et les distributeurs est de nature à contenir les augmentations de prix du ciment, et pourtant… Le tarif de vente de ce matériau a augmenté de 52% entre 2000 et 2010, soit un taux de croissance annuel moyen de 3,2%, sachant que la production a crû parallèlement de 7,2% en moyenne annuelle. Par type de ciment, le prix du CPJ 45 (utilisé pour les bétons armés courants et les bétons destinés aux travaux en grandes masses) est passé de 860 DH à 1 250 DH entre 2000 et 2010 chez les détaillants (son prix actuel est de plus de 1 420 DH). Pour sa part, le CPJ 35 (utilisé pour les bétons faiblement sollicités, non armés et tous les types de mortiers) a vu son prix passer de 790 à 1 127 DH sur la même période (son tarif avoisine actuellement 1 380 DH). Il faut toutefois relativiser ces croissances en comparaison avec d’autres intrants. Par exemple, sur la même période le prix du sable a triplé.