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Outsourcing. Mimoun Chikhi, président du pôle offshoring à l’APEBI : «Le Maroc a tous les atouts pour réussir»

Face aux nombreux défis qui se présentent, le secteur est à la croisée des chemins. Le point avec le président du pôle offshoring de la Fédération marocaine des technologies de l’information, des télécommunications et de l’offshoring (Apebi).

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La solidité des fondamentaux du Maroc et ses nombreux atouts lui confèrent un positionnement de choix à l’international. Toutefois, l’élargissement des bassins d’emploi demeure l’un des principaux défis pour les opérateurs de l’offshoring au Maroc. L’objectif est de répondre à une demande qui grandit de manière considérable.

Le secteur de l’offshoring monte en gamme au Maroc, mais fait face à plusieurs contraintes, notamment celles liées au capital humain. Comment y remédier ?
Nous faisons effectivement face à de grands défis qu’il faudra relever rapidement, particulièrement en matière de langue étrangère. Il s’agit de se rapprocher au maximum du niveau de maîtrise linguistique presque égal à celui des natifs des langues étrangères. Il faudra ainsi investir dans des formations continues pour perfectionner la maîtrise des langues, notamment chez les lauréats des universités. Ces derniers sont les plus aptes à relever ce défi, puisqu’ils sont nombreux à connaître les bases des langues les plus utilisées dans le monde des affaires. Cette problématique des langues risque de s’aggraver, surtout pour le cas du marché francophone qui concentre le principal de l’activité au Maroc. La réglementation des appels sortants vers la France a, en effet, été durcie cette année, ce qui va véritablement compliquer la tâche à de nombreux centres d’appels qui se contentaient de passer des appels basiques. Désormais, ils sont appelés à former leurs salariés à une plus grande maîtrise de l’écrit et des codes culturels, afin de s’adapter et explorer de nouvelles voies de communication avec les prospects.

Outre la maîtrise des langues, le volet de la formation dans les dernières technologies est également indispensable…
La technologie est le nerf de la guerre. Il faudra, dans un avenir proche, renforcer les formations techniques spécialisées de courte durée (de un à trois ans, ndlr), dans le but d’adapter le cursus académique à la transformation de nos métiers. Il faudra également investir dans les technologies du futur comme l’intelligence artificielle, la cybersécurité, l’ingénierie système dans le domaine du ferroviaire et de l’automobile et les biostatistiques dans le domaine de la santé. Ceci permettra de positionner l’offre marocaine dans le haut de gamme et de gagner ainsi davantage de parts sur des nouveaux métiers et des marchés, comme celui nord-américain qui recèle d’importantes opportunités.

Comment, au sein de l’Apebi, ces problématiques sont-elles traitées?
Il faut tout d’abord savoir que la demande est actuellement importante et une adaptation aux changements qui s’opèrent actuellement dans le secteur est nécessaire pour sortir du lot. Si je prends l’exemple de mon entreprise, nous ambitionnons de multiplier nos effectifs par plus de 5 les cinq prochaines années. C’est pourquoi nous regardons plus au Sud (en Mauritanie, par exemple, ndlr) pour renforcer nos équipes et nous inscrire dans la vision royale qui met à l’honneur notre Continent. Cette approche est partagée par plusieurs collègues au sein de l’Apebi. Nous avons également des projets avec des partenaires du continent américain. L’un de nos adhérents installé à Oujda a entamé un échange de jeunes profils issus de la République du Salvador pour renforcer les capacités linguistiques en espagnol et en anglais de son groupe.
Par ailleurs, nous venons de réaliser une action de BtoB entre nos membres, des directeurs de systèmes d’information et des investisseurs étrangers, à bord d’un train de Casablanca vers Marrakech, en partenariat avec l’Université Cadi Ayyad. Cette action a été fructueuse et a découlé sur plusieurs accords et partenariats. Nous allons prochainement la dupliquer dans d’autres régions. A l’international, nous accompagnons nos membres dans le cadre de leur stratégie d’expansion et de prospection. Il s’agit d’un levier important pour générer des investissements dans notre secteur. Dans cette démarche, nous nous appuyons sur nos partenaires traditionnels, comme les ministères en lien avec le secteur, l’Agence marocaine de développement des investissements et des exportations (Amdie) et l’Agence de développement du digital (ADD). L’objectif est de faire bénéficier les entreprises du secteur de chaque opportunité à l’international.

Sur ce registre, les Tunisiens avancent leurs pions en jouant sur la compétitivité. Comment le Maroc pourrait contrecarrer cette concurrence ?
Le Maroc dispose de ses propres priorités et stratégies. Nous comptons des dizaines d’entités internationales qui font confiance à la solidité des fondamentaux du Maroc. Une confiance qui perdure malgré la crise sanitaire. Dans nos métiers, il y a tellement d’opportunités que le vrai défi se situe au niveau local, notamment en ce qui concerne l’élargissement des bassins d’emploi pour répondre aux demandes mondiales.
Par ailleurs, nous nous positionnons de plus en plus en tant que pays offrant le meilleur rapport qualité/prix et non pas en tant que destination la moins chère au détriment de la valeur ajoutée. Le Maroc a tous les atouts pour réussir ce nouveau positionnement sur la carte de l’externalisation des services IT et d’ingénierie.

Que pèse aujourd’hui l’offshoring au Maroc et comment le gouvernement accompagne-t-il les opérateurs du secteur ?
Le secteur est un énorme pourvoyeur d’emplois au Maroc. Champion de l’employabilité dans le Royaume, l’offshoring est également un important contributeur tant en nombre d’entreprises, approchant les 2.000, qu’au niveau des rentrées en devises, avoisinant les deux milliards de dollars. C’est ce qui justifie l’appui et les aides de l’État au secteur, notamment en ce qui concerne l’attractivité régionale afin de développer des activités d’offshoring hors du périmètre du Grand Casablanca. Dans cet esprit, la continuité des contrats-programmes et des plans d’appui à l’offshoring représentent un gage sérieux des pouvoirs publics envers notre secteur. Le suivi quotidien assuré par la Direction de l’économie numérique, relevant du ministère de l’Industrie, du commerce et des nouvelles technologies, à tous les offshoreurs, qu’ils soient en croissance ou de nouveaux entrants, est plus que salutaire. Le gouvernement et le ministère de tutelle font ainsi preuve d’un grand dynamisme pour nous accompagner. Les montants mobilisés en faveur du développement des activités de I’IT et de l’offshoring vont sans aucun doute permettre de passer très prochainement le cap des 150.000 emplois. De plus, l’entrée en vigueur de la nouvelle Charte de l’investissement va donner un nouveau souffle à l’offshoring et aux métiers mondiaux du Maroc, qui connaissent des convergences grâce aux métiers du digital.