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Présidence de la CGEM : le compte à rebours a commencé

Les deux candidats ont multiplié les meetings ces derniers jour. Salaheddine Mezouar titille Hakim Marrakchi sur son manque de leadership, lequel lui reproche son appartenance politique.

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Deux hommes, deux styles, un seul objectif : remporter la présidence de la CGEM. Tout au long de la campagne électorale, le débat a été intense, parfois houleux. Salaheddine Mezouar titille Hakim Marrakchi sur son manque de leadership. Ce dernier lui reproche son appartenance politique, le RNI en l’occurrence. Et rebelote.

Mardi 15 mai. Hôtel Hyatt Regency, quelques minutes avant 17h, heure à laquelle le meeting du binôme Mezouar-Mekouar est programmé, le parking de l’hôtel est plein à craquer. Impossible d’y trouver une place. La salle d’une capacité de 600 personnes est bondée. Des gens sont debout. Il a fallu rajouter des chaises par dizaines. Des industriels, des hommes des médias, des publicitaires, des présidents d’associations professionnelles….sont venus assister au meeting casablancais. Une vraie démonstration de force. Salaheddine Mezouar est souriant, décontracté comme à son habitude et le show est mené à l’américaine. Salaheddine Mezouar et son colistier sont debout sur l’estrade.

Deux anciennes grandes figures de la CGEM sont assises au premier rang : l’ancien président Abderrahmane Bennani Smires et Ahmed Benkirane, ancien vice-président. «Chami et Lahjouji m’ont chargé de vous transmettre leurs meilleures salutations et nous assurent leur encouragement pour cette dynamique sympathique», lance Salaheddine Mezouar. La pique est évidente. Aussi bien Hassan Chami que Abderrahim Lahjouji étaient présents la veille au meeting de Hakim Marrakchi, également candidat à la présidence.

Vingt-quatre heures plus tôt, c’est Hakim Marrakchi qui présentait son programme en deux temps. D’abord en conférence de presse, puis en meeting animé par Jamal Belahrach en présence de deux past-présidents. «450 personnes pour l’essentiel des membres de la CGEM y ont assisté. C’est au-delà de ce que j’espérais», nous confie-t-il. Ce qui tranche avec la faible affluence récoltée par le binôme dans de nombreuses étapes de la tournée régionale. Des faits reconnus par Marrakchi. «Certaines de mes rencontres ont eu lieu le week-end, mobiliser les gens était une gageure. Nous sommes allés un samedi à Marrakech et Laâyoune, même si nos pairs nous avaient prévenus qu’ils ne seraient pas présents car pris par d’autres engagements en dehors de la région. Nous avons été à Tanger un vendredi soir et à Fès où il y avait davantage de personnes», justifie-t-il. Et de poursuivre : «Ce qui compte au final, c’est le nombre de voix récoltées, indépendamment du nombre de personnes présentes aux meetings. Je ne fais pas de politique». Pourtant, selon de nombreuses sources, Hakim Marrakchi a le soutien de l’Istiqlal. Sa réponse est un démenti catégorique : «Je n’ai aucun lien avec l’Istiqlal. Je n’ai jamais été membre. Mon père a été un sympathisant du parti de la balance il y a des années de cela. J’ai un adversaire issu du milieu politique et qui est membre du bureau politique du RNI. Il est possible qu’il y ait des jeux politiques dans mon dos. Pour vous dire, j’ai des supporters même au sein du RNI».

Un face-à-face public : Marrakchi dit non

Au-delà des meetings et des conférences de presse, aucun face-à-face n’aura finalement lieu. L’appel lancé dans nos colonnes par Salahedine Mezouar n’a pas été entendu par son rival. «Pour qu’il y ait débat, il faut confrontation d’idées. Or, M.Mezouar vient de finaliser son programme. Ça aurait été intéressant, mais pas à 5 jours du scrutin (…) Je ne calerai pas mon agenda sur le sien juste pour lui faire plaisir. J’ai une campagne à mener, des affaires à gérer… Le temps est trop court. Peut-être qu’on pourra le faire après l’élection. Que je sois élu ou pas, je suis prêt à programmer ce débat. J’en serai ravi».

Le choix de présenter le programme à la fin de la tournée a un sens selon le candidat Mezouar. «Nous avons été dans une démarche d’écoute et avons voulu éviter à tout prix le classique top-down. Il faut être une force de mobilisation et d’inclusion de tous les acteurs et secteurs et les régions. Ce qui compte c’est de construire un cap», lance l’ancien ministre.

Face aux piques récurrentes de son rival, il répond: «Beaucoup de choses ont été dites sur mon appartenance politique et pas toujours avec de bonnes intentions, en déplaçant le débat de l’économique vers le politique. Je suis fier de mon parcours. Pour faire de la politique au niveau où je l’ai faite, il faut se lever de bonne heure et être capable de porter et de supporter parce que la politique, c’est d’abord des coups et peu de reconnaissance. Mais c’est une grande école de la vie».

«Je sais faire la part des choses. J’ai été président d’un parti et ministre. Je n’ai jamais fait l’amalgame entre les deux. J’ai toujours œuvré dans l’intérêt de mon ministère partout où j’ai officié. Si ma candidature a été acceptée, c’est qu’il n’y a pas d’incompatibilité. Ceci dit, comme je l’ai dit à maintes reprises, le jour où je serai élu à la tête de la CGEM, j’officialiserai ma démission du RNI (…) Je ne suis pas envoyé par un parti politique pour effectuer une OPA sur la CGEM. Elle a un conseil d’administration, des fédérations, des régions, des membres. C’est une infantilisation et un manque de respect de l’intelligence collective de cette organisation». Les jours qui viennent mettront fin au suspense de cette élection qui tranche avec les précédentes où le président était connu d’avance car seul candidat en lice. Rendez-vous le 22 mai.