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Affaires

Pacte pour l’émergence industrielle : le pilotage se met en place

L’unité de pilotage du programme et l’Agence de développement des investissements sont en place.
Les travaux de réalisation des plateformes industrielles de Kénitra et Nouaceur sont lancés.
Un plan de promotion pour marketer l’offre Maroc en France et en Espagne et un projet d’Ecole Centrale Maroc.

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Où en est le pacte national pour l’émergence industrielle lancé le 13 février dernier ? Ce jour-là, on s’en rappelle, pas moins de 9 ministères avaient signé, devant le Souverain, avec le secteur privé, représenté par la CGEM et le Groupement professionnel des banques marocaines (GPBM) un contrat-programme comprenant 111 mesures et dont l’objectif est de construire un secteur industriel fort, performant autour des nouveaux métiers mondiaux tout en permettant aux secteurs classiques et aux PME-PMI de se moderniser, le tout accompagné de mesures transversales ayant pour but d’améliorer le climat des affaires, les infrastructures d’accueil et de relever le défi de la formation. Il s’agissait en quelque sorte de la véritable mise en œuvre du Plan Emergence qui était, lui, lancé en décembre 2005.

Le cabinet Valyans pour accompagner la mise en œuvre
Qu’est-ce qui a été fait durant ces deux mois et demi ? Si pour l’instant le ministère de l’industrie et du commerce n’est pas très bavard quant à l’avancement de la mise en œuvre, il n’en reste pas moins que beaucoup de chantiers ont avancé. D’ailleurs, le ministère devra exposer ses réalisations au comité de pilotage du programme qui tiendra sa première réunion dans les quelques jours qui viennent. La préparation de ce comité de pilotage n’a pas été de tout repos. Entre le 26 mars et le 30 avril, les équipes du ministère de l’industrie ont tenu pas moins de 9 réunions avec les autres ministères signataires du contrat-programme ainsi que la CGEM et le GPBM. Objectif de ces rencontres : faire le point sur l’état d’avancement du programme.
Il faut dire que le programme est lourd. Déjà au lendemain de l’annonce du programme, il fallait s’atteler à une première tâche : organiser le travail et mettre en place les modes de fonctionnement. En résumé, qui fera quoi ? Pour cela, le ministère a dû faire appel  au cabinet Valyans, pour mettre en place l’architecture opérationnelle nécessaire à la conduite du programme et les modes de gouvernance. Le cabinet a proposé une approche dite de Project management office (PMO). Concrètement, l’idée retenue consiste à mettre sur pied une unité ad hoc qui a pour rôle d’assurer un pilotage rigoureux des chantiers et de garantir le bon rythme d’exécution, le tout en coordination avec l’ensemble des parties concernées. Au ministère de l’industrie, il est expliqué que cette unité de travail est en phase opérationnelle. Mais la partie n’est pas gagnée pour autant. Une fois cette entité en marche, c’est elle qui devra véritablement mettre en place toute l’architecture de pilotage du programme : les instances concernées et le rôle de chacune, les modèles de tableaux de bord et même les applications informatiques devant servir à la collecte et le traitement de l’information. Pour l’heure, toutefois, aucune indication n’est disponible sur la configuration de cette unité : de quelle tutelle va-t-elle relever ?  Quels profils regroupera-t-elle ?
Une chose est sûre, l’unité de pilotage n’agira pas seule puisque le ministère a également lancé durant ces deux mois et demi deux autres actions sur le plan organisationnel pour accompagner la mise en œuvre du contrat-programme. La première concerne la mise en place de l’Agence marocaine pour le développement des investissements (AMDI). Cette agence, annoncée pour la première fois dans le document signé le 13 février, viendra en fait compléter le dispositif déjà existant des CRI pour accueillir, orienter et accompagner les investisseurs. Selon le ministère de l’industrie, la mise en place de l’AMDI est aujourd’hui finalisée. De même, le ministre, Ahmed Chami, a lancé un chantier de réorganisation du département de l’industrie et du commerce de manière à le doter d’un nouvel organigramme qui colle plus à la nouvelle stratégie. Pour l’heure, cependant, aucune indication n’est donnée sur la future architecture du département.

Trois actions prioritaires dans la formation
En attendant la finalisation de ces actions d’ordre organisationnel, la mise en œuvre du contenu du pacte a été tout de même été amorcée.
Ainsi en est-il du volet des métiers mondiaux. Ainsi, après l’offshoring, les travaux ont été lancés, selon le ministère de l’industrie, pour la réalisation effective de deux plateformes industrielles intégrées (P2I) : l’automotive city de Kénitra sur 300 ha et l’aéropole de Nouasser sur 150 ha.
Le ministère a également lancé la réalisation d’un plan de promotion et la commercialisation de l’offre Maroc dans les métiers mondiaux s’adressant aux investisseurs étrangers. Pour une première opération, le plan a retenu les investisseurs de deux pays : la France et l’Espagne.
Et pour boucler la boucle, trois actions prioritaires ont été lancées dans le domaine de la formation. La première est relative à l’élaboration des plans de formation sectoriels qui sont en cours d’élaboration par le département de la formation professionnelle et celui de l’enseignement supérieur. La seconde action a porté sur la création, par l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT) de l’Institut supérieur spécialisé dans les métiers de l’aéronautique en partenariat avec le Groupement des industriels marocains aéronautique et spatial (Gimas). Enfin, troisième action relative à la formation, le lancement de la création de l’Ecole Centrale du Maroc par les départements de l’industrie et de l’enseignement supérieur en collaboration avec l’Ecole Centrale de Paris.
Certes, pour un programme de cette envergure, deux mois et demi ne représentent presque rien surtout qu’il reste encore plus d’une centaine de mesures à mettre en œuvre. Cela dit, tel que c’est parti, on peut déjà relever un changement dans la démarche et une prise de conscience chez les décideurs que tout se joue au niveau de l’application.