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Plus du tiers des clients particuliers recourent au découvert bancaire

L’encours des comptes débiteurs et crédits de trésorerie a progressé de 11,3% à fin juillet. La hausse de l’usage du découvert chez les particuliers est expliquée par la détérioration de la situation financière. Le niveau d’autorisation peut aller jusqu’à 100% du revenu restant, déduction faite de diverses traites.

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Les ménages marocains continuent bon gré mal gré de recourir au découvert bancaire pour parer au plus pressé. L’encours des comptes débiteurs et crédits de trésorerie s’est établi à 17,1 milliards de DH en juillet, en progression de 11,3% par rapport à la même période de l’année dernière. Depuis le début de l’année, cet indicateur a augmenté de 5,1%.

En principe, le découvert n’était utilisé que pour combler un vide budgétaire imprévu ; mais face à l’augmentation des charges des ménages, il est devenu une roue de secours régulière. Un directeur d’une agence bancaire à Casablanca estime qu’au moins 70% de ses clients personnes physiques sollicitent un découvert. Un tiers, selon un de ses confrères de Rabat.

Ces proportions plus ou moins élevées sont expliquées par les soucis budgétaires des ménages. La dernière publication du Haut commissariat au plan consacrée à l’année 2017 révèle en effet que plus du tiers des ménages sondés (35,4%) déclarent une détérioration de leur situation financière. Selon Bank Al-Maghrib, l’endettement des ménages s’est élevé à 323 milliards de DH en 2017, en hausse de 4,4% par rapport à 2016, et ce, malgré l’amélioration de leur patrimoine financier. Celui-ci a en effet progressé de 6,8% à 762 milliards de DH à la même période contre 5,4% une année auparavant.

Le taux appliqué est autour de 12%

Le découvert bancaire n’est pas utilisé que par les salariés ou fonctionnaires à bas ou moyens revenus. «Dans certains cas, ce refinancement est plébiscité par des personnes à haut revenu, dont le salaire dépasse 20 000 DH. Et c’est essentiellement pour couvrir les charges régulières du foyer, après remboursement des échéances liées à un crédit immobilier et automobile», fait remarquer un banquier. D’autres requérants se manifestent notamment lors de périodes où le besoin de financement augmente comme l’Aid, la saison estivale ou encore la rentrée scolaire.

En tout cas, depuis quelques années, le découvert est inclus dans le pack lors de l’ouverture de compte. Autrement, un client peut s’équiper en découvert pour un montant moyen de 100 DH mensuellement. En fonction des banques, la part du découvert autorisé par rapport au salaire varie de 50% à 80%. D’autres permettent à leurs clients d’utiliser cette facilité à hauteur de 100% du reste à vivre, c’est-à-dire de la part du revenu restant, déduction faite de diverses traites et charges fixes retenues à la source ; cela, sachant que la capacité d’endettement d’un client ne peut dépasser 45% du revenu pour un crédit ! Du reste, les taux d’intérêt appliqués sont presque les mêmes entre les banques. Ils tournent autour de 12%, sachant que le taux maximum des intérêts conventionnels est fixé à 13,6% par BAM entre avril et mars 2019. Toutefois, le taux pratiqué diffère d’un client à l’autre. Un utilisateur occasionnel de découvert, qui dispose de revenus réguliers et solides, n’est pas soumis au même taux qu’un autre client qui, lui, puise continuellement dans son découvert. De même, en fonction de l’importance du client, le taux pratiqué peut aller du simple au double. Un chef d’agence explique : «Un taux de 8% peut être accordé à un gros client qui demande un montant important. Mais cela reste conditionné par la présentation de certaines garanties, notamment un terrain à nantir, un portefeuille titres ou un plan d’épargne».

Une source de revenus intéressante pour les banques

Quoi qu’il en soit, ce moyen de financement de la clientèle représente une source de revenus assez juteux pour les banques car, en plus des intérêts débiteurs liés à cette ligne de trésorerie, des agios et des commissions sont prélevés à une fréquence régulière (trimestrielle généralement). Un client lambda, qui ne dispose que de revenus réguliers, ne peut donc sortir de cette boucle. Ce qui le plonge continuellement dans le rouge. Et même si les comptes débiteurs et crédits de trésorerie ne représentent historiquement que 2% de l’encours global des crédits octroyés à la clientèle, les banques déploient les gros moyens pour attirer davantage de clientèle. Une des banques leaders de la place a même lancé une campagne de promotion invitant les clients à s’équiper de découvert.
Par ailleurs, pour augmenter les revenus de leur agence, certains conseillers commerciaux n’informent pas leurs clients de l’intégration du découvert bancaire dans le pack lors de l’ouverture de compte, espérant ainsi une utilisation abusive par manque d’attention. D’où la nécessité de bien s’informer sur les produits et services inclus dans le compte lors de son ouverture, mais aussi des modalités de calcul des agios (selon le début et la durée d’utilisation) et les frais annexes si le découvert est demandé en supplément.

[tabs][tab title = »Découvert et facilités de caisse : une nuance à faire »]Par abus de langage, une ligne de crédit régulière ou ponctuelle est nommée découvert bancaire. Or, une nuance est à faire entre les deux, même s’il est vrai qu’ils répondent tous au même besoin de satisfaire un manque de financement immédiat. En fait, la facilité de caisse est accordée dans l’attente d’une rentrée de fonds et est demandée souvent par les entreprises et les personnes exerçant des professions libérales pour compléter le financement du cycle d’exploitation. Le second, lui, a pour objet de financer des décalages répétitifs de trésorerie de courte durée. C’est ce dernier qui est sollicité par les particuliers.[/tab][/tabs]