Affaires
Politique du médicament : la version finale du projet présentée au plus tard début janvier
Les 3 groupes de travail créés par le ministère de la santé ont rendu leur copie. La politique du médicament vise l’accessibilité du médicament, la garantie de sa qualité et un usage rationnel. Le projet est validé par un expert de l’OMS.
Très attendue par les professionnels de la santé, la politique du médicament sera annoncée au plus tard début janvier. Ce sera sans doute la première fois que le Maroc disposera d’un document officiel formalisant cette politique. Le document finalisé a été remis au ministre de la santé, El Hossein El Ouardi, qui doit en faire la présentation en conseil de gouvernement avant de l’annoncer officiellement. En chantier depuis plusieurs années et réclamé par les prestataires de soins, les industriels et les pharmaciens, le dispositif doit permettre une amélioration de l’accessibilité aux médicaments en fixant le cadre de la distribution et des prix, dit-on au ministère de la santé.
Les détails du projet n’étant pas, pour l’heure, disponibles, il faudra en retenir trois grands axes : l’accessibilité géographique des médicaments, la garantie de la qualité et de la sécurité et enfin leur usage rationnel. Ces axes ont été dégagés des recommandations faites par les trois commissions créées, il y a quelques mois, par le ministère de la santé pour plancher sur les divers aspects de la politique du médicament. Leurs conclusions ont été validées, à la demande du ministère, par un expert de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
L’accessibilité des médicaments appropriés aux pathologies locales, axe centrale de la politique, se fera par le biais du prix et du circuit de distribution. Concernant le prix qui fait l’objet d’un débat houleux depuis quelques années, les nouvelles modalités de sa fixation seront aussi annoncées prochainement. La liste de 261 médicaments traitant les affections de longue durée dont les prix seront revus à la baisse dès janvier 2013 est arrêtée. Son élargissement aura lieu au cours de la même année.
Les pharmaciens auront le monopole de la vente des médicaments…
Pour ce qui est de la distribution, l’objectif du ministère est de permettre aux patients de toutes les régions du pays, même les plus éloignées, d’avoir accès aux médicaments. «C’est un point essentiel de la politique dans la mesure où il faut réagir à la fermeture de la pharmacie de la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale qui est prévue par la loi sur l’Assurance maladie obligatoire», explique-t-on au ministère de la santé. La même source déclare qu’«il faudra assurer la disponibilité des médicaments et au même prix que celui qui est facturé par la CNOPS». D’autre part, il est prévu de réorganiser le circuit de distribution des médicaments en limitant la vente des médicaments exclusivement aux officines.
Jusqu’à présent, la pharmacie de la CNOPS ainsi que les centres spécialisés traitant certaines ALD interviennent dans le circuit de distribution, perturbant quelque peu la distribution des médicaments puisqu’ils pratiquent des prix plus bas que le prix public Maroc (PPM). Une situation que souhaite corriger le ministère de la santé car elle pénalise les patients non couverts par une assurance et ceux au pouvoir d’achat limité. Ainsi, dans le cadre de la politique du médicament, les officines récupéreront toutes les spécialités, notamment les médicaments coûteux, qui leur échappent actuellement. C’est donc une opportunité pour elles de sortir de la crise dont ils souffrent depuis le début des années 2000.
Quant à la garantie de la qualité des médicaments et donc la sécurité des patients, elle passe par une maîtrise du circuit de distribution et un soutien au développement des produits génériques, même si la qualité est remise en cause par les médecins. Cela revient à dire que les pharmaciens et les industriels ne devraient plus concentrer tous leurs efforts sur les médicaments les plus chers (les princeps); le volet thérapeutique devant être placé au même rang que le souci de rentabilité économique, ou sera même privilégié. Cependant, les industriels ont montré qu’ils sont intraitables sur le premier point. Ce qui est tout à fait normal. Il faudra donc trouver un juste milieu entre les intérêts des uns et des autres.
La rationalisation de l’usage des médicaments, troisième axe, implique une réorganisation des pharmacies des hôpitaux qui devront être dirigées par un pharmacien dont la mission est de déterminer précisément les besoins des hôpitaux.
La consultation chez un généraliste sera obligatoire
Jusqu’à présent, la surveillance -pour ne pas dire gestion- des stocks d’un service est confiée, dans nombre de structures publiques, à des infirmiers ou infirmières.
Dans le secteur privé, l’usage rationnel des médicaments sera rendu possible, selon des sources proches du dossier, par le biais d’une consultation obligatoire chez le médecin généraliste. Il est à rappeler que cette mesure est prévue dans le cadre de la maîtrise des dépenses de soins pour la préservation de l’équilibre financier du régime de l’Assurance maladie obligatoire. Il va sans dire que l’application de cette politique sollicite un long processus, sachant qu’il faudra encadrer le tout par des textes législatifs pour inciter tous les acteurs à respecter leurs prérogatives et à travailler en synergie.