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Plasturgie : Et si l’avenir du secteur était dans le recyclage ?
Le secteur joue un rôle central dans le tissu économique. Les composantes et les matières en plastique sont présentes au niveau de la majorité des processus industriels. Le BTP consomme une part importante des produits de plasturgie estimée à près de 15%.

Dans le domaine de la plasturgie, l’importance de créer une filière spécialisée dans le recyclage des plastiques n’échappe plus à personne. Ce qui est désigné, de plus en plus aujourd’hui, comme l’économie circulaire est une donne à prendre très au sérieux. C’est d’ailleurs le président de la CGEM qui le conforme. L’intégration de la dimension circulaire dans nos pratiques industrielles contribuera non seulement aux efforts de décarbonation de notre économie, mais permettra également de répondre, dans une large mesure, à la problématique de dépendance aux importations. Cela constituera aussi un levier important pour l’émergence de la filière de récupération, prise en main jusque-là par le secteur informel.
La filière d’emballage, estime Chakib Alj, dispose également d’un potentiel économique intersectoriel important, avec un enjeu écologique à intégrer dans les travaux d’innovation des opérateurs. C’est en effet à travers des chantiers comme ceux-là que s’opérerait la synergie de croissance intersectorielle avec comme objectifs le développement d’investissements croisés entre secteurs, la limitation de notre dépendance aux importations et la création d’opportunités d’emplois pour nos jeunes, a fait valoir le président de la CGEM.
Pour ce faire, un ensemble de prérequis doit être mis en œuvre, a-t-il ajouté, notant qu’il s’agit en l’occurrence d’encourager l’investissement dans des machines modernes et sophistiquées à travers un cofinancement de ces investissements avec l’Etat.
Il s’agit, aussi, de privilégier le produit plastique marocain dans le cadre de la commande publique à travers l’activation de la préférence nationale et de mettre le développement technologique au bénéfice du développement industriel du pays.
Par ailleurs, le président de la CGEM a mis en avant le développement important du secteur de la plasturgie, notamment en termes de qualité de l’offre, ainsi que la structuration des filières spécialisées, impulsés par la signature du contrat programme 2013-2020 dédié à cette industrie. Le savoir-faire historique et reconnu des opérateurs nationaux de ce secteur transverse et ce partenariat public-privé ont, en effet, permis à cette industrie de doubler, en l’espace de 5 ans, son chiffre d’affaires, avec un potentiel de croissance à deux chiffres pour les prochaines années.
Il faut préciser, comme le souligne le ministre de l’industrie et du commerce lors de la dernière édition Forum-Exposition international de la plasturgie, organisé au début de la semaine à Casablanca que «le plastique étant un mot générique pour énormément de produits, il est aujourd’hui temps qu’on développe plusieurs écosystèmes dans plusieurs filières et à plusieurs étages de transformation». Le secteur occupe d’ailleurs une place centrale au niveau industriel, eu égard à la présence des composantes et des matières en plastique au niveau de la majorité des processus industriels. Cela n’est pas suffisant aux yeux du ministre qui insiste sur l’importance d’avoir des étapes supplémentaires de valorisation dans le secteur et d’assurer une meilleure liaison entre les différentes chaînes de valeur. Il a, en ce sens, appelé, à une multiplication des écosystèmes dans des filières relevant de la plasturgie, à plusieurs étages de transformation, ainsi qu’à une meilleure valorisation du plastique. Ce n’est pas suffisant. Il faut aussi pouvoir connecter les filières de la plasturgie et gérer intelligemment les intrants. Pour le ministre, qui rejoint d’ailleurs l’idée du président de la CGEM, la récupération et le recyclage pourraient contribuer à un meilleur approvisionnement en matières premières pour cette industrie.
C’est que, il faut le souligner aussi, le secteur de la plasturgie, qui connaît un fort développement, participe activement dans la création d’emplois. Les produits plastiques intéressent plusieurs secteurs, dont celui du bâtiment et travaux publics (BTP). En effet, ce dernier consomme une part importante des produits de plasturgie estimée à près de 15% (2e après l’agroalimentaire), et concerne en particulier des utilisations dans le bâtiment et dans les réseaux d’adduction en eau potable et d’assainissements. Or, comme il a été souligné, le contexte géopolitique actuel qui pose de nouveaux défis pour les professionnels de la plasturgie, notamment, le surenchérissement des matières premières.Cela fait partie des défis auxquels le secteur fait face actuellement, tout autant que les défis structurants qui restent toujours à relever, tels que la pression sur la trésorerie des entreprises mises à mal par les répercussions de la pandémie.
Toujours est-il, en relavant le caractère transversal de l’industrie plastique et ses interactions avec l’ensemble des filières, les professionnels se penchent aussi sur d’autres questions majeures pour le secteur de la plasturgie, à savoir la commande publique avec la préférence nationale, la décarbonation et les synergies intersectorielles.
