Affaires
Port de Casa : les dockers s’inquiètent pour leurs emplois
Somaport sera totalement opérationnelle avant la fin de l’année.
Elle devrait ramener son effectif de 1090 dockers à 800.
Ces derniers s’accrochent à la garantie de l’emploi prévue par une convention signée avec l’Etat.
La loi 15/02 libéralisant l’activité portuaire, entrée en vigueur le 5 décembre 2006, avait fixé une période de transition de 18 mois pour instaurer, entre autres, la concurrence et l’unicité de la manutention au sein des ports. Si Marsa Maroc, nouvelle appellation de la Société d’exploitation des ports (Sodep), elle-même émanation de l’ex-Office d’exploitation des ports (Odep), domine aujourd’hui l’activité dans les ports, la question est de savoir où en est Somaport, l’autre société de manutention issue de la fusion de Manuco, filiale de Comanav, Udemac et LCE, toutes trois anciennes sociétés de steevedores opérant au port de Casablanca.
Selon Jamal Benjelloun, DG de l’Agence nationale des ports (ANP), régulateur public, l’équipement de Somaport va bon train. L’aménagement par la société de génie civil des quais est en cours d’achèvement. La première partie, d’une longueur de 200 mètres, sera achevée fin avril ou début mai. Quant au terminal, il devrait être prêt vers la fin juillet. S’agissant de l’équipement, les grues mobiles et les trémies ont été livrées, alors que les portiques et chariots cavaliers attendront l’achèvement du quai pour être montés début avril.
Qui financera l’éventuel plan social ?
Les 1 090 steevedores de Somaport, embauchés tout en gardant leur ancien salaire et leurs acquis suite à un accord avec le gouvernement, reçoivent une formation adéquate pour être opérationnels à bord des bateaux et au sol. La nouvelle société devrait donc être opérationnelle d’ici la fin de l’année et l’agence espère, à terme, une réelle concurrence conformément aux objectifs de la réforme.
Cet optimisme n’est pas partagé par nombre de dockers qui doutent de voir un jour une vraie concurrence dans les ports. Selon l’un d’entre eux, la manutention au port de Casablanca est aujourd’hui effectuée de la même manière que du temps de l’ex-Odep. «Marsa Maroc agit toujours à terre et le travail sur les bateaux est sous-traité à Somaport qui a récupéré les anciens dockers», affirme l’un d’eux. Ceci étant, «on ne se plaint pas, car quoi qu’il arrive, nous sommes liés à l’Etat par une convention qui garantit nos droits», se rassure-t-il. Ces droits portent sur le maintien des salaires dont la moyenne se situe autour de 9500 DH et qui sont payés par Somaport depuis janvier 2007, ainsi que tous les autres avantages sociaux dont l’affiliation à la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss) et à la Caisse marocaine interprofessionnelle de retraites (Cimr).
Pour ces dockers, la création de Somaport avait avant tout pour objectif de valoriser la Comanav avant sa privatisation et sa reprise par le groupe CMA/CGM. Car, expliquent-il, la Comanav aurait été invendable avec sa flotte seule.
Mais ce qui préoccupe le plus aujourd’hui les dockers salariés de Somaport, c’est le fait que, lorsque la société sera opérationnelle, quelle que soit l’échéance, elle n’aura pas besoin des 1090 dockers embauchés dans leur totalité. Les besoins s’établiraient environ à 800 personnes et le bruit court déjà dans le milieu maritime qu’un plan de départs serait en préparation, qui concernerait 230 dockers.
Question subsidiaire : qui supporterait le coût de cette opération ?
L’Etat, avec lequel les dockers sont liés par une convention et qui a garanti leur emploi ou leur employeur actuel. Interrogé sur la question, le secrétaire général du syndicat des dockers, affilié à l’Union marocaine du travail (UMT), dit ne pas être au courant d’un tel plan. «A ce jour, précise-t-il, notre syndicat n’a reçu aucune décision officielle dans ce sens». Il reconnaît néanmoins qu’il y a un sureffectif de dockers dont, rappelle-t-il, la moyenne d’âge ne dépasse pas les 40 ans.
En attendant, il faut savoir qu’outre leur statut de salariés, les dockers sont détenteurs d’un agrément qu’ils se transmettent de père en fils et qui peut difficilement faire l’objet de négociations.