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Portrait : Hounaida Boukhari, directrice de Dar Al-Amane
Lauréate de l’Ecole Mohammadia des ingénieurs, Hounaida Boukhari a commencé sa carrière dans le BTP. Elle a intégré la Société Générale en 2001 où elle a occupé plusieurs fonctions. Son approche : toujours consolider les compétences avant de franchir un nouveau palier.
Ce n’est pas un hasard si Hounaida Boukhari est nommée à la tête de Dar Al-Amane, banque participative (fenêtre participative, selon son agrément) de Société Générale Maroc. Son parcours, combiné à son charisme et à sa détermination, lui valent bien ce titre. Derrière un regard ferme, une démarche sûre et une allure sportive, on retrouve une femme d’une douceur et d’une spontanéité non feints.
De parents originaires du Nord du Maroc, Mme Boukhari n’a jamais quitté Casablanca où elle est née, sauf pour aller poursuivre ses études supérieures à l’Ecole Mohammadia des ingénieurs (EMI) à Rabat d’où elle est sortie diplômée en 1998. Ce pur produit de l’école publique, et «fier de l’être», n’est pas une femme à rester dans un bureau. Ingénieur de formation, elle a entamé sa carrière dans le BTP à Sadet, société spécialisée dans le béton précontraint. Elle devait initialement occuper la fonction de contrôleur de gestion, mais le destin en a voulu autrement. Les directeurs de site l’ont recommandée à la direction pour qu’elle prenne le poste de responsable de la production de l’usine de Bouskoura. Elle y fait ses premiers pas de manager avant de scruter, plus tard, d’autres opportunités d’emploi. C’est ainsi qu’elle atterrit à Bouygues Maroc comme ingénieur de travaux. Sur le terrain en tenue de circonstance casque, bottes, gants et jean’s, elle a dirigé de bout en bout le chantier de la filiale ST Microelectronics à Bouskoura, un domaine a priori réservé à la gent masculine. «Il faut fixer les bases de la relation avec les chefs de chantier et s’y tenir. Une fois que c’est fait, le reste coule de source». Il faut dire qu’elle tient toujours à la discipline du régime militaire qui lui a été inculquée à l’EMI.
Sa proactivité lui a ouvert les portes de la finance participative
Après une expérience de trois années dans le secteur du BTP, qu’elle juge réussie, Mme Boukhari est rattrapée par son désir de découvrir d’autres horizons. Elle intègre alors le département informatique à la Société Générale Maroc, en 2001, en tant que responsable qualité. Un saut dans le vide? Plutôt une continuité puisqu’à Bouygues Maroc, elle a aussi été formée comme auditeur qualité. Trois ans plus tard, elle est nommée responsable du département de l’infrastructure informatique. Elle poursuit son ascension au sein de la banque pour diriger en 2007 la direction des moyens généraux. La banque lui confie également la direction générale d’une de ses filiales, Foncimmo, spécialisée dans le recouvrement des créances. Elle y reste quatre ans avant de changer de trajectoire. «Il était temps pour moi de me réorienter vers les métiers propres de la banque, sachant que de 2001 à 2011, j’ai été en charge principalement des métiers supports». A partir de janvier 2012, elle pilote la direction des flux domestiques. Cela va durer jusqu’à 2015, année pendant laquelle le cadre réglementaire de la finance participative commence à prendre forme.
Sa curiosité pour ce nouveau modèle de la finance la pousse à suivre une formation, à titre personnel, couronnée par le certificat du General Council for islamic banks and Financial institutions (Cibafi). Son parcours et ses nouvelles compétences sont suffisantes pour que la banque lui confie le projet de création de la fenêtre participative Dar Al-Amane et ce, tout en gardant son poste à la direction des flux domestiques. Pour accompagner son développement professionnel, la banque lui a assuré une formation de type master en finance islamique à Dauphine Casablanca. Le 1er juin 2017, juste après l’obtention par la banque de l’agrément de Bank Al-Maghrib, elle prend les commandes de cette nouvelle structure à laquelle elle se dédie désormais entièrement.
Elle tient au sport pour maintenir son équilibre intérieur
A la question de savoir si les chantiers ne lui manquent pas, la DG de Dar Al-Amane use de la pédagogie pour expliquer son quotidien : «Ce n’est nullement une affaire de bureau, détrompez-vous. Il s’agit aussi d’un travail de terrain, mais autrement. La tâche consiste en déplacements fréquents, que ce soit à l’étranger pour des réunions avec le groupe, au Maroc dans les agences ou pour la prospection des clients…». Son cadre de travail frappe d’ailleurs par sa sobriété. Une vingtaine de mètres carrés tout au plus, sans décoration particulière, si ce n’est un tableau qui redonne vie à l’un des murs. Portée par un enthousiasme apparent, le sourire aux lèvres, notre «douce dame de fer» cogite sur des «projets de développement intéressants pour Dar Al-Aman» qu’elle ne saura partager qu’au moment propice. En même temps, Mme Boukhari se penche sur l’élargissement du réseau qui devrait atteindre près de 20 agences cette année.
Pour assurer une communication fluide, transparente et immédiate avec ses 32 collaborateurs, dont une douzaine au siège et le reste réparti dans les agences de la banque, Mme Boukhari mise beaucoup sur les nouveaux outils de communication. C’est ainsi qu’un groupe Whatsapp est créé où tout type d’informations à caractère professionnel circule, pour rester à jour, mais aussi pour faire contribuer le personnel à la recherche de solutions et à leur déploiement en cas de difficultés.
Entre son travail et sa vie de famille, Mme Boukhari, mariée et mère de deux jumeaux de cinq ans, se force à trouver du temps libre pour pratiquer sa passion, le sport, qui lui permet de préserver son équilibre intérieur. Parallèlement, sans pour autant être membre d’une quelconque association. «J’apporte mon aide aux associations du mieux que je peux», précise-t-elle.