Affaires
Omra de Ramadan : la clientèle se fait rare à cause de la hausse des prix
La taxe de 5 400 DH/pélerin marocain instaurée en 2018 par les autorités saoudiennes pèse sur le budget des candidats au départ. Les agences et les tour-opérateurs saoudiens disent avoir réduit leurs marges pour attirer les clients.

Depuis l’année 2018, équivalent de 1439 de l’Hégire, les autorités saoudiennes ont mis en place des frais de visa de 2200 rials saoudiens, soit 5400 DH, à partir de la seconde visite aux Lieux Saints dans les 3 ans (la première fois étant gratuite). Dans les agences de voyages, les départs pour le petit pèlerinage (Al Omra) ont diminué drastiquement. «Chez Atlas Voyages, nous avons remarqué une diminution de 45% de nos départs par rapport à 2016», confie un responsable de l’agence.
Dans cette agence qui commercialise les packages Al Omra de 20 000 DH à 120000 DH pour le grand luxe, seuls deux personnes sur un total de 25 à 30 personnes sont insensibles à la taxe et la payent volontiers. Soit 8% du total. A titre d’exemple, pour une Omra de 16 900 DH par personne, un couple doit payer 10 800 DH de taxes, soit le tiers du prix global en plus. «Cela reste pesant pour la plupart des candidats à Al Omra. C’est la raison pour laquelle les agences cherchent des clients qui n’ont jamais visité les Lieux Saints, souvent dans les contrées éloignées à des prix très serrés, minimisant la marge des agences qui avoisine, dans ce cas, 500 DH/package. Le pèlerin séjourne pour sa part dans des conditions minimums (6 personnes par chambre dans des hôtels éloignés de 4 à 5 km du Haram…)», souligne Amal Karioun, président de la Fédération nationale des agences de voyage du Maroc (FNAVM).
Le marché marocain est un marché «de répétiteurs» (les mêmes personnes visitent les Lieux Saints deux à trois fois par an). Suite à l’instauration des frais de visa à partir de la deuxième visite, le manque à gagner pour les agences et les tour-opérateurs saoudiens est important. «Pour limiter les pertes et inciter aux départs, les agences et les TO saoudiens ont réalisé des concessions sur les marges, alors que les prix des billets d’avion ont augmenté, au même titre que les nuitées d’hôtels qui ont crû dans certains établissements de 500 DH/nuitée.
Rien n’a été fait depuis septembre, alors qu’on évoquait une suppression de la taxe. Aujourd’hui, il semble que les autorités saoudiennes favorisent les arrivées en provenance des pays asiatiques (pas encore fidélisés). A leurs yeux, le marché maghrébin est acquis malgré la taxe», précise un professionnel. Cela reste contradictoire si l’on compare cette décision à la nouvelle stratégie de l’Arabie Saoudite en matière de tourisme, qui vise à drainer 30 millions de touristes (y compris Al Omra et Haj) à l’horizon 2030 (l’Arabie Saoudite attire aujourd’hui 8,5 millions de touristes).
Les agences spécialisées dans l’organisation d’Al Omra en danger
Outre les nouvelles infrastructures (augmentation de la capacité de la Sainte Mosquée, train Al Haramain, aéroport surdimensionné…), les procédures de visa ont été simplifiées et un parcours électronique a été mis en place, avec l’adoption du bracelet électronique qui contient toutes les informations sur les pèlerins. «En tout cas, la baisse de 50% des départs pour le petit pèlerinage (Al Omra) aura surtout un impact négatif sur les agences spécialisées strictement dans ce marché opérés généralement par une ou deux personnes. D’après les experts, des fermetures ne sont pas à écarter. Les autres agences généralistes, pour lesquelles ce marché représente au plus 10% du chiffre d’affaires, souffriront moins et s’éviteront énormément de tracas liés à l’aérien, à l’organisation et à la structure interne en Arabie Saoudite», déclare M. Karioun.
Les pèlerins pour Al Omra (111 000 Marocains en moyenne) se feront sans doute moins nombreux dans les années à venir, d’autant que les prix des packages continuent de croître. Le séjour d’Al Omra pendant le mois de Ramadan a atteint dans certaines agences 18500 DH en chambre quadruple économique. Pour les 15 derniers jours du mois sacré, le séjour est facturé 70000 DH en formule luxe. Le tout sans la taxe.
