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Affaires

Ona-Auchan : le divorce est consommé

Le groupe français jette l’éponge et cède les 49% qu’il détenait dans Marjane et Acima à  Ona.
Coût de la transaction : plus de 3 milliards de DH. Ona ne confirme pas
ni n’infirme.

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Finalement, Auchan se retire du capital des deux chaà®nes de distribution Marjane et Acima dont il détenait 49% des parts depuis novembre 2000. Vendredi 24 août, un communiqué conjoint des deux groupes annonçait la séparation, la veille. Le groupe Ona reprend donc le contrôle intégral de son pôle grande distribution.

La nouvelle n’a pas été une surprise pour le milieu des affaires. En effet, depuis quelques mois, la tension entre les deux groupes était perceptible, même si leur management s’en défendait. Elle portait à  la fois sur la gouvernance mais également sur le rythme de développement du business. De fait, le véritable tournant dans ce partenariat remonte au 2 mars 2006. Ce jour-là , au cours des conseils de surveillance des deux entités (Marjane Holding et Acima), le groupe Ona, majoritaire, fait adopter par vote le passage du nombre des membres des deux directoires de deux à  trois. Jusqu’alors, la parité prévalait avec, pour chacune des sociétés, un membre désigné par Ona et un par Auchan, sachant que le premier était président du directoire.

Auchan dénigre la décision de l’instance arbitrale qu’il avait lui-même saisie
Qu’est-ce qui a motivé une telle décision ? Il s’agissait avant tout pour le groupe Ona de reprendre la main dans la gestion opérationnelle de sociétés de distribution au sein desquelles il était majoritaire mais quelque peu écarté de la gestion effective. Selon des informations recoupées par La Vie éco, les cadres détachés par le groupe français au Maroc avaient fini par imposer leur manière de gérer, faisant souvent fi des observations et réclamations de la partie marocaine. «Pire, affirme une source au sein du groupe, des produits de filiales d’Ona étaient mal référencés, désavantagés sur les linéaires».
Auchan digérera mal le changement de composition des deux directoires. En juin 2006, il saisit le tribunal arbitral de Casablanca. Il aura fallu à  ce dernier 6 mois pour se prononcer, en janvier 2007… en faveur d’Ona. Mauvais joueur, le groupe français dénonce par communiqué, et de manière peu diplomatique, la décision de l’instance qu’il avait lui-même saisie.

A compter de cette date, les dés étaient jetés. Même si les deux groupes entendaient maintenir leur partenariat, Saâd Bendidi, président d’Ona, affirmait à  la presse quelques jours après, à  propos d’Auchan : «Se mettre autour d’une table et discuter sereinement est rendu plus difficile».
L’autre source de divergences entre les deux groupes avait trait au rythme de développement. Ona voulait pousser ses pions dans un marché qui, avec une part de 8% à  peine des 150 milliards de DH dépensés par les Marocains chaque année en produits alimentaires, présentait un fort potentiel, alors qu’Auchan préconisait un rythme plus lent. Illustration de cette divergence, début 2006, sur un projet de trois hypers Marjane et 10 Acima présenté par le groupe marocain, seul un hyper et cinq supermarchés ont été retenus. Un scénario fréquent dans les cas de partenariat o๠la volonté de développement exprimée par les groupes marocains se heurte aux objectifs de rentabilité à  court terme des sociétés étrangères. Les prémices de la séparation étaient donc prévisibles…

Question finale : combien aura coûté le rachat des 49% de Marjane et d’Acima ? Selon des sources bien informées, il serait d’un peu plus de 3 milliards de DH. Si aucun des groupes ne confirme ni n’infirme ce montant pour le moment, du côté d’Auchan,on se dit satisfait et chez Ona on ne commente pas.Selon des analystes interrogés par La Vie éco, le prix payé est largement justifié eu égard au potentiel existant et à  la synergie créée.