Affaires
Politique agricole, investissement, croissance,… voici ce que pense Lahlimi
Une inflexion de la politique agricole, la bonne gestion et gouvernance de l’investissement et la récupération du manque à gagner dans la croissance, la lutte contre la pauvreté et les inégalités sont les points saillants qu’a évoqués le haut-commissaire au plan.

Le contexte qui caractérise le monde actuellement est inédit. C’est en ces termes que s’est exprimé, jeudi, Ahmed Lahlimi Alami, haut-commissaire au Plan lors de la présentation du budget économique exploratoire 2022 et 2023. En fait, le monde n’a pas apuré les conséquences de l’après-guerre mondiale, qui a fait que les pays se soient constitués en plusieurs blocs. S’en est suivi une mondialisation des économies avec la création de super-structures d’échanges et de modèles et qui n’a pas tardé à entrer en contradiction avec les économies réelles du monde entier. Des disparités sont alors apparues, tant sur le plan économique que technologique, culturel et même civilisationnel. Dans le même ordre d’idées, « ce que nous vivons actuellement est à un retour à une guerre, froide cette fois-ci, dont les effets sont la constitution d’un nouvel ordre mondial, avec toutefois des risques qui continueront à se déployer », explique M.Lahlimi. En effet, les prix de l’énergie devront continuer à augmenter, de même que le coût de l’argent et donc, l’inflation, mais aussi, les problèmes alimentaires devront persister. En définitive, « les années 2022 et 2023 sont une illustration de ce qui nous attend à l’avenir et de toutes ces questions structurelles et auxquelles, nous devons trouver des réponses », ajoute M. Lahlimi.
Les incertitudes et les perturbations, notamment économiques dont l’ensemble des pays pâtissent actuellement, le Maroc compris, doivent pousser ce dernier à mener plusieurs réflexions. La plus importante est liée au secteur agricole qui continue de contribuer à la croissance avec un niveau élevé. Une inflexion de la politique agricole est nécessaire, de sorte à s’intéresser davantage aux exploitations familiales, à la gestion de la rareté de la ressource et à la sécheresse… D’un autre côté, l’importance de l’investissement dans la croissance n’est plus à prouver. Au Maroc, l’investissement est conséquent, mais le rendement reste faible. « Les investissements restent mal gérés avec des dilapidations quelque part ou des fuites…, suppose M. Lahlimi. D’où l’importance de l’exemplarité morale, facteur de production de 1er niveau et ce, dans tous les domaines ». Allusion faite à la lutte contre la corruption, les cartels, les ententes… Il faut dire que la charte de l’investissement est un texte dont il faut se réjouir, puisque l’un de ses objectifs est d’accroître l’attractivité de notre économie. Cependant, « nous avons tendance à attirer les investissements étrangers, mais qu’en est-il de l’investissement marocain ?. Faisons en sorte de l’encourager d’abord » estime M. Lahlimi.
Le haut-commissaire au Plan fait remarquer que le Maroc a perdu, depuis l’avènement de la pandémie, 2 années et demi de croissance et de lutte contre la pauvreté, sous l’effet aussi de la sécheresse et de l’inflation galopante. D’autant que le pays est revenu aux niveaux de 2019, en termes d’inégalités. « Il faudra les récupérer. Cela demandera plusieurs efforts, un nouveau sillage et un nouveau régime de croissance » propose M. Lahlimi.
