Affaires
Offre hôtelière limitée et tourisme de court séjour à Tanger et sa région
La durée moyenne de séjour s’est limitée à 2 jours en 2011. Seulement 7 000 lits classés, soit à peine 4% de la capacité totale du Maroc. Une trentaine d’établissements sont en construction mais pour les remplir il faudra une communication mieux pensée.

Après avoir été la destination phare du tourisme national dans les années soixante, Tanger et sa région souffrent beaucoup pour reconquérir leur notoriété d’antan, et ce, malgré des atouts naturels et culturels importants et un positionnement géographique idéal à proximité de l’Europe. Situation d’autant plus confortable que la ville est dotée d’un port et d’un aéroport de dimension internationale. Qui plus est, la région abrite 8% des ressources phare identifiées dans le cadre de la préparation de la Vision 2020. Il est sûr que cette partie du pays connaît un renouveau depuis une dizaine d’années, mais l’offre touristique demeure insuffisante et pas du tout à la hauteur des ambitions auxquelles elle pourrait aspirer. D’après les données fournies par la délégation régionale du tourisme, l’offre d’hébergement classée est de 7 000 lits, soit à peine 4% de la capacité totale du Maroc. C’est encore très peu en comparaison avec Marrakech, Agadir et Casablanca. Le nombre de lits hôteliers effectivement commercialisables est 7 fois inférieur à celui d’Agadir. Malgré les ouvertures de nouveaux établissements, la capacité augmente très peu en raison de la fermeture des vieilles unités ou leur déclassement. Les hôtels 3, 4 et 5* représentent près des trois quarts de l’offre et affichent un taux d’occupation de 53% en 2011, contre 48% tous établissements confondus.
A côté de l’hébergement, l’offre touristique reste insuffisante et se réduit à quelques circuits proposés par les agences de voyages et certains tour-opérateurs étrangers qui incluent Tanger dans deux circuits seulement en raison de son éloignement des villes impériales.
Le nombre de touristes espagnols en nette baisse
Autrement, les packages commercialisés sur Tanger se ressemblent et se résument en un billet d’avion ou de bateau, une chambre d’hôtel et une petite excursion vers Chaouen, Tétouan ou Asilah.
Résultat : la ville n’a accueilli en 2011 que 400 000 touristes qui ont généré 818 000 nuitées dans les hôtels, soit une durée de séjour moyenne de 2 jours. Ce sont à peu près les mêmes réalisations qu’en 2010. La destination se contente ainsi d’un tourisme de court séjour qui ne répond pas à ses ambitions. Les Espagnols restent les plus attachés à la ville, même si leur nombre est en diminution. En 2011, ils étaient 56 700 touristes à séjourner à Tanger et sa région. Leur nombre est en baisse de 18% et les nuitées de 13%, à 124 590. Les Français arrivent en seconde position, totalisant 94 000 nuitées pour 37 500 arrivées, soit des hausses respectives de 8% et de 1%. La durée de séjour moyenne évolue de deux à trois jours. Ils sont suivis des pays arabes avec 21 000 nuitées pour 8 250 arrivées.
En plus de cela, Tanger a reçu plus de 100 000 croisiéristes. Mais il s’agit là de flux de touristes en escale qui passent dans la ville moins d’une demi-journée. Il faut dire que peu de choses sont entreprises pour les retenir : la restauration de qualité reste très limitée (sur les 70 restaurants recensés, 33 seulement sont classés) et près de la moitié de cette offre est assurée par les hôtels. De même, sur les 45 agences et succursales de voyages existantes, seulement le tiers a une activité de réceptif.
Au vu des potentialités de la ville et de sa région et des investissements touristiques, en infrastructures et industriels des dernières années, la région doit susciter plus d’intérêt au niveau de la promotion dans les marchés émetteurs. Les responsables du Conseil régional du tourisme (CRT) de la ville répètent à l’envi que leurs ressources insuffisantes les empêchent de mener des actions dans ce sens. Dès lors, ils disent ne pas avoir de visibilité réelle quant à l’avenir du secteur.
La reprise en main au niveau de la communication est d’autant plus urgente que de nombreux projets touristiques sont en cours de réalisation et qui vont tripler la capacité d’hébergement de la région dans les années qui viennent. On dénombre en effet plus d’une trentaine d’établissements hôteliers en construction, totalisant une capacité additionnelle de 15 119 lits. Parmi ces projets, 13 hôtels sont des 5* et une quinzaine des 4*. Incontestablement, le standing de l’hébergement de la ville et sa région sera plus élevé.
Ce repositionnement s’accompagne d’une mise à niveau urbanistique de la ville, de l’ouverture du nouveau port de Tanger et de la reconversion de l’ancien en port de plaisance. Reste à ce que Tanger s’équipe aussi pour développer son tourisme d’affaires, un créneau qui est en constante progression.
