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Affaires

Plantes aromatiques et médicinales : la manne verte du Haut-Atlas

En partenariat avec différents acteurs nationaux et locaux, la Coopération allemande accompagne un projet d’exploitation sur 11 000 ha.
Pour la première fois, des contrats entre le Commissariat aux eaux et forêts et des agriculteurs, pour formaliser les droits et obligations de chacun.
Une unité de séchage et d’extraction des huiles essentielles sera bientôt inaugurée.

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Lorsque la mine de cuivre a fermé, il y a une quinzaine d’années, il a bien fallu que les agriculteurs de la vallée de l’oued Nfiss, à 94 km au sud de Marrakech, dont les revenus étaient subitement tombés à néant, trouvent une alternative pour subvenir à leurs besoins. Dans ce coin, au pied des contreforts du massif du Toubkal, la solution est venue de la terre et des plantes aromatiques et médicinales qui y poussent. Au-delà du droit d’usage qui permet de prélever la flore pour ses besoins personnels, les plantes aromatiques et médicinales sont rapidement devenues une des principales sources de revenus, grâce au commerce. Ainsi, exploite-t-on dans la vallée, deux sortes de thym et de lavande, et de la sauge. Mais l’intense exploitation a entraîné la raréfaction de certaines plantes, notamment la dernière citée. Est alors né un projet auquel participe la Coopération allemande au développement (GTZ), l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH), l’Institut national pour la recherche agronomique (INRA), le Haut commissariat aux eaux et forêts, l’Office du développement de la coopération (ODECO), la commune rurale d’Ijoukak, le Parc national de Toubkal et le Centre pour le développement de la région de Tensift (CDRT), et le programme de micro-financement du Fonds pour l’environnement mondial. Financé à hauteur de 1,5 MDH par ces différents partenaires, le projet vise en premier lieu  la conservation des ressources naturelles en passant par la réhabilitation des massifs. Tout en prenant en compte de la nécessité pour les populations locales de vivre de ces ressources.

Pour l’instant, seulement 3 000 ha sont exploités

L’idée est d’organiser une filière jusque-là informelle, en établissant un contrat entre les populations locales, en leur état d’agriculteurs, et le Haut commissariat aux eaux et forêts. Ce contrat, plutôt inédit pour le Haut commissariat, est actuellement en cours de rédaction. Il prévoit de formaliser les droits et obligations de chacune des parties concernées. Par exemple, pour permettre une gestion durable des massifs, les agriculteurs laissent une parcelle en friche, soit à l’abandon pour une année, le temps que la terre se repose. Actuellement, seulement 3 000 ha des 11 000 que couvre le projet sont utilisés. Le reste sera progressivement exploité.

Reste la formation aux techniques de commercialisation

Les populations sont également encouragées à s’organiser en coopératives. Pour Najwa Es-Siari, conseillère technique en gestion participative des ressources naturelles à la  GTZ, elles «sont pleinement conscientes de la nécessité de gérer les plantes aromatiques et médicinales de façon durable. Les gens se sont montrés tout à fait disposés à nous écouter». Ainsi, ont-ils créé la Coopérative de l’Agoundis pour le développement forestier et agricole (CADEFA), dont 64 personnes font partie. De même, les acteurs du projet ont encouragé les agriculteurs à cultiver ces plantes dans leur propriété afin d’optimiser leur productivité. Par ailleurs, l’INRA se charge de former les habitants à de nouvelles méthodes, garantissant une gestion durable des sols. Une fois réhabilités, les massifs peuvent accueillir les plantes qui offrent le meilleur rendement. C’est pourquoi des plants de lavande de France, de réglisse et de stevia (utilisée dans le traitement contre le diabète) ont été commandés en France et du safran marocain a été récemment semé. Une façon de diversifier les ressources.
Que deviennent ces plantes une fois qu’elles ont germées ? Dans le cadre de la valorisation des plantes aromatiques et médicinales du projet, il a été prévu la construction d’une unité de séchage et d’extraction des huiles essentielles, équipée par l’INDH. La première chaîne, le séchage, sera très prochainement inaugurée, probablement courant mai.
Quant à l’extraction des huiles essentielles, elle devrait faire des heureux dans la pharmacopée. En attendant la mise en service de la chaîne dédiée à l’extraction, les professionnels récupèrent les plants sur place et extraient les huiles eux-mêmes, comme c’est le cas pour l’iris. Reste à former la jeune coopérative aux techniques de commercialisation par un apprentissage progressif, éventuellement en partenariat avec le ministère de l’agriculture qui détient une commission chargée des produits du terroir.