Affaires
Omra de Ramadan : beaucoup moins de candidats qu’en 2017
La taxe de 5 000 DH sur le deuxième départ durant l’année de l’Hégire (1439) appliquée depuis octobre dernier dissuade les candidats. Pour 60% des clients potentiels, le budget ne dépasse pas 18 000 DH.

«Il faut s’attendre à une baisse générale de 30 à 40% du nombre de départs pour l’Omra de Ramadan», lance d’emblée Zakaria Afirah, responsable du département Outgoing chez Atlas Voyages. La taxe supplémentaire de 2000 rials saoudiens (5 000 DH) instaurée en octobre par l’Arabie Saoudite pour tout candidat au départ pour l’Omra -tous les pays-, pour la deuxième fois consécutive dans l’année 1439 (à cheval entre fin septembre 2017 et début septembre 2018), en a dissuadé plus d’un. «En outre, l’Etat saoudien a aussi appliqué une TVA de 5% sur les prix des chambres d’hôtels et une seconde taxe identique instaurée par la commune de Mekka. Cela a eu des répercussions sur les prix des chambres d’hôtels qui ont augmenté», déclare Abdeslam Morsi, responsable du département Omra chez Monarch Travel, agence de voyages.
Pour éviter les pertes, certaines agences ont anticipé cette baisse, à l’instar d’Atlas Voyages qui a diminué de 50% le nombre de sièges d’avion acquis notamment auprès de Royal Air Maroc et Saudi Airlines (qui réalisent des vols directs vers les Lieux sacrés très prisés par les Marocains). «En tout cas, nous avons remarqué une baisse depuis le début de la saison. La demande est faible et par conséquent inférieure à celle de l’année dernière», déclare Mehdi Rouissi, directeur commercial à l’agence de voyages Transatour Maroc. Chez cette agence, les prix démarrent à 16 900 DH pour 40 jours en chambre quadruple et peuvent atteindre 120 000 DH pour 15 jours en offre grand luxe, naturellement destinée à une petite catégorie de clients.
Les agences s’entraident pour limiter les pertes
Il reste que «60% des Marocains qui partent en Omra ont un budget de l’ordre de 18 000 DH/mois/personne en chambre de cinq. Une bonne partie d’entre eux ayant déjà réalisé la Omra du Mawlid se doivent de payer la taxe de 5000 DH. Cela pèse fortement dans le prix final», affirme M. Morsi. Dans la configuration de la clientèle des agences de voyages, seulement 2% sont insensibles à la hausse du prix. C’est la raison pour laquelle Monarch Travel s’attend à une baisse de 45% du nombre de départs cette saison. Certaines agences ont pris des chambres d’hôtels restées vides et qu’ils tentent de vendre à moitié prix aujourd’hui. Afin de limiter les pertes, quelques agences ont laissé de côté la concurrence: celles qui ont des sièges ou des chambres d’hôtels en surplus les proposent aux consœurs en cas de demande.
Les «pèlerins» qui tiennent à tout prix à effectuer la Omra du mois sacré trouvent, eux, le moyen de partir. On nous rapporte des pratiques très peu recommandables. «Des candidats au départ font des déclarations de perte de passeport préalablement utilisé pour une Omra récente auprès des préfectures pour ne pas payer la taxe. C’est la raison pour laquelle les préfectures ont arrêté de délivrer momentanément ce type de passeports ‘‘douteux’’ jusqu’à la fin de l’Omra de Ramadan, voire après le pèlerinage», explique M. Morsi.
Les agences de voyages se disent démunies face à cette situation. Ils s’attendent même à ce que cette taxe, instaurée au niveau mondial, devienne pérenne. Les autorités saoudiennes vont, elles, compenser la baisse des arrivées par les différentes taxes instaurées (visas, hôtels et communes). Si la demande pour la Omra diminue, il n’en est pas de même pour le Haj. La Mecque accueille chaque année 2 millions de pèlerins, pendant la saison. Le Hajj n’est pas assujetti à la taxe de 5 000 DH, mais à des quotas. Le Maroc envoie au Hajj 30000 pèlerins chaque année.
