Affaires
Port de Casablanca : la situation mieux contrôlée mais la lenteur persiste
Le rythme de sortie des conteneurs du port est très lent.
Marsa Maroc affirme décharger près de 800 conteneurs par jour.
Les opérateurs ne se pressent pas pour enlever leurs marchandises.

Pour le visiteur qui entre au port de Casablanca, rien n’indique a priori qu’il connaît un engorgement. Au contraire, en ce mois de Ramadan, le port somnole et la circulation à l’intérieur de l’enceinte est très fluide. Certes, quatre ou cinq gros bateaux sont à quai au fameux terminal Est, offrant le flanc aux petits chariots cavaliers qui déposent les conteneurs dans l’aire de stockage déjà bien remplie. Les conteneurs s’étalent à perte de vue, formant des blocs dont la hauteur indique aux initiés la durée de séjour au jour près. De l’autre côté, à proximité de l’aire d’enlèvement, des camions, dont beaucoup datent des années 1960-1970 comme en témoigne leur plaque minéralogique noire, sont stationnés à la queue leu leu. La file s’étire jusqu’à l’entrée numéro 5 du port et même au-delà… Incontestablement le rythme est lent, et au vu du nombre de conteneurs ouverts par la douane ou d’autres services pour un contrôle, on se demande si ces milliers de conteneurs quitteront un jour le port. Au moment où nous sommes passés, un seul camion était en train d’être chargé…
La crise n’est pas passée, même si elle est un peu mieux maîtrisée. N’importe quand, la mécanique peut se bloquer, comme à la mi-août. En effet, «le 15 août, nous avions en stockage 29 750 conteneurs de 20 pieds sur une capacité totale de 30 000, et heureusement qu’une nouvelle aire de stockage de 4 hectares a été ouverte le 19 août», rapporte Abdennebi Chaouki, directeur de l’exploitation du port de Casablanca, membre du directoire de Marsa Maroc. «Nous traitons, poursuit-il, 800 conteneurs par jour en moyenne, mais il faut rester vigilant, car le rythme s’est réduit au mois de Ramadan, et si nous accusons une baisse de 100 conteneurs par jour, en moins d’un mois nous reviendrons au point critique». Ce n’est pas la faute à Marsa Maroc dont le personnel et le matériel travaillent pratiquement 24h/24 et 7j/7, «même si nous n’avons pas d’interlocuteur le soir et une partie du week-end », précise-t-il encore.
La mission de Marsa Maroc consiste à décharger, stocker, surveiller les conteneurs jusqu’à ce que leurs propriétaires viennent les prendre après s’être acquittés des formalités. Mais, ces derniers ne sont pas toujours pressés de le faire, tant les droits de stockage restent accessibles et en raison aussi de l’absence de lieux de stockage propres chez la plupart des industriels marocains. Ainsi, les 5 premiers jours sont gratuits, entre 5 et 10 jours, il faut s’acquitter de 50 DH par jour. La redevance passe à 100 DH/jour entre 10 et 15 jours et à 200 DH au-delà. Ce n’est pas cher et, de toute façon, c’est répercuté sur le consommateur.
Pas de lieux de stockage propres pour les opérateurs
La fluidité de la circulation de la marchandise dépend d’une chaîne qui va de l’armateur à l’importateur en passant par le manutentionnaire, Marsa Maroc, les agents maritimes, transitaires et transporteurs, sans oublier les services de contrôle (Douane, ministère du commerce et de l’industrie et département de l’agriculture). «Si un seul chaînon se grippe, explique M. Chaouki, c’est toute la chaîne qui en subit les conséquences». Certes, dit-il, en substance, le niveau du trafic a augmenté sensiblement en 2007, mais cela, on s’y est préparé, «Mara Maroc a acquis, en 2007, 9 chariots cavaliers au prix de 7 MDH l’unité». Il insiste sur le fait qu’en situation de saturation, Marsa Maroc n’a d’autre choix que de trouver de nouvelles aires de stockages ou de refuser l’accostage des bateaux. On a opté pour le premier et le port ne cesse de récupérer des espaces de stockage nouveaux, soit 8 ha en 2006 et 4 hectares en 2007. Un nouvel espace de 10 ha est en cours de préparation et l’Agence nationale des ports (ANP) aménage une autre aire.
L’autre facteur de ralentissement de l’activité du port réside dans le contrôle, devenu, pour des raisons de sécurité, plus tatillon. En effet, quand la marchandise arrive au port, si un des agents de la Douane, de l’Agriculture ou de l’Industrie décide de contrôler un conteneur, Marsa Maroc est priée de le déplacer vers la zone dédiée.
Le port de Casa, on a tendance à l’oublier, a aussi subi de plein fouet deux grèves des transporteurs, ce qui n’a pas arrangé les choses. Ainsi, si en 2005 le délai moyen de séjour des conteneurs était de 7,5 jours, il est passé à 10 jours en 2006 et à quatorze jours en 2007, contre 5 jours en Tunisie, et ce n’est pas surprenant, selon le directeur d’exploitation du port, car ce pays a adopté un système d’information efficace.
«La marchandise, dit-il, suit deux circuits, le circuit maritime, mais aussi le circuit bancaire et de crédit documentaire à l’import. Sur ce plan, nous n’avons pas encore de système d’information partagé entre tous les intervenant de la chaîne». Mais on y arrive, et sur ce plan, la crise aura été salutaire, conclut Abdennebi Chaoukin.
